Inventaire d'archives : Fonds de Maigret (1440-1939)

Contenu :

Les archives de la famille de Maigret constituent un bel exemple d'un fonds d'une famille aristocratique, à cheval sur l'Ancien régime et le XIXe siècle. Elles sont constituées des éléments traditionnels qui caractérisent généralement de tels ensembles : outres les pièces généalogiques ou « diplômes » (649AP/2-4) suivis des papiers des différents membres de la famille (649AP/5-6), on y trouve tous les documents consacrés à la gestion des biens immobiliers (contrats de vente, baux, pièces de procédures judiciaires) (649AP/7-10). Les archives des branches alliées (649AP/12-16), pièces entrées dans le fonds par le jeu des alliances matrimoniales successives (voir sur ce point l'arbre généalogique joint), se composent exactement de la même façon. Quelques pièces ont été rejetées en fin de classement : papiers en flamand ou sans rapport avec le fonds (649AP/17).
L'originalité de l'ensemble tient à l'importance des preuves de noblesse, les Maigret ayant - on l'a vu - mis beaucoup de soin (ou de difficultés ?) à attester de leurs droits et privilèges. Les plus belles pièces du fonds y sont consacrées, qu'il s'agisse des lettres patentes impériales avec sceaux (1687 et 1756) (649AP/3) ou du registre fourni par Alexandre de Maigret au chapitre de Gigny (à partir de 1698) (649AP/4). On retrouve ce besoin de rappeler constamment ses titres et ses origines dans les papiers des familles alliées aux Maigret : l'entrée récente de la Lorraine dans le royaume de France en serait-elle alors la cause ? Pour preuve ces nombreux « vidimus » sur les titres de noblesses réalisés par la famille de Hault-de-Sancy.
Au-delà des papiers régissant le fonctionnement traditionnel d'une famille aristocratique, le fonds renferme quelques éléments plus singuliers. On citera par exemple le plan au sol (XVIIIe siècle) du rez-de-chaussée du château de Malavillers, dont il ne reste aujourd'hui plus rien en dehors du portail d'entrée (le château a été détruit lors de la première guerre mondiale). Dans un tout autre registre, la correspondance professionnelle (1847-1870) de Joseph-Gustave de Maigret en tant que sous-intendant militaire en charge de l'hôpital de Nancy recèle une mine d'informations sur ses contacts avec l'ordre de Saint-Jean-de-Dieu ou avec sa hiérarchie.

Cote :

649AP/1-649AP/17

Publication :

Archives nationales
2013
Pierrefitte-sur-Seine

Informations sur le producteur :

Maigret (famille de)
Famille de Hault de Sancy
Famille Adam
Famille Heydercheit
Famille Thomassin
Famille d'Hesbert
Originaire de Bourgogne où elle possède la seigneurie de Chavannes (dans l'actuelle commune de Dommartin- lès-Cuiseaux, Saône-et-Loire), la maison de Maigret voit l'un de ses rameaux s'implanter dans les Pays-Bas espagnols, où elle jouit depuis 1587 du titre de comte du Saint-Empire. À partir de Jean V, comte de Maigret et de Néau [Eupen], baron de Stockem, seigneur de Raveleen, haut drossard du ban de Baelen et grand forestier du duché de Limbourg, décédé en 1678, elle se scinde à nouveau en plusieurs branches dont une Lorraine : celle-là même qui a produit l'essentiel du fonds d'archives décrit dans cet inventaire.
Famille de Maigret (branche lorraine)
Le petit-fils de Jean V, Jean-François de Maigret (1672-1721), est de fait le premier des membres de la famille à revenir s'installer en territoire français : il se fixe sur des terres laissées en dot à sa mère à Cattenom (Moselle). La localité était française depuis 1643 et la conquête de Thionville par Condé : les Maigret issus de cette branche choisiront définitivement la nationalité française en 1766 avec le rattachement de la Lorraine à la France sous Louis XV. Jean-François était en outre lieutenant particulier au bailliage de Thionville et seigneur de Raveleen et de Ham (Belgique), terres achetées par son grand-père Jean V.
Les deux générations qui succèdent à Jean-François de Maigret ont probablement été les moteurs définitifs de l'implantation de la famille en Lorraine par leurs alliances matrimoniales. Son fils Charles (1702-1765), s'il vend en 1721 la seigneurie de Raveleen, fait rentrer une partie du fief de Malavillers (Meurthe-et-Moselle) entre les mains de la famille en épousant en 1726 Marie-Françoise de Hault-de-Sancy dame de Malavillers. Leur propre fils (1737-1807), par son alliance avec Anne-Thérèse-Scholastique Adam permettra quelques années plus tard aux Maigret de revendiquer une partie des héritages des Adam-de-Sainte-Marie, à savoir les terres de Sainte-Marie-aux-Chênes (Moselle) et de Briey (Meurthe-et-Moselle). En 1789, Jacques-Jean-François était inscrit sur les listes de la noblesse du bailliage d'Etain (Meuse). Jacques-Jean-François de Maigret
La période révolutionnaire entraîne les Maigret dans son tourbillon : le fils de Jacques-Jean-François,   (1771-1860) décide d'émigrer. Il participe en 1795 à l'expédition de Quiberon (tentative de débarquement des armées émigrées pour soutenir la chouannerie) : échappant de peu aux républicains, il intègre alors l'armée du prince de Condé. Il ne reviendra en France qu'en 1815 sous la Restauration, terminant sa carrière militaire avec le grade de lieutenant-colonel d'artillerie et s'établit à la fin de sa vie au château de Malavillers. Ses enfants poursuivent des carrières diverses, l'un dans les eaux et forêts ( ), les deux autres dans l'armée : , comme capitaine de la garde impériale, et (1810-1891). C'est avec ce dernier que se clôt pour l'essentiel le fonds : revenu affaibli de la campagne de Crimée (il avait été atteint du choléra), il sacrifie son avancement en préférant rester à Nancy. Il y achève sa carrière en tant que sous-intendant chargé de l'hôpital militaire. Officier de la légion d'honneur et confirmé dans son titre de comte par un décret de Napoléon III du 10 août 1861, il s'était fixé au château d'Hermonville (Marne), propriété lui venant de sa femme. Joseph-Marie-François de MaigretIgnace-François-XavierJoseph-FélixJoseph-Gustave
Même si les archives des Maigret s'arrêtent avec Joseph-Gustave, la famille est loin de s'éteindre à cette époque, comme en témoignent les quelques extraits d'actes civils contenus en 649AP/2 (seuls documents du XXe siècle conservés au sein du fonds). Elle a encore aujourd'hui de nombreux descendants (on se reportera pour plus de clarté à l'arbre généalogique présent en annexe de cet inventaire).
Terres et familles alliées
La branche lorraine des Maigret se distingue probablement par son absence manifeste d'ancrage territorial véritablement stable, chaque génération ou presque s'installant dans une nouvelle localité, sans dépasser toutefois les limites du duché de Lorraine : Cattenom, Etain, Malavillers (actuels départements de Moselle et de Meurthe-et-Moselle). Les alliances matrimoniales expliquent pour une grande part ces mouvements : elles ont aussi permis, de façon plus accessoire, d'enrichir de nouveaux papiers le fonds de Maigret.
Si les Heydercheit (ancêtres d'Anne de Altkirchen, épouse de Jean IV de Maigret) et les Thomassin (Félicité-Bonaventure de Thomassin épouse en 1700 Jean-François de Maigret) ont laissé peu de traces de leur activité au sein du fonds, ce n'est pas le cas des familles Hault-de-Sancy et Adam. Le mariage de Marie-Françoise de Hault-de-Sancy avec Charles de Maigret en 1726 apporte on l'a vu, la seigneurie de Malavillers ; les Hault-de-Sancy (originaires du fief du même nom en Meurthe-et-Moselle) étaient également barons de Noelchamps (dépendance de Malavillers, dans le même département). On trouvera alternativement au fil des documents les différentes orthographes « Hault-de-Sancy », « Sancy-de-Hault », « Hault-de-Malavillers » ou tout simplement « Hault » ou « Haut ». Par alliance, la famille d'Hesbert (Jean-Jacques-Alexandre d'Hesbert épouse Marie-Agnès de Hault-de-Sancy en 1767) est abordée très succinctement au sein du fonds à travers quelques pièces de procédure.
Les archives des Adam sont sans doute plus complètes encore, apportées par Anne-Thérèse-Scholastique Adam (épouse de Jean-François de Maigret à partir de 1768) : elles concernent - pour ce qui est des papiers personnels - plus de cinq générations de Adam du XVIIe siècle au début du XIXe. Marquée sous l'Ancien Régime par un besoin constant de rétablir ses droits et titres, comme en attestent de nombreux établis à cette époque, la maison noble de Adam sera ensuite touchée de plein fouet par la Révolution. ayant émigré, une partie des biens de la famille est mise sous séquestre et vendue : à son retour en France après les lois d'amnistie, les contestations d'héritage et revendications entre les Adam eux-mêmes témoignent assez bien des vicissitudes de la noblesse dans cette période trouble. Le fonds renferme également les papiers du curé , curé de Louppy-le-Château (Meuse) sous la Révolution : ayant refusé de prêter serment à la République, il est lui aussi touché par le séquestre de ses biens avant d'être rétabli dans ses fonctions une fois le Concordat instauré par Napoléon ; il jouira d'une retraite paisible. vidimusJoseph-Marie-Félix AdamIgnace-François-Xavier Adam
On notera que l'originalité de la branche lorraine des Maigret tient sans doute dans les difficultés qu'elle a eu à se voir reconnaître ses états de noblesse, notamment face aux Maigret restés en Flandre. Bien que branche aînée de la famille, issue du premier mariage de Jean V de Maigret, elle se voit en effet concurrencée par les descendants de la seconde épouse de celui-ci (Antoinette de Vaernevick) qui se fixent à Virtin (Belgique). C'est notamment le cas de François-Guillaume de Maigret, qui par sa carrière militaire fulgurante et exceptionnelle au service de l'Empereur - il devient général major des armées impériales, gouverneur de plusieurs places fortes et participe à la prise de Buda et Pest contre les Turcs en 1687 - obtient également par lettres patentes impériales le titre de comte et semble avoir fait ombrage aux Maigret de Lorraine. Cette branche flamande s'éteint en 1793 avec la mort de Louis-Ernest de Maigret (sa veuve confie les papiers des Maigret restés en sa possession à Joseph-Marie-François de Maigret, de la branche lorraine). C'est probablement cette opposition entre les deux lignées qui explique le nombre et la qualité des preuves de noblesse au sein du fonds d'archives.
Consulter les documents annexes ci-joint

Informations sur l'acquisition :

Don de l'indivision Maigret, 2005.
Historique de conservation :
Le fonds de Maigret reste jusqu'au début du XXIe siècle entre les mains de la famille de Maigret elle-même : au gré des successions et de divers arrangements familiaux, il est transporté dans les différents lieux de résidence de ses membres (notamment au château de Malavillers au XIXe siècle). En 1875, suite au décès d'Ignace-François-Xavier de Maigret, la justice intervient pour partager les papiers Maigret entre son frère le comte Joseph-Gustave et ses autres héritiers. Pour cette raison ou du fait d'autres circonstances, il semble que des pièces aient disparu par rapport aux inventaires établis au XIXe siècle.
Le fonds a été déposé de façon provisoire aux Archives nationales dans les années 1960 et a alors fait l'objet d'un premier instrument de recherche par Chantal de Tourtier-Bonazzi ; ses sceaux ont également été moulés à cette époque. Revenu au sein de la famille, la totalité du fonds a finalement été donnée aux Archives nationales en 2005 par l'indivision Maigret, constituée des dix cousins ayant-droits de la famille.

Description :

Critères de sélection :
Il n'a été procédé à aucune élimination au sein du fonds.
Mise en forme :
Le plan de classement adopté en 1959 par Chantal de Tourtier Bonazzi n'a pas été modifié : les pièces généalogiques relatives à la famille de Maigret occupent une première partie, les archives des différents membres étant ensuite décrites génération après génération. Viennent après les papiers des terres et des familles alliées (essentiellement les Hault-de-Sancy et les Adam). Le fonds se termine par quelques pièces sans rapport direct avec l'ensemble ou en langue flamande.
Une partie importante des descriptions de l'inventaire de madame Tourtier-Bonazzi a en revanche été retravaillée ou reprécisée. Les papiers de Joseph-Gustave de Maigret, des terres et des familles alliées, qui avaient manifestement fait l'objet d'un travail beaucoup plus succinct tant du point de vue intellectuel que matériel, ont pour leur part été entièrement reclassés et réinventoriés, en s'inspirant du mode de classement déjà adopté pour la branche principale de la famille de Maigret. Au sein des différents dossiers, les pièces sont systématiquement organisées et décrites suivant un ordre chronologique des plus classiques.

Conditions d'accès :

Librement communicable sous réserve du règlement de la salle de lecture.

Conditions d'utilisation :

Reproduction selon le règlement de la salle de lecture.

Description physique :

Importance matérielle :
14 cartons (649 AP 1-17), 1.70 mètres linéaires.

Ressources complémentaires :

Archives nationales (service des sceaux)
SC/S5395, SC/S3596 et SC/S3597. Moulages des trois sceaux conservés sous la cote 649AP/3.
Archives nationales
LH/1691/72, 73 et 75. Dossiers d'acquisition de la légion d'honneur par Joseph-Marie-François, Joseph-Gustave et Marie-Edgard comtes de Maigret (XIXe siècle).
Archives départementales de la Moselle
3 E 7921/29. Contrat de mariage entre Jean-François Remacle de Maigret et Anne-Marguerite-Appolonia de la Fourière dite d'Altkirchen (1666).
Autriche - Archives nationales
Minute (« Konzept ») d'acte d'anoblissement conservé à la chancellerie impériale « Österreichisches Staatsarchiv, Allgemeines Verwaltungsarchiv, Adelsakt Maigret und Neau, Baron de Stochem, Grafen von, Erbmarschalle von Limburg, kais. General, Wappenvermehrung, 6.XII.1681. »

Références bibliographiques :

Bibliographie
Outre les informations contenues dans le fonds de Maigret et la notice généalogique dressée par Jean-Louis-Alexis de Maigret (649AP/2), on consultera très utilement les notices détaillées présentes dans ces deux ouvrages :
  • Borel d'Hauterive et Albert Révérend, , Dentu, 1892, volume 48, pp. 183-186. Annuaire de la noblesse de France et des maisons souveraines de l'Europe
  • Jean Cayon, , Cayon-Liébault, Nancy, 1862, pp. 47-48. Maison de Lignières
Les informations contenues dans cette présentation générale du fonds ainsi que dans l'arbre généalogique joint sont exclusivement issues de ces sources.

Localisation physique :

Pierrefitte-sur-Seine

Organisme responsable de l'accès intellectuel :

Archives nationales

Identifiant de l'inventaire d'archives :

FRAN_IR_050176

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