Inventaire d'archives : Fonds André Dupin (1537-1878).

Contenu :

Le noyau constitutif du fonds a été l'achat, en 1952, d'un ensemble “ Louis-Philippe - Dupin ”, contenant de nombreuses pièces relatives à l'affaire du Théâtre français, la correspondance de Louis-Philippe avec André Dupin au moment de cette affaire et après 1830, et le dossier constitué par Dupin comme exécuteur testamentaire du roi. Il s'accrut ensuite de plusieurs pièces ou dossiers provenant du même Dupin et de quelques documents, probablement rassemblés par un collectionneur et intéressant les deux frères de Dupin aîné, Charles et Philippe, mais aussi des homonymes : Claude François Étienne Dupin (Metz, 1767-Paris, 1828), qui fut notamment préfet des Deux-Sèvres de 1800 à 1813, conseiller-maître à la Cour des comptes à partir d'août 1813 et procureur général de cette Cour en 1818-1819.
La partie la plus intéressante du fonds est celle qui se rapporte à Dupin aîné et notamment à ses relations avec la famille d'Orléans, dont il devint le conseiller judiciaire dès 1817 et pour laquelle il plaida de nombreux procès. Deux de ces procès, célèbres, sont bien représentés ici : ceux plaidés par Dupin contre le Théâtre français et contre Hugues Maret, duc de Bassano (228AP/1, dossiers 1 et 2).
En 1817, Louis-Philippe avait intenté un procès à Charles Henri Armand Julien, administrateur du Théâtre français. Il considérait, en effet, que la vente comme bien national, lors de la Révolution, du terrain sur lequel avait été construit le Théâtre français, était illégale : le Palais-Royal étant un apanage des ducs d'Orléans était un bien d'État, imprescriptible. La notoriété de Dupin le poussa à lui demander de prendre l'affaire en main. Celui-ci obtint en 1818 une transaction, qui permit le retour du Théâtre français à l'apanage du Palais-Royal.
Quant à Maret, Louis-Philippe lui intenta un procès en 1823. Il réclamait comme lui appartenant 40 actions des canaux d'Orléans-Loing que Napoléon avait données à son ministre et confident lors des Cent-Jours. Louis-Philippe gagna le procès, mais l'opinion fut favorable à son adversaire, que, devenu roi, il devait d'ailleurs appeler à la pairie puis à la présidence du Conseil.
L'abondante correspondance échangée entre Louis-Philippe et Dupin, avant et après l'accession au trône du duc d'Orléans (228AP/ 1, dossiers 3 et 4), témoigne des relations intimes qui existaient entre eux. Elle montre que Louis-Philippe consultait souvent Dupin et attachait le plus grand prix à ses avis.
Dans les autres papiers personnels de Dupin (dossiers de travail et correspondance), on signalera le dossier qu'il constitua sur le procès du , qu'il plaida et gagna en 1829-1830 pour Bertin aîné, rédacteur en chef du journal. Celui-ci avait été traduit en correctionnelle pour offense à la personne du roi, après avoir publié un article qui fit scandale : “ Malheureux roi ! Malheureuse France. ” Le dossier 1 de l'article 228AP/2 apporte des précisions intéressantes sur cette cause célèbre. Journal des débats
Par Ariane Ducrot.
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Plan de classement :
  • 228AP/1. André Dupin, conseiller judiciaire de Louis-Philippe, duc d'Orléans, puis du roi des Français. 1817-1853.
  • 228AP/2. André Dupin, avocat et homme politique. 1814-1864.
  • 228AP/3. Charles et Philippe Dupin et homonymes. 1824-1862.
  • 228AP/4. Supplément : correspondance d'André Dupin ; conseil juridique ; portraits. 1809-1855 et sans date.
  • 228AP/5. Supplément : papiers personnels d'André Dupin ; activités professionnelles et politiques. 1805-1863.
  • 228AP/6. Supplément : papiers personnels d'André Dupin ; ccorespondance et papiers personnels. 1531-1878.

Cote :

228AP/1-228AP/6

Publication :

Archives nationales
1962-2017
Pierrefitte-sur-Seine

Informations sur le producteur :

Dupin, Philippe (1795-1846)
Dupin, André Marie Jean Jacques (1783-1865)
Dupin, Étienne (1767-1828)
Dupin, Charles (1784-1873)
Dupin (famille ; 1701-1900)
André Dupin, dit Dupin aîné (1783-1865).
Marie Jean Jacques Dupin, dit Dupin aîné, naquit à Varzy (Nièvre) le 1er février 1783. Son père, Charles André, était alors procureur du roi au grenier à sel de Clamecy (Nièvre), sa ville natale, et devait être reçu avocat en septembre suivant, avant de poursuivre une carrière de magistrat et d'homme politique. André
André Dupin suivit les traces de son père. Après des études de droit, y compris canonique, et de théologie à Paris, il devint avocat en 1801 et docteur en droit en 1806. En 1813, sur proposition de Cambacérès, il fut nommé secrétaire de la commission créée par décret du 7 janvier pour classifier les lois de l'Empire.
Sa réputation s'étendant, il plaida de nombreux procès civils et politiques, défendant des libéraux, plusieurs généraux ou maréchaux de l'Empire (Ney en 1815, Savary en 1819, Caulaincourt en 1820, la mémoire de Brune en 1821). Il prit aussi parti pour les gallicans contre les ultramontains et les Jésuites (procès du Constitutionnel en 1825 et des Débats en 1829).
C'est à l'occasion de l'affaire du Théâtre français que se nouèrent, en 1817, des liens entre Dupin et le duc d'Orléans. Celui-ci demanda, en effet, à Dupin d'être son avocat dans le procès qui l'opposait aux administrateurs du Théâtre français. Les liens noués à cette occasion se transformèrent en amitié, jamais démentie jusqu'à la mort de Louis-Philippe, et au-delà avec ses enfants.
Entré dès 1818 dans le Conseil d'apanage de Louis-Philippe, Dupin fut appelé en 1830 à faire partie du Conseil des ministres, avec voix délibérative, et devint membre du Conseil du domaine privé du roi puis chef de ce Conseil en 1839. Il fut, enfin, l'un des exécuteurs testamentaires de Louis-Philippe.
Député de l'arrondissement de Château-Chinon (Nièvre) en mai 1815 à la chambre des représentants des Cent-Jours, Dupin se rallia à la Restauration et fut nommé président du collège électoral de la Nièvre par Louis XVIII mais échoua aux élections de 1815. En mai 1827, il fut élu député de Mamers (Sarthe) puis, en 1828, dans deux circonscriptions de la Nièvre.
En 1830, c'est lui qui rapporta l'adresse des 221 députés qui renversèrent le ministère Polignac. Réélu député le 23 juin 1830, il fut nommé vice-président de la Chambre puis président du 21 novembre 1832 à 1840 et joua un rôle de premier plan dans l'élaboration de très nombreux projets de loi.
Élu député de la Nièvre à l'Assemblée constituante en 1848, il présida le comité de législation et la commission du règlement de celle-ci, tout en étant membre de la commission de constitution. Le 13 mai 1849, il fut élu à la Législative et en devint président, le 1er juin, jusqu'à sa dissolution en 1851.
Nommé procureur général à la Cour de cassation le 23 août 1830, il démissionna de ce poste le 22 janvier 1852, pour ne pas s'associer à la confiscation des biens de la famille d'Orléans, dont il disait : “ C'est le premier vol de l'aigle”.  Il se retira alors dans le Morvan, où il passa six ans à cultiver ses terres et à écrire ses mémoires. Il reprit cependant ses fonctions en novembre 1857.
Après son exil dans le Morvan, il se rapprocha de Napoléon III et fut nommé sénateur en 1857.
Membre de l'Académie française, où il fut élu en juin 1832 en remplacement de Cuvier, et de l'Académie des sciences morales et politiques, Dupin a publié une centaine d'ouvrages et édité les œuvres de plusieurs juristes français et étrangers. Il mourut à Paris le 11 novembre 1865.
Charles, baron Dupin (1784-1873).
Frère de Dupin aîné, Charles Dupin fit de brillantes études à Paris. Reçu premier à l'École polytechnique, il y fut remarqué par Monge et Carnot et devint un géomètre et un ingénieur célèbre, que Napoléon envoya avec l'amiral Ganteaume à Corfou, où il resta de 1808 à 1811. Il multiplia les activités scientifiques, tout en s'occupant avec la plus grande efficacité de marine (dont il fut même ministre trois jours en 1834), d'armement, de travaux publics, d'industrie et de commerce, entre autres, et enseignant la mécanique au Conservatoire des arts et métiers (voir F. Perrin, , thèse de l'École des hautes études en sciences sociales, Paris, 1983). La vie et l'œuvre de Charles Dupin (1784-1873), mathématicien, ingénieur et éducateur
Parallèlement à ces travaux et sans jamais les interrompre, il mena comme son frère une carrière politique. Élu député libéral de Castres de 1827 à 1830, il fut ensuite député du Xe arrondissement de Paris (juillet 1830) et, après la révolution de 1848, de la Seine-Inférieure. Il fut nommé sénateur en 1852.
Il accumula les honneurs. Reçu à l'Institut (Académie des sciences) en 1818, il fut créé baron par Louis XVIII en 1824 et devint membre de l'Académie des sciences morales et politiques lors de son rétablissement en 1832. Pair de France en 1837, grand officier de la Légion d'honneur en 1840, il rentra dans la vie privée en 1870 et mourut à Paris en 1873.
Philippe Dupin (1795-1846).
Frère puîné des deux précédents, il poursuivit, comme son aîné, une double carrière, juridique et politique.
Avocat en 1816, il travailla d'abord avec André, dont il reprit le cabinet en 1830. Les plus grands personnages, les organismes les plus importants, furent ses clients : le prince de Condé, le duc d'Aumale, le journal le , la Ville de Paris, la Compagnie des notaires et celle des agents de change, etc. Il fut député de la Nièvre en 1830-1831 et de l'Yonne en 1842. Parti se reposer à Pise, il y mourut en 1846. Constitutionnel
E. L., 2010.

Informations sur l'acquisition :

Achats, 1952-2011.

Description :

Mise en forme :
Le classement respecte la succession des entrées et les travaux antérieurs.

Conditions d'accès :

Communication libre sous réserve du règlement de la salle de lecture

Conditions d'utilisation :

Reproduction sur autorisation

Description physique :

Importance matérielle :
5 cartons ; 0,40 mètre linéaire.

Ressources complémentaires :

Les Archives nationales conservent, dans le fonds de la Maison de France, deux dossiers sur l'affaire du Théâtre français (300AP(I)/153 et 1702, à compléter par 300AP(I)/2116).
Le (Archives nationales, 1981, 335 p.) indiquera les nombreuses pistes de recherche à suivre en fonction des activités des Dupin (justice, représentation parlementaire, presse...) ou des distinctions honorifiques qu'ils ont reçues (pairie, Légion d'honneur). Guide des recherches sur l'histoire des familles
Les Archives départementales de la Nièvre conservent un recueil de poésies inédites ainsi qu'un dossier de lettres et des notes autographes de Charles Dupin (4 J 1-2).
Aux Archives de la Comédie-Française se trouve le recueil imprimé des différents mémoires inspirés par le procès du Théâtre français.

Références bibliographiques :

AMAT (Roman), , t. XII, Paris, 1970. Dictionnaire de biographie française
ANTONETTI (Guy), , Paris, Librairie Arthème Fayard, 2002. Louis-Philippe
FIRMIN-DIDOT, , t. XV, Paris, 1856. Nouvelle biographie générale...
GUENEAU (V.), , Nevers, 1899. Dictionnaire biographique des personnes nées en Nivernais
PERRIN (F.), « La famille Dupin de Varzy et son représentant méconnu, le baron Charles (1784-1873) », dans , n° 55, 1988, 32 p. in-4°. Les Annales des pays nivernais
ROBERT et COUGNY, , « André Dupin », 1889. Dictionnaire des parlementaires français
http://www.assemblee-nationale.fr/sycomore/fiche.asp?num_dept=11573

Localisation physique :

Pierrefitte-sur-Seine

Organisme responsable de l'accès intellectuel :

Archives nationales

Identifiant de l'inventaire d'archives :

FRAN_IR_050222

Liens