Inventaire d'archives : Agriculture ; Direction forêts (1824-1967)

Contenu :

INTRODUCTION
Les archives inventoriées ci-après proviennent de l'ancien bureau du personnel de la direction générale des eaux et forêts. Elles ont été prises en charge au début du mois d'avril 1990, dans les locaux du ministère de l'Agriculture situés au 1 ter de l'avenue de Lowendal, Paris 7e.
I. . Histoire de l'Ecole nationale des Eaux et Forêts
L'origine de l'Administration des eaux et forêts remonte au Moyen Age, avec la création des premiers maîtres des eaux et forêts.
A la Révolution, l'organisation mise en place à l'époque de l'ordonnance forestière de 1669 est supprimée, par un décret du 7 septembre 1790, qui prévoit la formation incessante d'un nouveau corps. Un décret d'août-septembre 1791 définit une nouvelle organisation, qui n'est pas mise en place, mais qui marque une étape importante entre l'ordonnance de 1669 et la législation actuelle, en esquissant le rôle des conservations et des administrateurs.
Ce n'est que par la loi du 16 nivôse an IX (6 janvier 1801) que ce décret de 1791 est enfin partiellement appliqué, portant création d'un corps comprenant cinq administrateurs des eaux et forêts, ayant sous leurs ordres trente conservateurs, cinq cents inspecteurs et sous-inspecteurs, cinq cents gardes principaux et huit mille gardes particuliers. Peu après sont fixées le nombre et l'étendue des circonscriptions des conservations, on nomme des inspecteurs généraux et un conseiller d'Etat chargé des forêts.
Des difficultés financières dues aux désastres des années 1814-1815 provoquent la déconfiture de ce service pendant les premiers temps de la Restauration. De plus, on se rend compte de la nécessité de former des agents qualifiés, avec des connaissances sérieuses pour occuper les postes de ce corps, jusqu'alors rarement dévolus en fonction du mérite et des capacités, faute d'enseignement spécialisé. D'ailleurs, la création de cet enseignement s'inscrit dans une période de renouveau de l'administration forestière, qui voit, avec la création de l'Ecole de Nancy en 1824, la publication d'un code forestier en 1827.
Baudrillart, chef de division à l'Administration générale des Eaux et Forêts, est le créateur de cet enseignement forestier spécialisé, inspiré des initiatives nées en Allemagne, pays très avancé en matière d'enseignement forestier, et notamment de l'Ecole forestière de Tharandt. Son plan prévoit une école de haut niveau pour les cadres, et ultérieurement deux ou plusieurs écoles pour les gardes.
L'ordonnance royale du 26 août 1824, organisant la Direction générale des Eaux et Forêts, crée une école où seront enseignés les sciences naturelles, l'économie forestière, les mathématiques et la jurisprudence forestière, ainsi que des cours pratiques. L'ordonnance du 1er décembre 1824 fixe son siège a Nancy, ce qui s'explique d'une part par l'abondance des forêts dans l'est de la France et d'autre part par la proximité de l'Allemagne, génératrice des premières théories d'enseignement forestier, et prévoit son ouverture pour le 1er janvier 1825. Son premier directeur est Bernard Lorentz, ancien secrétaire de l'Inspection générale des forêts du département du Mont-Tonnerre. Il est, de même que ses deux successeurs immédiats, alsacien et formé en Allemagne. Tous les trois ont contribué à introduire en France les théories allemandes recommandant la conversion des forêts en futaies, produisant plus de bois d'oeuvre et moins de bois de feu, théories qui sont enseignées aux élèves de l'Ecole de Nancy, assurant la formation d'une nouvelle génération de forestiers.
Cette école a d'ailleurs joué un grand rôle dans le développement des sciences forestières et la propagation de théories nouvelles, telles que celle exposée ci-dessus. De ce fait elle a acquis à ce titre, supplantant les écoles allemandes, une réputation mondiale, comme le prouve l'affluence des élèves étrangers . Elle a en effet formé plus de mille étrangers de 1825 à 1965, essentiellement des ressortissants britanniques au début, puis des élèves de toutes nationalités et de toutes langues (et pas seulement issus des colonies françaises).
Le versement d'archives que nous avons traité est à ce titre très représentatif, puisque l'on conserve de nombreux dossiers relatifs à l'accueil de ces auditeurs libres étrangers.
Les élèves sont recrutés par concours direct jusqu'en 1889. Par la suite, le recrutement se fait parmi les élèves de Polytechnique, les élèves de l'Institut national agronomique et, pour une moindre part, parmi les ingénieurs des travaux des Eaux et Forêts issus de l'Ecole des Barres. Portant le titre "d'ingénieurs-élèves", ils sont dotés d'un uniforme inspiré des grands corps de l'Etat et rappelant le caractère militaire de l'enseignement donné à l'Ecole, qui forme des "officiers forestiers" appelés à devenir gardes généraux et inspecteurs, en France métropolitaine ou dans les colonies, notamment au Maghreb.
Dès 1860, s'affirme la nécessité de créer les écoles secondaires envisagées dans le plan de Baudrillart. En effet, la masse des travaux augmente, et la carence en personnel technique devient évidente, du fait même de l'augmentation du nombre des agents supérieurs.
Le 1er juin 1863, quatre centres d'enseignement secondaire sont créés, à Bourg, Epinal, Toulouse et Villers-Cotterêts, qui fonctionnent de façon peu satisfaisante, et en 1873, une école primaire de sylviculture au domaine des Barres, pour les fils de préposés. En 1882, Adolphe Lorentz, nommé Directeur des Forêts, dont l'administration vient d'être transférée du ministère des Finances à celui de l'Agriculture, décide de ne conserver que le centre de Villers-Cotterêts, et fait créer une école secondaire dans le domaine des Barres, situé à Nogent-sur-Vernisson dans le Loiret.
Ouverte en 1883, cette école recrute ses élèves parmi les préposés sortis de l'école primaire de sylviculture des Barres, et forme des auxiliaires, puis également des gardes généraux des Eaux et Forêts. A partir de 1961, les élèves peuvent être recrutés hors de l'administration forestière.
L'Ecole de Nancy est elle-même atteinte par le vent de réforme. La nécessité de posséder un corps de fonctionnaires capables d'appréhender l'ensemble des problèmes ruraux, conduit à fusionner l'Ecole nationale des Eaux et Forêts avec l'Ecole nationale du Génie rural, le 21 septembre 1965 : c'est l'ENGREF.
II. . Nature du versement
Depuis sa création en 1824, l'Ecole de Nancy ne connaît aucun déménagement important, aucune crise ou mutation brutales, à l'exception des deux guerres mondiales, jusqu'à la fusion de 1965. Les archives ne semblent donc pas avoir subi de destructions massives, malgré les mauvaises conditions de conservation signalées par M. Jean Le Pottier, conservateur à la mission des Archives au ministère de l'Agriculture, dans son rapport de visite des archives à l'ENEF en mars 1984. Cependant, c'est par le bureau du personnel de la Direction générale des Eaux et Forêts que ces archives ont été versées.
Bien que quelques dossiers de scolarité remontent à 1872, la plupart des archives couvrent la période 1914-1965, date de la fusion de l'ENEF et de l'Ecole du Génie rural. Ces vingt cartons cauchards comprenaient essentiellement des dossiers sériels, concernant l'admission des élèves ou leur scolarité, classés par ordre chronologique. Du fait de leur intérêt, peu de documents ont été éliminés (il s'agit dans ce cas essentiellement de doubles).
Ces archives ont été ordonnées comme suit :
1. les textes réglementaires ;
2. les dossiers d'admission et de scolarité pour l'ENEF ;
3. les dossiers de scolarité pour l'Ecole des Barres.
L'intérêt de ce type d'archives pour l'histoire de l'enseignement dans les grandes écoles françaises n'est plus à démontrer. Leur consultation permet de retracer l'évolution de tout ce qui touche la scolarité de l'ENEF pour une période de près de cent ans. Un certain nombre de dossiers permet d'appréhender l'organisation des études, à travers les textes réglementaires et leurs modifications, la nomination des professeurs, le déroulement des cours. Les dossiers de scolarité et d'admission dressent un large éventail du recrutement des élèves et de ses modalités, de la vie courante de ceux-ci à travers les classements, les examens , les problèmes d'intendance, les réjouissances ou les crises (à travers la commémoration des élèves morts pour la France, par exemple), toutes choses évoquées par ces documents. Il faut également noter l'importance du rayonnement international d'une école qui a contribué à former le personnel forestier de nombreux pays. De même, les documents concernant le service forestier colonial, effectué par les élèves de Nancy, sont intéressants et d'autant plus précieux qu'ils sont rares. Enfin, ce fonds permet d'étudier comment fut appliqué, avant la seconde guerre mondiale le statut particulier des élèves alsaciens-lorrains et juifs.
A ce propos, on peut consulter le chapitre VII de l'ouvrage de Charles Guyot, , qui traite de 'Examens, classements, sortie", p. 305-330. L'Enseignement forestier en France, l'Ecole de Nancy
Dans la mesure où beaucoup de dossiers renferment des renseignements confidentiels sur des particuliers, il convient de fixer à 60 ans leur délai de communicabilité.
Sommaire
Art 1-32 (40 DF) : Enseignement dans le domaine forestier, 1824-1967. Art 1-28 : École nationale des eaux et forêts : Organisation de l'école, études et scolarité, enseignement, 1824-1966. Art 29-32 : École secondaire des barres : Scolarité, 1934-1967

Cote :

19900311/1-19900311/32

Publication :

Archives nationales
1990

Informations sur le producteur :

France. Ministère de l'Agriculture. Direction générale des eaux et forêts (1909-1976)
France. Ministère de l'Agriculture. Direction des forêts (1882-1909)

Description :

Mise en forme :
Classement chronologique

Références bibliographiques :

ORIENTATION BIBLIOGRAPHIQUE
. a) Généralités
BADRE (Louis). - . Paris, 1983, 310 p. Histoire de la forêt française
CHAUSSIN (E.) et FENOT (P.). - . Paris, s.d. Bibliographie sur la forêt
DEVEZE (Michel). - . Que-sais-je ?, P.U.F.,., Paris, 1973. Histoire des forêts
, guide de recherche, groupe d'histoire des forêts françaises. Paris, CNRS, 1982, 193 p. Histoire des forêts françaises
. b) Législation
, collection Dalloz et Verge. Paris, 1ère édition 1827. Code forestier
MEYER (Francis). - . Paris, 1968, 299 p. Législation et politique forestières
. c) Administration forestière
BUTTOUD (G.). - . Nancy, ENGREF, 1981, 261 p. Les conservations des Eaux et Forêts sous la Troisième République (1870-1940) : matériaux biographiques pour une sociologie historique de la haute administration française
Histoire de l'administration française : Les Eaux et Forêts du XIIe au XXe siècle. Paris, CNRS, 1988, 767 p.
KALAORA (B.) et POUPARDIN (D.). - . Rungis, 1984, 189 p. Le corps forestier dans tous ses états, de la Restauration à la Belle époque
. Paris, L'Harmattan, 1989. Révolution d'espaces forestiers. Textes réunis par Denis Woronoff
. d) Enseignement forestier
Comité d'études sur la formation d'ingénieurs, . Paris, 1982, 50 p. Les formations d'ingénieurs dans l'industrie du bois. L'Ecole Supérieure du Bois
GUYOT (Charles). - . Nancy, 1898, 400 p. L'enseignement forestier en France. L'Ecole de Nancy
JOLAIN (R.), OUDIN (A.) et ROL (R.). - . Nancy, 1965, 11 p. L'Ecole nationale des Eaux et Forêts de Nancy et l'enseignement supérieur forestier en France
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RICHEFORT (Isabelle). - , dans , n°3. Rapport d'inspection générale des forêts relatif à l'Ecole des Barres en 1880Annales d'histoire des enseignements agricoles

Localisation physique :

Pierrefitte

Identifiant de l'inventaire d'archives :

FRAN_IR_007614

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