Article : Catalogue des sceaux médiévaux des Archives de la Haute-Savoie

Une publication des Archives départementales de la Haute-Savoie, 1998, 278 pages

 

Parmi les représentations traditionnelles du Moyen Âge, aux côtés du château-fort, des armoiries et de la cotte de mailles, le sceau figure en bonne place. En réalité, son origine est beaucoup plus ancienne, puisqu’elle remonte au IVe millénaire avant J.-C. C’est en Mésopotamie qu’il apparaît ; il sert alors de mode de clôture, de témoignage de provenance ou de contrôle. Il a précédé l’invention de l’écriture, et on a retrouvé dans les fouilles d’Ur, de Lagash, de Mari, des milliers de sceaux-boutons, et de sceaux-cylindres, antérieurs aux premiers idéogrammes. Le sceau va se diffuser en Égypte, où les cachets utilisés prennent la forme du scarabée, animal sacré. Les Égyptiens se servaient également d’anneaux sigillaires. Transmis par l’Égypte à la Grèce, cet usage est ensuite adopté par Rome.

La pratique de l’anneau sigillaire va avoir une grande longévité, puisqu’on le retrouve encore sous les Mérovingiens et les Carolingiens. Puis le scellement des actes se fera à l’aide de matrices métalliques : c’est au cours du XIe siècle que l’usage du sceau se diffuse en France. Mais il n’est pas lieu, dans cet avant-propos, de développer son histoire. Le lecteur trouvera dans la bibliographie les ouvrages essentiels traitant de sigillographie.

En dépit de ses petites dimensions et de sa fragilité, le sceau est l’une des sources les plus rigoureuses et les plus riches d’informations que le Moyen Âge nous ait laissées. C’est à la fois un document écrit et un document figuré. Destiné à l’authentification des actes, il engage la responsabilité de son possesseur ; aussi est-il fabriqué avec le plus grand soin. Toutes les mentions (nom, titre, fonctions, armoiries) qui y sont gravées sont exactes au moment où la matrice est réalisée. Cela nous fournit donc des renseignements précis d’histoire politique, administrative. Le sceau intéresse à la fois l’historien du droit et des institutions, l’héraldiste, mais aussi, comme témoignage iconographique, l’historien de la société, de l’art et de la civilisation matérielle qui trouvera, représenté avec beaucoup de détails, des éléments de la vie quotidienne : le vêtement, l’armement, les sièges, le harnachement du cheval…

Confectionnés dans un matériau éminemment périssable, la cire, les empreintes de sceaux ont cependant traversé les siècles en grand nombre, du moins celles qui ont échappé à de mauvaises conditions de conservation, ou à la convoitise des collectionneurs, voire des érudits, qui les ont séparées de l’acte auquel elles étaient appendues. Les archives privées en ont surtout été les victimes. L'ouverture des archives aux chercheurs et la communication de documents scellés ont provoqué la disparition ou la dégradation de nombreux sceaux.

Riches d’informations, fragiles, les sceaux médiévaux conservés aux Archives départementales de la Haute-Savoie méritaient donc de faire l’objet d’une publication scientifique, ouvrage de référence, et de mesures protectrices : campagnes de restauration et de moulages, photographies, conditionnement approprié.

 

Références complètes de l’ouvrage

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