"Etre pendant trente ans un parlementaire éminent, membre de nombreuses commissions, sous-secrétaire d'Etat, ministre, et malgré le travail écrasant que comportent ces fonctions quand on entend les remplir avec conscience, demeurer un savant attaché à toutes les créations de l'intelligence humaine, créateur lui-même, génie fertile en inventions de toutes sortes, cela semble être un défi aux conditions de l'existence, car c'est vivre deux vies à la fois. C'est pourtant ce qu'a fait J. L. Breton..."
, par ARB, dans
, t. XXVII, 1935, n° 13, p. 23.
Les grands chefs de l'Industrie, J. L. Breton, membre de l'Institut, directeur de l'Office National des Recherches scientifiques et industrielles et des InventionsLa Technique Moderne
En effet, né à Courrière
, le 1er avril 1872, Jules-Louis-Emile Breton avait à peine vingt-six ans lorsqu'il fut élu député du Cher en mai 1898
, comme candidat républicain socialiste. Il ne se démit de son mandat que le 15 février 1921 pour siéger au Sénat
. Son passage au Parlement fut marqué par une grande activité. Président de la Commission d'Assurance et de Prévoyance sociale, il s'intéressa au sort des familles nombreuses
et se fit le rapporteur de nombreuses lois sociales : loi Breton sur la réparation des maladies professionnelles, loi sur l'emploi des composés du plomb dans la peinture en bâtiment
. Membre de la Commission du Règlement de la Chambre, ce fut lui qui soumit le projet de réforme électorale sur la représentation proportionnelle
. Orientant ses travaux de savant vers la création de voitures blindées, il fut désigné en septembre 1914 pour siéger à la Commission supérieure des Inventions intéressant la Défense nationale, début d'une longue carrière au service de la recherche scientifique.
Pas-de-Calais.
Breton fut élu député de la 2ème circonscription de Bourges au scrutin de ballotage du 22 mai 1898 par 9084 voix contre 7881 à M. Monnier.
Il fut élu sénateur du Cher, le 9 janvier 1921, au deuxième tour de scrutin, par 407 voix sur 683 suffrages exprimés.
Cf. G. Dequidt,
, Paris, 1923, in-8°, préface de J.L.E. Breton.
Le statut des familles nombreuses
J.L. Breton,
, Paris, s.d., in-8°.
Notes sur la substitution des peintures à base de zinc aux peintures à base de plomb
J.L. Breton,
, Paris, 1909.
Contre la Proportionnelle
Sous-secrétaire d'Etat des Inventions intéressant la Défense nationale
dans le sixième cabinet Aristide Briand, il fut nommé directeur des Inventions, Etudes et Expériences techniques dans le premier cabinet Painlevé du 12 septembre 1917
. Après la chute du ministère, il resta chargé des fonctions de Directeur des Recherches scientifiques et industrielles et des Inventions
jusqu'en novembre 1922, date à laquelle l'organisme fut transformé en un Office national des Recherches scientifiques et industrielles et des Inventions
. C'est à cette époque que fut créé le Salon des Arts ménagers dont les bénéfices étaient destinés à l'Office.
Organisme rattaché au Ministère de l'Armement et des Fabrications de Guerre. Breton en fut directeur du 14 décembre 1916 au 14 avril 1917.
Direction rattachée au Ministère de l'Armement et des Fabrications de Guerre, puis à partir du 26 novembre 1918 au Ministère de la Reconstitution industrielle. Breton fut à sa tête du 20 novembre 1917 au 14 avril 1919.
Rattaché au Ministère de l'Instruction publique et des Beaux-Arts. Breton fut nommé Directeur par un décret de juillet 1919.
Dépendant du Ministère de l'Instruction publique et des Beaux-Arts, puis à partir du 3 juin 1932, du Ministère de l'Education nationale. L'Office fut supprimé par le décret du 24 mai 1938 qui décida la création du Centre national de la Recherche Scientifique appliquée.
Entre-temps, le 20 janvier 1920, Breton s'était vu offrir par Alexandre Millerand le premier portefeuille de ministre de l'Hygiène, Assistance et Prévoyance sociale ou, fonction qu'il conserva jusqu'au 12 janvier 1921. Son action en faveur du relèvement de la natalité et de la protection de la famille lui valut le surnom de "ministre de la natalité"
.
, t. II, 1962, p. 760.
Dictionnaire des Parlementaires français de 1889 à 1940
Ses recherches scientifiques l'avaient désigné en 1920 pour succéder à Adolphe Carnot à l'Académie des Sciences. Après un échec aux élections d'octobre 1929, il ne se consacra plus qu'à ses travaux scientifiques
. Directeur de l'Encyclopédie parlementaire des sciences politiques et sociales, il laissait à sa mort, le 2 août 1940, un grand nombre d'ouvrages : les rayons X et les ampoules radiographiques, les chars d'assaut, le plomb et ses composés...
.
Breton, dans l'avant-propos de sa "notice sur ses travaux scientifiques", déplore l'importance que prit la politique sur ses recherches scientifiques : "Entré jeune au Parlement, je fus trop absorbé par les travaux législatifs pour pouvoir consacrer aux études et aux recherches scientifiques tout le temps que j'aurais voulu ; jamais toutefois, je n'abandonnai complètement ces études et ces recherches auxquelles furent employés mes trop courts loisirs. Je n'ai d'ailleurs jamais cessé de vivre dans mon laboratoire et les trop rares moments que je pouvais y consacrer à des travaux scientifiques furent toujours les meilleurs moments de ma vie".
, Paris, 1919, p. 7.
Notice sur les travaux scientifiques de J.L. Breton
Cf.
, p. 760.
Dictionnaire des députés, op. cit.
Les trente-quatre cartons qui constituent le fonds, concernent essentiellement l'oeuvre politique et scientifique de Jules-Louis-Emile Breton et permettent d'en retracer la carrière
. Aucun papier personnel, à l'exception de quelques lettres adressées à l'académicien
, au directeur de l'Encyclopédie parlementaire
ou à l'ancien directeur de l'Office national
.
Signalons qu'une page du
. publié par C. de Tourtier-Bonazzi et F. Pourcelet, Paris, 1938, est consacrée à Breton, p. 35.
guide des papiers des ministres et secrétaires d'Etat de 1871 à 1974
Voir 398 AP 34, dossier 4.
, dossier 2.
Ibidem
, dossier 5.
Ibidem
Les deux premiers cartons, outre une brève documentation sur la vie et la carrière de Breton
, retracent les débuts dans la vie politique du jeune député : y sont évoqués ses travaux parlementaires, les projets de lois dont il se fit le rapporteur, la place qu'il tint au sein de commissions diverses
.
398 AP 1, dossier 1.
398 AP 1-2.
Quatorze cartons sont ensuite consacrés à l'organisation des services de recherche et d'inventions pendant la première guerre
. S'y trouvent rassemblés des notes et rapports sur la création et le fonctionnement du Sous-Secrétariat d'Etat des Inventions et de la Direction des Inventions, Etudes et Expériences techniques intéressant la Défense nationale
. Les procès-verbaux d'essai, les photographies et les plans des principaux engins militaires mis au point de 1917 à 1919 constituent une des sources importantes de l'histoire de l'armement à cette époque. Ce sont d'ailleurs ces 264 dossiers, soigneusement rassemblés par Breton et numérotés par lui-même selon l'ordre alphabétique, que consulta le Général Challéat pour écrire son
en 1936
. Notons que, conformément aux recommandations que fit Breton à Challéat, nous avons respecté le classement préalable et conservé l'ordre indiqué dans la table dressée par Breton
.
398 AP 3-16.
Sur l'organisation du Sous-Secrétariat et de la Direction des Inventions, Etudes et Expériences techniques, voir les dossiers 74 (398 AP 7), 79 (
), 96 (398 AP 8), 152 (298 AP 10). Certains dossiers renferment des documents se rapportant à la Direction des Recherches scientifiques et industrielles et des Inventions, créée par la suite : dossiers n° 83 (398 AP 7), 95 (398 AP 8), 152 (398 AP 10).
ibidem
Histoire de l'artillerie
, 45ème année, 1er juin 1936, p. 1008-1029.
Histoire d'infanterie et artillerie de commandement, dans Revue d'Infanterie
Voir la lettre de Breton au Général Challéat, 23 janvier 1936 : "Mon cher ami, je vous envoie comme convenu... deux premières caisses de documents concernant les inventions en temps de guerre, l'historique et l'organisation des services techniques d'inventions, études et expériences techniques. Ce sont les dossiers personnels que j'ai constitués moi-même au jour le jour, et qui concernent les études et inventions que je suivais personnellement de près parce qu'ils me paraissaient pour une raison ou pour une autre particulièrement importants et intéressants... Je vous serais très reconnaissant de laisser ces dossiers dans l'ordre où ils se trouvent et qui correspond à mes fiches de classement. Je vous recommande également d'une façon toute particulière, certains de ces documents, notamment mes dossiers sur l'historique des chars d'assaut, présentant à mes yeux une très grande importance". (398 AP 5).
Après l'armistice, la Direction des Inventions, Etudes et Expériences techniques céda la place à la Direction des Recherches Scientifiques et industrielles et des Inventions : trois cartons
retracent l'historique d'un organisme auquel fut soumis de 1919 à 1922 la plupart des recherches industrielles. Les premiers dossiers donnent une vue assez complète des installations expérimentales situées à Bellevue
. Dans le carton 398 AP 18, nous sommes confrontés au côté administratif de l'institution à travers l'étude de son budget et l'état de son personnel. Les derniers documents sont consacrés aux études et recherches qui y furent poursuivies
.
398 AP 17-19.
398 AP 19.
398 AP 19
Paralèllement aux fonctions de directeur des Inventions, Breton exerça, nous l'avons dit plus haut, la charge de ministre de l'Hygiène. Les cartons 398 AP 20-22 sont un tableau très vivant de la vie de ce Ministère, depuis l'organisation de ses bureaux
jusqu'aux déplacements du ministre en province
. Ici encore, Breton a rassemblé les dossiers se rapportant aux principales affaires qu'il eut à traiter : ils sont, ici encore, classés par ordre alphabétique
.
398 AP 20.
, dossier 3.
Ibidem
398 AP. 21-22.
L'organisme de recherche le plus important de l'entre-deux-guerres fut incontestablement l'Office national des Recherches scientifiques et industrielles et des Inventions, Neuf cartons lui sont consacrés
et évoquent l'expansion puis le déclin d'une institution qui, pendant près de vingt ans, fut le laboratoire expérimental de l'Etat pour toutes les inventions touchant à la Défense nationale, prêta son concours à de nombreux chercheurs
, patronna le Salon des Arts ménagers, participa à l'Exposition internationale de 1937, et qui, en raison de la variété de ses activités, fut considéré comme "un organe scientifiquement et pratiquement nécessaire à la France"
.
398 AP 23-31.
De nombreuses recherches subventionnées par l'Office ayant fait l'objet de brevets, ce fonds contenait un très grand nombre de brevets français et étrangers pour machines à laver la vaisselle, le linge, chauffe-eau, pompe. Ces brevets étant tous imprimés (1901-1930) et conservés dans leur totalité à l'Institut national de la Propriété industrielle, 26 bis rue de Léningrad, à Paris, nous n'avons cru bon de ne garder que quelques plans qui s'y rapportaient (398 AP 28). Tout brevet peut être retrouvé dans le
, tables par noms d'inventeurs et de matières.
Bulletin de l'Institut de la Propriété industrielle
"Avis de quelques savants sur l'utilité de l'Office", 398 AP 23.
Dans les cartons 398 AP 32-33 sont brièvement représentées les dernières années de la vie de Breton, qui, dans le cadre du nouveau Centre de la Recherche Scientifique appliquée, poursuivit des recherches à but militaire pour le Gouvernement.
Ses travaux personnels - brevets d'invention et articles - font l'objet du trente-quatrième carton. De ses écrits politiques nous reste un seul dossier sur la Représentation proportionnelle. Signalons quelques lettres attachantes sur la lutte qu'il mena à la fin de sa vie contre la paralysie, inventant des mécanismes lui permettant de continuer à travailler
.
398 AP 34, dossier 5.
Ainsi, plus que la carrière d'un homme, c'est l'étude d'une institution - ou plutôt de plusieurs institutions - qui se trouve tracée ici de 1914 à 1940. Il semble que Breton se soit plu à rassembler une documentation très complète sur tous les organismes, ministères comme services de recherches et d'inventions, dont il avait la charge. Ses travaux personnels, tant parlementaires que scientifiques, ne constituent qu'une partie infime du fonds : à peine quatre cartons. En revanche, les documents abondent sur l'administration intérieure de la France à cette époque, que ce soit dans le domaine de la Défense nationale, du Travail et de la Prévoyance sociale ou de l'Industrie. Les inventions les plus diverses s'y trouvent représentées, du char d'assaut à la machine à laver la vaisselle ou au bateau à turbine.
Comme beaucoup de fonds déposés aux Archives Privées, ce fonds peut être consulté dans son intégralité et l'histoire de quelques-uns des ministères qui se sont succédés sous la IIIème république ne saurait être complète sans la consultation de ces documents.
SOMMAIRE
398 AP 35 - 66 Direction des Inventions
35-42 Rapports sur les propositions d'inventions, 1916 -1918.
43-54 Albums de photographies, 1916 - 1918.
55-64 Photographies isolées, 1918 et s.d.
64-66 Organisation et activité des services des Inventions, Etudes et Expériences techniques, 1916 - 1918.
398 AP 66 - 73 Office national des Recherches scientifiques et industrielles et des Inventions (ONRSII).
66-68 Fonctionnement et suppression de l'Office, 1925 -1940.
69-73 Recherches et inventions de Jules-Louis et Paul Breton, 1907 -1940.
398 AP 73 -83 Secrétariat de Jules-Louis Breton
73 Documents antérieurs à 1920.
73-81 Ministère de l'Hygiène, de l'Assistance et de la Prévoyance sociale, 1920 - 1921.
82-83 Secrétariat particulier de Jules-Louis Breton, sénateur, 1920 -1930.
398 AP 84 -88 Archives de Paul et André Breton.
84-85 Archives privées.
86 Salon des Arts ménagers.
86-88 Photographies. Seconde Guerre Mondiale.