Article : Richesses du patrimoine écrit

Une publication des Archives départementales de la Dordogne, 1992, 59 pages

 

De l’écriture est née l’Histoire, et l’Histoire se nourrit de l’écriture. Depuis la première codification de signes pictographiques par les Sumériens jusqu’à nos jours, près de 8 000 ans se sont écoulés, 8 000 ans qui ont vu les images succéder aux signes primitifs, et d’autres signes remplacer les images, 8 000 ans au cours desquels l’Homme utilisa la pierre, l’écorce, les fibres végétales, la cire, la peau, avant enfin de découvrir le papier comme mémoire privilégiée de ces signes ou de ces images.

Entre-temps avait eu lieu cette véritable révolution que constitua l’invention de l’alphabet, un millénaire avant notre ère. Le colonialisme commercial des Phéniciens l’amena en Grèce, le colonialisme culturel des Grecs le fit adopter à Rome et le colonialisme militaire des Romains le diffusa et l’imposa en Occident. Le texte écrit devient alors la base du pouvoir économique, politique, religieux, culturel au sens large, et l’écriture se transforme en instrument privilégié du gouvernement des hommes. Réservée dans un premier temps à une élite intellectuelle, elle est investie par là-même d’un caractère sacré et les mystères de ses signes ne lui en donnent que plus de force.

Très rapidement, au cours du Moyen Âge, l’écrit fait preuve, l’acte manuscrit devient référence. Référence religieuse, dans tous les monastères et couvents où sont diffusés les superbes textes enluminés que des générations de copistes s’appliquent à enluminer ; référence politique aussi, avec le développement des chancelleries qui transcrivent et enregistrent les décisions de l’autorité ; référence civile enfin, avec la naissance du notariat qui, au niveau le plus local, fixe pour l’éternité l’ensemble des actes touchant à la vie quotidienne des hommes.

Fixée comme ensemble de signes de référence connus de tous, l’écriture ne subit plus alors qu'une évolution dans sa forme. Cette évolution a bien sûr été fonction du support de l’écriture (parchemin, puis papier), qui lui-mème déterminait le type ou la forme de l’instrument servant à tracer les signes. Mais au fur et à mesure que se mettait en place une véritable civilisation de l’écrit, la nécessité de rapidité et la masse des documents à produire ont déterminé une cursivité des formes qui confère à certains l’aspect d’illisibilité complète.

Les documents soigneusement sélectionnés ici retracent cette longue histoire de ce qui fut, pendant plus de dix siècles, l’instrument privilégié de la communication entre les hommes. Des moines studieux de l’abbaye de Cadouin aux élèves des écoles primaires que nous avons connues, penchés sur leur cahier et traçant à la plume « sergent-major » leurs premières lettres, une longue chaîne a été forgée. En voici quelques maillons parmi les plus beaux.

 

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