Chambre des bâtiments
La juridiction de la Chambre des bâtiments remonte sans doute à la fin du XIIIe siècle, quand furent rédigés les premiers statuts des communautés de métiers et, au sein de celles-ci, de la communauté des maîtres maçons de Paris. Le maître maçon du roi exerçait alors les fonctions de magistrat de la juridiction de sa communauté. Sa compétence s’appliqua d’abord aux seuls métiers de la maçonnerie puis, au XIVe siècle, à ceux de la charpenterie. De simple tribunal corporatif placé sous l’autorité du prévôt de Paris, la Chambre des bâtiments devint par les lettres patentes du 3 avril 1574 une juridiction royale à part entière, dont le premier juge fut Simon Alix, maître général des œuvres de maçonnerie nommé par le roi. Les pouvoirs du maître général (Guillaume Marchand sous Henri IV) furent renforcés par les lettres patentes du 17 mai 1595 et du 16 mai 1598 promulguées sous l’impulsion royale à la faveur des grands chantiers d’urbanisme développés dans la capitale. La charge fut triplée en 1645 ; ses titulaires, de 1638 à 1695, furent des membres de la famille Villedo, par ailleurs grands entrepreneurs parisiens.
La Chambre des bâtiments connaissait de toutes les causes relatives à la construction dans le ressort de la ville, des faubourgs et de la banlieue de Paris. Ses compétences se limitaient cependant à la police et à la discipline des métiers du bâtiment, et aux contentieux civils relatifs aux seuls bâtiments « en cours de construction », alors que ceux portant sur les édifices achevés (notamment les périls imminents) relevaient toujours de la juridiction du Châtelet. , la juridiction du maître général des bâtiments s’exerçait sur les maçons, plâtriers, charpentiers, carriers, entrepreneurs, marbriers, serruriers et jardiniers. A partir du règne de Henri IV, les appels des jugements de la Chambre des bâtiments furent portés au Parlement.ratione materiaeRatione personae
L’auditoire de la Chambre des bâtiments était situé à l’entrée du Palais « sous la porte du trésor » jusqu’à l’incendie de 1618 à la suite duquel il fut déplacé dans des locaux situés entre la salle des Merciers et la salle Dauphine. Il s’y tenait en moyenne deux audiences hebdomadaires.
Greffiers des bâtiments
Pour ses fonctions de justice et de police, le Maître général des œuvres de maçonnerie était assisté par vingt-quatre jurés maçons et charpentiers érigés en titre d’office à partir de 1574. Les jurés étaient désignés par commission du Maître général pour effectuer des visites de police, de prisées d’ouvrages et d’estimations de bâtiments et en dresser procès-verbal dans le ressort de la Chambre des bâtiments, voire jusqu’aux confins de la Prévôté et vicomté de Paris. Ils pouvaient être missionnés pour certaines affaires dans de lointaines provinces. Ces expertises, le plus souvent effectuées par une équipe de deux jurés, pouvaient être motivées par une simple demande à l’amiable des parties ou être ordonnées en vertu d’un jugement. Aussi leur nombre ne cessa-t-il de croître. En conséquence, le nombre des jurés fut porté à cinquante-deux par l’arrêt du Conseil du 26 février 1639.
Les procès-verbaux d’expertises étaient reçus par un greffier des bâtiments ou « clerc de l’Écritoire », dont la création remonte à l’édit d’octobre 1557 enregistré au Parlement de Paris le 7 mars suivant. Cet office royal, primitivement unique, passa bientôt au nombre de cinq en 1639 et de seize en 1674. Les greffiers des bâtiments avaient la charge de conserver les minutes des procès-verbaux d’expertises et d’en délivrer des expéditions. Ils en tenaient également des répertoires chronologiques, à l’instar des notaires.