Page d'histoire : Bichat, Recherches physiologiques sur la vie et la mort 1800

Xavier Bichat par Pierre-Maximilien Delafontaine, 1799

Marie François Xavier Bichat est la figure la plus héroïque de celles qui marquèrent la révolution de la médecine à la fin du XVIIIe et au début du XIXe siècle, à Paris. Au moment de son décès, à trente et un ans (1802), Corvisart écrivit à Napoléon : "Personne en si peu de temps n'a fait tant de choses et si bien". Élève du chirurgien Pierre Joseph Desault, dont il publia les Œuvres en 1799, Bichat fut l'auteur d'ouvrages au retentissement considérable : le Traité des membranes (1800), les Recherches physiologiques sur la vie et la mort (1800), l'Anatomie générale (1801), le Traité d'anatomie descriptive (1801-1803). Il fut le rénovateur de l'anatomie pathologique, à laquelle la médecine clinique devait être corrélée pour comprendre la manière dont les modifications fonctionnelles résultent d'altérations tissulaires. En pratiquant à grande échelle l'autopsie, ainsi que l'expérimentation physiologique, Bichat mit en lumière le rôle des tissus comme unités anatomiques fondamentales pour l'explication des propriétés physiologiques et des modifications pathologiques de l'organisme.

Ses Recherches physiologiques sur la vie et la mort sont un classique de la physiologie, par la distinction de la vie organique (végétative) et de la vie animale (de relation), ainsi que par les saisissantes descriptions de la manière dont la mort se propage entre les principaux organes, cœur, cerveau, poumons. Les Recherches physiologiques sont aussi un classique de la philosophie biologique, par l'aphorisme souvent cité sur lequel elles débutent : "La vie est l'ensemble des fonctions qui résistent à la mort". Cette définition d'esprit vitaliste, opposant la force vitale aux forces actives dans le monde inorganique, fut rappelée et discutée tout au long du XIXe siècle, d'Auguste Comte à Claude Bernard. On en trouve plus récemment des échos dans la philosophie de la médecine, à travers l'œuvre de Georges Canguilhem.

Claude Debru
directeur de recherche au CNRS
professeur aux universités de Strasbourg et Paris VII

Source: Commemorations Collection 2000

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