Page d'histoire : Albert Samain Lille, 3 avril 1858 - Magny-les-Hameaux, 18 août 1900

Rien de plus simple que la vie d’Albert Samain qui déclara : « Ma vie n’a pas d’histoire et ne comporte pas d’éléments dont se puisse alimenter le côté anecdotes d’une biographie ». Sa poésie intimiste paraît également sans mystère. L’oeuvre peu abondante et la vie si brève de ce poète sont pourtant d’une richesse attachante.

Albert Samain naquit le 3 avril 1858 à Lille. Il interrompit ses études quand son père mourut subitement. Pour subvenir aux besoins de sa famille, il fut à quatorze ans employé dans une entreprise qui, en 1880, l’envoya travailler pour elle à Paris.

Par souci de sécurité, en 1883, il devint expéditionnaire à la préfecture  de la Seine. Son bureau, aux Tuileries, donnait sur un parterre qu’on appelait « le Jardin de l’Infante » – un beau nom pour faire rêver un modeste fonctionnaire qui commençait à écrire des poèmes et à fréquenter des cercles artistiques. En 1889, il participa à la création du Mercure de France, avec Alfred Vallette, Jules Renard, etc. Il y publia ses poèmes en 1893 : Au Jardin de l’Infante ne fut tiré qu’à 335 exemplaires. Mais un élogieux article de François Coppée dans Le Journal du 15 mars 1894 attira l’attention sur ce « poète d’automne et de crépuscule ».

L’ouvrage, complété par L’Urne penchée, reçut un prix de l’Académie française. Un deuxième recueil, Aux flancs du vase, regroupait vingt-cinq idylles d’une inspiration à la fois antique et familière. Poète désormais reconnu, Samain restait un modeste fonctionnaire – et un malade chronique. Il mourut de la tuberculose le 18 août 1900, à Magny-les-Hameaux.

Il laissait des poèmes qui furent publiés en 1901 (Le Chariot d’or et Symphonie héroïque), et un drame lyrique en vers, Polyphème, histoire d’un bon géant qui aime une femme qui ne l’aime pas. C’était le drame intime d’Albert Samain, amoureux malheureux d’une jeune veuve rencontrée en 1890, pour laquelle il avait écrit les Poèmes pour la grande amie.

Cette blessure, restée secrète, c’est la part romantique de son oeuvre, celle qui l’apparente à Musset et à Baudelaire. Son charme vient d’une synthèse originale, puisqu’elle appartient encore au Parnasse par son exactitude prosodique, mais aussi au Symbolisme par sa musicalité vaporeuse, par la place éminente faite à la sensation, par sa mélancolie, par ses paysages à la Watteau et ses nocturnes à la Verlaine.

Jacques Charpentreau
président de la Maison de Poésie

Source: Commemorations Collection 2008

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