Page d'histoire : Deuxième expédition polaire de Jean-Baptiste Charcot 15 août 1908 - 4 juin 1910

Jean-Baptiste Charcot terminait le récit de sa première expédition polaire de 1904 en s’interrogeant sur « l’étrange attirance pour ces régions polaires, si puissante, si tenace, qu’après en être revenu, on oublie toutes les fatigues physiques et morales pour ne songer qu’à retourner vers elles ». C’est bien un profond amour qui le lie à l’Antarctique, au-delà des succès scientifiques, souvenirs sans doute des émotions de ces grandioses paysages, mais aussi de la souffrance, de la lutte et de la solidarité de son équipage.

Le leitmotiv de Charcot est : « faire oeuvre utile ». Où pouvait-il mieux l’exercer que dans ce territoire alors totalement inconnu, dont il pressent, avec d’autres savants, que son étude donnerait des clés universelles à la connaissance ?

Si de sa première expédition il a rapporté 75 caisses d’échantillons et cartographié 1 000 km de côtes, c’est encore peu pour ce perfectionniste. C’est pour cette deuxième expédition d’envergure qu’il va faire construire le célèbre « Pourquoi pas ? » sur lequel il fera naufrage 30 ans plus tard.

Pendant 13 mois, Charcot et ses 29 hommes vont affronter l’isolement et la nuit polaire, au nom de la science. La méthode du commandant, c’est la confiance, la sollicitude et le sens de la responsabilité pour ses compagnons et il saura multiplier les occasions de fête et de bonne humeur. Mais c’est aussi le sens du devoir et la rigueur du scientifique, le travail, même quand la barbe gèle à faire des observations en pleine tempête de neige. C’est le courage pour aller là où aucune coque n’a navigué, sans aucun secours possible.

L’année 1908 va sacrer au plus haut niveau l’explorateur polaire et lui valoir son surnom de « gentleman des pôles ».

Lorsqu’il voyage, aujourd’hui, en péninsule Antarctique, les sonorités françaises de ces lieux du bout du monde rendent le voyageur pensif et admiratif.

Isabelle Autissier
ingénieur agronome, navigatrice autour du monde en solitaire

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Source: Commemorations Collection 2008

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