Page d'histoire : Hervé Bazin Angers, 17 avril 1911 - Angers, 17 février 1996

Hervé Bazin aura marqué la littérature du XXe siècle à deux titres : par son roman Vipère au poing paru en 1948 et devenu un classique, puis par son action pendant vingt ans à la présidence de l’académie Goncourt dont il a conforté le rayonnement du Prix.

Hervé Bazin est né à Angers le 17 avril 1911. En 1948, il fait une irruption fracassante sur la scène littéraire avec la sortie de Vipère au poing. Le roman est encensé par une partie de la critique mais l’image qu’il donne de sa mère fait scandale. Néanmoins, ce livre va figurer durablement aux programmes des classes de français et marquer des générations de collégiens tant est inacceptable la haine d’une mère envers ses enfants. Folcoche, l’héroïne du roman, est devenue un authentique personnage littéraire. Elle trouvera un visage inoubliable en 1970 sous les traits d’Alice Sapritch.

Hervé Bazin va dès lors enchaîner les romans où il décrit de multiples facettes de la vie des familles bourgeoises en mettant en scène des tempéraments monstrueux : La tête contre les murs, histoire sur la destruction de la personnalité d’un jeune durant un long séjour en psychiatrie, La Mort du petit cheval où Hervé Bazin poursuit le récit de Vipère au poing, Lève-toi et marche, expérience tragique d’une femme handicapée, L’huile sur le feu sur un père qui est aussi un pompier pyromane, Qui j’ose aimer où une mère divorcée décide de se remarier.

Au nom du fils marque un tournant dans son œuvre puisque c’est le premier livre dans lequel l’auteur cesse de se venger de son passé. Désormais, il oriente son regard vers le présent et selon sa propre formule : « Après la période du cri vient la période du tri ». Ce sillon nouveau, qui lui vaudra le qualificatif de « romancier de la famille », donnera Le Matrimoine, Cri de la chouette, Madame Ex, L’école des pères, Le démon de minuit, en tout seize romans toujours plébiscités par un large public, où il raconte l’évolution des mœurs bourgeoises au long du XXe siècle.

Hervé Bazin se renouvelle aussi en s’inspirant de thèmes liés à l’actualité : Les bienheureux de la désolation, où un peuple déplacé d’une île du sud de l’Atlantique ne s’acclimate pas sur le sol anglais, L’église verte, ode à la nature qui pose une réflexion originale sur le besoin d’un nom pour vivre en société, Un feu dévore un autre feu, histoire ayant pour cadre une révolution en Amérique du Sud, Le neuvième jour, fable sur les dangers possibles de la recherche et les risques de la génétique.

En 1973, Hervé Bazin devient, par le choix de ses pairs, président de l’académie Goncourt. Dans cette fonction, il réoriente les missions de l’institution et, en un quart de siècle, prend une nouvelle place dans le paysage culturel français.

Il prend des initiatives pour dynamiser l’académie Goncourt, notamment la création de plusieurs bourses. Hervé Bazin défend vigoureusement l’autorité du prix Goncourt menacé par la création de nouveaux prix organisés par de grands médias et les trop fortes influences des grandes maisons d’édition.

Hervé Bazin décède le 17 février 1996 à Angers.

Philippe et Catherine Nédélec
biographes d’Hervé Bazin

Source: Commemorations Collection 2011

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