La cité expérimentale de Noisy-le-Sec
Les Archives des versements 19771078, 19771079 et 19771139 portent sur la construction de maisons à Noisy-le-Sec, dans le cadre des chantiers expérimentaux conduits par le bureau des chantiers d’expériences (CEX) au sein de la direction de la Construction du ministère de la Reconstruction et de l'Urbanisme (MRU). Ces archives techniques (plans, brochures, études techniques, marchés de construction...) apportent des informations sur les démarches entreprises par le MRU au sortir de la Seconde Guerre mondiale pour mettre au point des procédés de construction économes, à même de pallier le manque de matériaux et de main d’œuvre, afin de construire au plus vite les logements dont la France manque.
Le chantier expérimental de Noisy-le-Sec commence en 1945, alors que le ministère de la Reconstruction et de l'Urbanisme (MRU) vient d’être créé. Nœud ferroviaire, la commune a été la plus touchée d’ Île-de-France par les bombardements. A Noisy-le-Sec, le MRU décide d’édifier des maisons individuelles : il s’agit de tester la construction de modèles préfabriqués proposés par des entrepreneurs français ou acquis auprès de pays alliés. Les maisons devaient être montées sur place suivant des procédés rapides, novateurs et économes.
Le programme, qui s’inscrit dans la filiation des cités-jardins, cherche à inventer la maison de demain. Dédié à l’habitat individuel, le chantier de Noisy-le-Sec est en ce sens singulier. En effet, les chantiers d’expérience sont majoritairement consacrés à l’habitat collectif en raison,notamment, de la pénurie de logements.
Comparable au chantier de maisons de Northolt en Grande-Bretagne, dont l’expérience était connue des services du ministère, la cité a une dimension internationale forte. De nombreuses maisons étrangères (maisons suisses, suédoises, américaines, finlandaises...) sont construites à Noisy-le-Sec. Ainsi, leurs procédés peuvent être étudiés in situ, en regard des techniques de construction proposées par les entreprises nationales, l’échelle pavillonnaire permettant de multiplier les expériences sur une même localité. Les innovations constructives portent tant sur les matériaux et les méthodes de construction que sur l’aménagement intérieur des maisons (chauffages, salles d’eau, cuisines équipées, buanderies).
Destinées à des familles sinistrées, les maisons sont rapidement attribuées et font l’objet d’une enquête sur les usages et la manière de les habiter. La cité est aussi un village exposition, destiné à promouvoir l’action du MRU en matière de logement. De nombreuses visites sont organisées et les maisons de Noisy-le-Sec font l’objet d’une vaste couverture photographique et médiatique, orchestrée par le MRU.
Dans la cité expérimentale, la maison préfabriquée métallique conçue par Jean Prouvé et son atelier est l’habitation la plus appréciée des visiteurs. Pour ce projet, Prouvé a imaginé le principe constructif de la maison mais aussi les aménagements intérieurs et le mobilier. Les archives témoignent de cette recherche de cohérence entre les différents éléments constitutifs d’une habitation.