Article : Les sources relatives à la mer : les activités

Le bassin des yachts dans le port du Havre, XXe siècle (9Fi 285)

Cette page consacrée aux activités constitue le troisième volet du dossier thématique sur la mer, qui en comporte trois autres :

L'économie maritime

Les compagnies de commerce

Avec les Grandes Découvertes et le développement du commerce international, apparaissent de grandes compagnies de commerce, l’English East India Company et la Compagnie des Indes orientales néerlandaise (VOC) dont la puissance et l'hégémonie, notamment en Asie, inspirent Richelieu et Colbert pour faire de même en France. Richelieu crée en 1627 la première, la Compagnie des Cent-Associés, qui obtient le privilège du commerce exclusif des fourrures et la "pleine propriété et seigneurie" de la Nouvelle-France, en échange de l'obligation de développer la colonie et d'en convertir les habitants au catholicisme. Le pouvoir royal octroie en effet, souvent par lettres patentes, le monopole du commerce sur un territoire délimité à ces compagnies, formées par l'association d'armateurs, de négociants et de membres de l'aristocratie qui y apportent leur capital. Si leur vocation première est le commerce colonial, la fourrure des castors, le sucre, les textiles asiatiques ou la traite négrière, elles jouent également un rôle fondamental dans la constitution du premier Empire colonial français : la Compagnie des Indes, héritière de la Compagnie des Indes orientales fondée par Colbert en 1664, administre ainsi La Réunion jusqu'en 1767 ; la Compagnie de la Louisiane exploite les ressources de la Louisiane française et y transporte des colons.

Jugement relatif aux malversations commises à l'encontre de la Compagnie du Sénégal, 18 avril 1698 © AN (Z/1d/95)
Carte de la Louisiane, XVIIe siècle © AN (NIII Louisiane 2)

Le Service historique de la Défense (SHD) conserve des documents relatifs à la Compagnie des Indes ; Mémoire des Hommes, le portail culturel du ministère des Armées, propose des pages qui lui sont dédiées

Les Archives nationales conservent des documents relatifs aux  compagnies de commerce dans les fonds du Département de la Marine, du Conseil du Roi, de l'Amirauté de France, du Contrôle général des finances ou du Conseil de Commerce ; dans celui de la commission chargée de la succession Law pour la Compagnie des Indes ou dans celui des Consulats, mémoires et documents - Levant et Barbarie pour la Compagnie d'Afrique, par exemple 

Les Archives nationales d'outre-mer (ANOM),  dans celui du Secrétariat à la Marine : par exemple, dans la Correspondance au départ pour la Compagnie du Castor, la Correspondance à l’arrivée – Louisiane pour la Compagnie de la Louisiane ou dans la Correspondance à l'arrivée - Extrême-Orient pour les Compagnies de la Chine ; on trouvera dans le Personnel colonial ancien, numérisé, les dossiers des personnels des compagnies, comme celui d'Eloy, commis de la Compagnie des Indes à Pondichéry.

Les Archives de la Réunion ont numérisé les archives de la Compagnie des Indes ; les Archives de Seine-et-Marne conservent des documents sur l'organisation des compagnies de commerce ; les Archives du Calvados, une planche regroupant deux satires allégoriques de la faillite de Law, dont le système s'appuyait notamment sur les compagnies de commerce ; les Archives de la Gironde, des documents sur les fonds placés dans les compagnies de commerce ; les Archives de Lyon, sur la Compagnie des Indes orientales, comme celles de la Côte-d'Or ; les Archives du Morbihan, des documents sur Port-Louis, choisi par la Compagnie des Indes pour y établir son établissement principal ; ses chantiers, construits un peu plus loin sur la lande du Faouëdic sont à l'origine de Lorient ; elles proposent également un dossier sur la Compagnie.

Les recherches peuvent être complétées dans les archives privées, comme celles de la famille Le Peletier, dont l'un des membres fut Contrôleur général des finances, des Ferron de la Ferronays ou de Barthélémy Huber, commissaire de la Compagnie des Indes

On trouve également des documents relatifs aux compagnies de commerce dans les archives notariales, comme par exemple une convention passée entre Samuel de Champlain et des marchands de Rouen et de La Rochelle pour créer la compagnie du Canada ou une délibération des actionnaires de la Compagnie du Sénégal

FranceArchives propose des pages d’histoire sur la fondation des Compagnie des Indes occidentales et orientales, à l’origine de la Compagnie des Indes, et sur celle de la Compagnie de la Louisiane.

Plan de Lorient retraçant l'épopée de La Compagnie des Indes, 1933 © AD du Morbihan (1Fi 1017)

Les armateurs

L'ouverture de l’espace atlantique aux Européens favorise l'émergence de riches familles d’amateurs-négociants dans les grandes villes portuaires françaises comme Nantes, Bordeaux ou Rouen, où ils font équiper leurs navires pour transporter, en suivant des circuits commerciaux complexes, des marchandises et des esclaves négociés dans les grandes places commerciales grâce à des mécanismes bancaires modernes comme la lettre de change. Dans les ports secondaires, des armateurs moins fortunés s'associent dans de modestes campagnes de pêche menées par un seul navire le long des côtes, comme par exemple à La Seyne ; il arrive également que le propriétaire d'un bateau, qu'il pilote lui-même, soit son propre armateur. Au XIXe siècle, la Révolution industrielle et celle des transports, la première mondialisation, le percement du canal de Suez et l’expansion coloniale européenne génèrent l’explosion du commerce maritime international et du trafic passager. De grandes compagnies de commerce et/ou de transport de passagers apparaissent, comme la maison Cyprien Fabre à Marseille, qui commerce avec l’Afrique et dessert des lignes régulières en Méditerranée, ou la Compagnie générale transatlantique, propriétaire des célèbres paquebots Le Normandie et Le France puis ré-orientée vers le fret avec l’avènement du transport aérien avant d’être absorbée par la Compagnie maritime d'affrètement - Compagnie générale maritime (CMA CGM), l’un des plus puissants armateurs mondiaux actuels.

Mémoire manuscrit
Mémoire extrait du dossier individuel de Benjamin et Claude Dubois, armateurs de Saint-Malo, 1784 © AN (MAR/C/7/90)

Les Archives nationales du monde du travail (ANMT) conservent des archives d’armateurs-négociants, par exemple les Dugard, de Rouen, et les Feray-d’Allens, du Havre, celles de la Compagnie générale transatlantique et celles du Comité central des armateurs de France (CCAF). Les Archives nationales conservent des documents relatifs aux armateurs dans les registres d’enregistrement du ministère de l’Intérieur ; pour la période contemporaine, dans le fonds de la Direction de la flotte de commerce ; les dossiers individuels d’armateurs-négociants de l’Ancien Régime sont disponibles en ligne ; on peut également trouver des armateurs dans les décrets de naturalisation numérisés, comme Simone Castaldo en 1889 par exemple. Les ANOM mettent également en ligne des dossiers individuels numérisés d'armateurs de l’Ancien Régime.

Les Archives de Marseille et de Saint-Brieuc, qui en ont numérisé certaines pièces, conservent des documents relatifs aux armateurs ; les Archives de la Charente-Maritime également, dans le fonds numérisé de la Chambre de commerce et d’industrie de la Rochelle ; des actes de société sont disponibles aux Archives de l'Hérault et des licences de navigation accordées aux bateaux qu'ils affrêtent aux Archives du Finistère ; les Archives de la Gironde conservent plusieurs fonds d’armateurs-négociants, directement accessibles grâce à un inventaire dédié et celles de l'Hérault les papiers privés d'un armateur-négociant d'Agde.

Les archives notariales sont une mine d'informations, comme par exemple l’inventaire après décès d’un armateur bordelais conservé aux Archives nationales.

Le Service des archives économiques et financières (ministère de l'l’Economie et des Finances) conservent des documents sur les armateurs pour les périodes moderne et contemporaine. French Lines & Compagnie, patrimoine maritime et portuaire conserve les archives des grandes compagnies maritimes françaises et a numérisé avec les ANMT les revues qu’elles ont éditées.

Les femmes participent au commerce maritime : propriétaires de navires ou négociantes, elles apparaissent par exemple dans le fonds de l’Amirauté de Nantes et les archives notariales conservés par les Archives de Loire-Atlantique.

Carte des routes maritimes
Carte des lignes maritimes, Compagnie Générale transatlantique French Lines,1959 © French Lines/ANMT (9 AQ 403)

Les chambres de commerce

Les armateurs-négociants se regroupent pour défendre leurs intérêts communs et régler les conflits qui pourraient surgir entre eux au sein des chambres de commerce, dont la première est créée à Marseille en 1599. Organes purement consultatifs, elles sont chargées d’appliquer au niveau local les missions du Conseil royal puis du Bureau de Commerce, être "uniquement attentif à connaître et à procurer tout ce qui pourrait être le plus avantageux au Commerce et aux Manufactures du Royaume", c’est-à-dire examiner et débattre des traités de commerce, des tarifs douaniers, de la navigation, des taxes sur le commerce, des assurances, des faillites, du commerce colonial, etc. Supprimées par la Révolution, elles sont rétablies en 1802 par Bonaparte et son ministre de l’Intérieur Jean-Antoine Chaptal, lesquels, conscients de leur utilité, les multiplient. 

Vue de la chambre de commerce de Sète
Le Nouveau Palais Consulaire et Chambre de Commerce de Sète, 1ère moitié du XXe siècle © AD Hérault (2 Fi CP 2977)

Les archives des chambres de commerce sont conservées par les services d'archives territoriaux : par exemple, celles de la chambre de commerce de Nice le sont aux Archives des Alpes-Maritimes, celles de Guienne (ancienne province française de l’Ancien Régime comprenant une partie de l’Aquitaine) aux Archives de la Gironde, de Granville aux Archives de la Manche, du Morbihan aux Archives du Morbihan, de Nantes aux Archives de la Loire-Atlantique et celles de La Rochelle, numérisées, aux Archives de la Charente-Maritime. Certains fonds, endommagés pendant la Seconde Guerre mondiale ou par des sinistres, sont incomplets, comme Dunkerque, conservé par les Archives de Dunkerque, ou Bordeaux. Les Archives de l’Aude conservent la liste des membres de  la chambre de commerce de Narbonne et celles du Var de Toulon.

Les archives des chambres de commerce peuvent être conservées par leurs services d’archives, comme celle de Marseille.

Attestation d'assurance numérisée
Enregistrement des polices d’assurance, 4 juillet 1765-22 mai 1767 © AD Charente-Maritime (41ETP26)  

Les navires

A partir de 1681 et l’Ordonnance de Colbert sur la Marine, toute personne acquérant, vendant ou faisant construire un navire doit en faire la déclaration auprès de l’Amirauté de son domicile, laquelle reçoit d’autres actes concernant la vie du bateau, tels qu’attestations d’assurance et de destination, composition de la cargaison, ou rôle de l’équipage à l'armement et au désarmement. Les navires sont plus tard enregistrés par l’Inscription maritime qui établit leurs rôles d’armement à partir de diverses informations : numéro de matricule, nom, nature (brick, barque, goëlette etc) lieu et date de construction, tonnage, propriétaire et armateur, francisation (rattachement à un pavillon), composition des passagers et de l’équipage. Pendant le voyage, le rôle reste à bord du navire pour qu’il y soient portés les visas des autorités des ports d’escale et les notes du capitaine sur l’équipage et les passagers, notamment les désertions et les décès ; au retour, l'exemplaire est déposé auprès de l'Inscription maritime. Le capitaine du navire, à l'instar du pilote, doit également rédiger son propre journal de bord, comme celui du sloop Anne Yvonne en 1875 ; les autres officiers y sont fortement encouragés et les membres de l'équipage peuvent tenir le leur, comme Auguste Condé, marin pêcheur embarqué sur le Pourquoi-Pas ? pendant la mission du commandant Charcot au Pôle Nord en 1928.

Les naufrages, fréquents, témoignent des difficultés de la navigation et marquent durablement les esprits : ils sont signalés aux officiers de l’Amirauté puis à la Marine après la Révolution et aujourd’hui au préfet maritime par délégation du ministère de la Transition écologique, chargé des Transports, les administrations successives devant enquêter sur les causes du drame.

registre signalant la mention de l'achat d'un navire et d'une déclaration de cargaison
Acquit et déclaration de la cargaison de L'Heureuse Rencontre auprès de l'amirauté de Guadeloupe (25 août 1736)
© AD Gironde (61 J 51)

Le SHD conserve les archives des préfets maritimes.

Les Archives nationales conservent le fonds de l’Amirauté de France, dont une des parties est consacrée aux assurances des navires, des dossiers de suivi des enquêtes sur les naufrages et accidents (1910-1924) et sur des accidents et naufrages en mer (1972-2006)

Les Archives de la Charente-Maritime ont numérisé le fonds de l’Amirauté de La Rochelle et conservent des francisations de navires du canton de Saint-Martin-de-Ré ; les Archives du Morbihan mettent en ligne le fonds de l'Amirauté de Vannes ; les Archives du Finistère conservent des registres d’épaves et celles du Calvados, le fonds de l’Inscription maritime.

Les Archives de la Loire-Atlantique mettent en ligne des rôles de bord enregistrés aux quartiers de l’Inscription maritime de Nantes et Saint-Nazaire entre 1733 et 1921, les registres d’immatriculation des navires armés aux ports du Croisic, de Nantes et de Saint-Nazaire de 1739 à 1959 et les rapports de navigation des capitaines enregistrés à l'Amirauté (1692 - 1779) et au tribunal de commerce de Nantes (1808-1940) ; elles proposent également une fiche d’aide à la recherche pour reconstituer l’histoire d’un navire, comme les Archives de la Seine-Maritime.

Les journaux de bord des capitaines et des membres d’équipage sont conservés dans les fonds privés des Archives municipales et départementales, comme Dunkerque et le Finistère ; les Archives de la Charente-Maritime et celles de la Loire-Atlantique en mettent certains en ligne.

Des actes de vente d’un bateau peuvent être conservés dans les archives notariales : en 1617, en est ainsi vendu un, de retour de Terre-Neuve, pour la somme de 700 livres tournois ; des documents relatifs à des naufrages également, comme celui d'un galion au large de Saint-Domingue en 1699.

Les armements des navires de la Compagnie des Indes sont accessibles sur le site web de Mémoire des Hommes

Personnes réunies sur une plage pour une cérémonie d'hommage
Port Manec'h (Finistère) : bénédiction de la mer lors d’une cérémonie religieuse d’hommage aux marins disparus [1930-1932] © AD Morbihan (73 Fi 30)

Le trafic portuaire

L’explosion des échanges générée par l’ouverture de nouvelles routes maritimes intensifie l’activité de l’ensemble des ports, quantifiable grâce aux différentes taxes reçues par l’Amirauté de France et les Amirautés provinciales, le "congé de navigation", une autorisation d’appareiller, le "droit d’ancrage", sur le tonnage des embarcations à leur arrivée ou le "droit de lestage et de délestage", destiné à l’entretien des ports, dont la perception, quand elle ne disparaît pas à la Révolution, est transférée à l’administration de l’Inscription maritime puis à celle des Douanes. Les navires arrivant et partant de l’étranger doivent en outre subir un contrôle sanitaire, effectué notamment sous l’Ancien Régime pour éviter les épidémies de peste : les "patentes de santé", délivrées par le port de départ, comportent des indications diverses telles que la nature de l’embarcation et de la cargaison ;  elles sont examinées et enregistrées par les autorités du port d’arrivée qui autorisent le débarquement ou envoient le navire en quarantaine. Cette inspection est encore aujourd’hui assurée par les autorités portuaires, qui établissent également des registres d’entrées et de sorties des navires, comme à Honfleur.

Les quais devant la place de la Bourse à Bordeaux [ca 1910] © AM Bordeaux Métropole (16 Fi 40)

Le SHD conserve des documents sur les navires de commerce entrant et sortant des ports administrés par la Marine, comme par exemple les registres d’entrées et de sorties de celui de Rochefort. 

Les Archives nationales conservent le fonds de l’Amirauté de France, qui recevait des états annuels, des "comptes rendus" des droits perçus dans chacun des ports administrés par les Amirautés provinciales, notamment les congés de navigation et les ancrages.

Les ANOM conservent les documents sur les ports de l’ancien empire colonial.

Le trafic portuaire peut être étudié à partir des documents conservés par les Archives territoriales, comme celles de Dunkerque ou de Cannes, du Calvados,  de l’Eure, de la Charente-Maritime, du Gard ou de l’Hérault ; Les Archives de la Vendée ont numérisé des documents relatifs au cabotage ; les Archives de la Gironde conservent des patentes de santé.

On trouve des informations dans les archives notariales : Ezéchiel Robin, marchand bourgeois de Rouen reçoit en 1645 tous les droits d'ancrage, congés et passeports qui se lèvent sur tous les vaisseaux et navires arrivant dans les ports et hâvres de Normandie

Les Archives de Dunkerque conservent le Pilotage du port de la ville, des centaines de registres dans lesquels sont consignés  les entrées et sorties de navires, base sur laquelle le Pilotage levait ses taxes en contrepartie de la conduite des bateaux à travers les bancs de Flandre (1729 -1972).

291 patentes de santé, s’échelonnant de 1786 à 1899, sont conservées par la Bibliothèque de l’Académie de médecine : elles permettent d’évaluer le trafic des ports du monde entier pendant cette période. 

Le programme ANR Navigocorpus met à disposition un important corpus sur la navigation maritime, constitué notamment à partir du fonds de l’Amirauté de Guienne conservé par les Archives de la Gironde : les noms des bateaux, leurs points de départ et de destination, la nature de leur cargaison etc permettent d’étudier le trafic portuaire entre les XVIIIe et XIXe siècles.

Extrait d'un registre mentionnant des droits d'ancrage
Droit d'ancrage à Bougie et autres ports, 16 décembre 1833 © ANOM (GGA 3F 2) 
Registre mentionnant les entrées et sorties des navires d'un port
 Sorties de navires de Moricq, 1ère quinzaine août 1810 © AD Vendée (8 M 347) 

Les produits de la mer

Dans la France agricole de l’Ancien Régime, le poisson et les fruits de mer ne constituent qu’une faible part de l’alimentation malgré les interdits du calendrier liturgique, mais la pêche est néanmoins pratiquée sur tout le littoral et lors de grandes campagnes saisonnières dans l’Atlantique et en Mer du Nord. Majoritaire dans le pourcentage des poissons consommés au XVIIIe siècle, la morue, pêchée sur les bancs de Terre-Neuve, occupe la plupart des ports français de la Manche et de l’Atlantique, mais certaines parties du littoral se consacrent également à d’autres espèces, la sardine et l’anchois en Bretagne et en Méditerranée, le hareng dans le Boulonnais ou la baleine à Saint-Jean de Luz et au Havre. Pêchés selon différentes techniques, répertoriées au XVIIIe siècle dans les enquêtes du "commissaire de la marine pour faire l’inspection des pesches du poisson de mer" François Le Masson du Parc et réglementées par l’Ordonnance de la Marine puis par des textes royaux et des autorités locales, les poissons sont consommés frais sur place, fumés dans les sécheries ou préparés avec du sel récolté dans les salins de Bretagne ou de Camargue avant d’être exportés, vers l’Espagne par Bordeaux et vers l’Italie par Marseille, ou acheminés vers l’intérieur du territoire. Le XIXe siècle voit l'apparition de la pêche industrielle avec l’utilisation de chalutiers à vapeur et du réseau ferroviaire qui permet d'acheminer plus rapidement le poisson et les autres produits de la mer dont la consommation augmente, et qui sont désormais préparés dans des conserveries. Face à ces nouvelles habitudes alimentaires, l'aquaculture se développe, notamment en Ille-et-Vilaine, dans l'Hérault ou dans le Var ;  elle permet aujourd'hui, avec une stricte règlementation de la pêche, de prévenir les dangers de la surpêche, déjà constatée au XVIIIe siècle, et la menace d'un épuisement des fonds marins.

Terras-Neuvas dans le port de Saint-Malo
Les terreneuvas dans le port de Saint-Malo, milieu du XXe siècle © AD Ille-et-Vilaine (6 Fi Saint-Malo/326)
Scène de pêche au chalut en pleine mer, années 30 © AM La Rochelle (5Fi 2129) 

Le SHD conserve des documents relatifs à la pêche et à son commerce.

Les archives de l'ancien Service des pêches, créé en 1726 au sein des bureaux de la Marine, sont conservées par les Archives nationales, comme celles de la Marine marchande et, au sein de celles du Commerce et de l'Industrie, les Pêches maritimes ; on y trouvera également les archives de la sous-direction de l'aquaculture et de l'économie des pêches, par exemple.

Les ANOM conservent les documents relatifs à la pêche dans l'ancien empire colonial

Dans les services d'archives territoriaux, ils le sont dans les fonds des Amirautés, des Administrations provinciales et des chambres de commerce, comme dans le Calvados, le Morbihan, ou à Dunkerque ; dans l'administration des affaires économiques, comme à Nice, et dans celle du domaine maritime, comme dans le Finistère, les Landes ou le Gard ; les Archives de la Charente-Maritime conservent les archives d'un patron de pêche ; celles des Côtes-d'Armor, des documents sur la pêche à la morue en Atlantique Nord  ; les Archives de Nantes ont numérisé le journal de bord du navire balainier Le Nantais.

Le Croisic : déchargement du Poisson au retour de la pêche, XXe siècle © AD Ill-et-Vilaine (6 FI Le Croisic 77) 
Des ouvriers emballent des sardines.jpg
L'emboîtage des sardines aux Usines de Fedhala (Maroc), s.d. © ANMT(211 AQ 29)

Le tourisme

Sous l'Ancien Régime, prendre un bain de mer est presque considéré comme un acte de folie : en témoigne au XVIIe siècle la frayeur d'une amie de Mme de Sévigné à l'idée "d'être jetée toute nue dans la mer". La villégiature balnéaire est mise à la mode au début du XIXe siècle par la duchesse de Berry, qui soigne ses maux en se baignant à Dieppe, observée par des curieux inquiets de savoir si elle n'a pas été mordue "par un chien enragé" : dès lors, la haute société parisienne afflue sur les côtes normandes, suivie par une population moins fortunée sur le reste du littoral, toutes deux attirées par les vertus thérapeutiques que l'on prête à l'eau de mer, vantée dans la presse locale. Les établissements de bains se multiplient, dans les Landes, à Toulon, au Havre, et même dans l'Algérie nouvellement conquise. Le chemin de fer amène les touristes dès 1841 dans le Bassin d'Arcachon et les plages sont aménagées, comme à Dives-sur-Mer ou à Marseille.

Sous le Second Empire, le séjour à la mer perd sa fonction hygiénique : la station balnéaire devient un lieu de loisirs, comme Deauville, créée par le duc de Morny pour y installer son hippodrome, et de représentation du pouvoir, comme Biarritz, où la cour prend ses quartiers d'été avec l'impératrice Eugénie, qui reçoit dans sa villa le gotha international et les dignitaires étrangers. On perce des routes, on installe des casinos, comme à Royan, on construit des hôtels à Dunkerque et des salles de bal et de concert à Nice. Cet engouement ne fait que croître dans les décennies suivantes ; les touristes, qui appartiennent à la bourgeoisie aisée et à l'aristocratie, édifient sur tout le littoral de belles villas, comme à Wimereux, qu'ils rejoignent grâce aux nouvelles lignes de chemin de fer, celles du Paris-Orléans par exemple. Les animations se multiplient, des fêtes, du cirque, des courses d'ânes, Chanel ouvre une boutique de mode à Deauville et Calais installe des chalets de bois sur ses plages. En 1936, le Front populaire démocratise le tourisme balnéaire grâce à l'instauration des congés payés : ouvriers et employés logent dans les campings ou les auberges de jeunesse tandis que leurs enfants partent en colonies de vacances. Les Trente Glorieuses ouvrent la voie aux grandes migrations estivales et au tourisme de masse ; des stations balnéaires et des complexes touristiques sont créés ex nihilo, comme La Grande-Motte ou Port-Grimaud, aujourd'hui décriés pour avoir défiguré le littoral.

Plan et élévation d'une villa sur le littoral breton, XXe siècle © AD d'Ille-et-Vilaine (96J 432)

Les Archives nationales conservent des documents relatifs à l'aménagement touristique dans le fonds du ministère de l'Équipement et au tourisme balnéaire dans ceux des ministères du  Tourisme, de la Santé, ou de l'Intérieur par exemple.

Les ANOM et les  ANMT en conservent également.

Outre une importante iconographie, les services d'archives territoriaux conservent de nombreux documents sur le tourisme balnéaire : par exemple, sur l'aménagement du littoral, comme dans l'Hérault et à Dunkerque ; sur les plages privées, comme dans le Morbihan ou en Charente-Maritime ; sur les casinos et les cercles de jeu, comme en Gironde et dans le Var ; sur la fréquentation des étrangers, comme dans le Calvados.

 Les Archives de Cannes ont numérisé la presse locale, qui permet d'étudier la vie de la cité balnéaire de la IIIe République à la veille de la Première Guerre mondiale

Le fonds de François Spoerry, l'architecte-concepteur de Port-Grimaud, est conservé par les Archives de la Collectivité d'Alsace

Archiwebture, la base de données de la Cité de l'architecture et du patrimoine, permet d'accéder aux archives des architectes de la Grande-Motte

Affiche publicitaire pour les"Bains de mer de Trouville près Honfleur en face du Hâvre", 1838 © AD du Calvados (F/6163/2)
La plage du Havre et les Bains Frascati, XIXe siècle © AM Le Havre ( 7Fi19)
Plage de Nice, 1930-1940 © AM Nice (10Fi 614)
Vue aérienne de Port-Grimaud en construction [1966-1970] © AD du Var (22Fi  Grimaud 3)

L'esclavage

FranceArchives consacre une page aux ressources des services d'archives sur l'esclavage et la traite négrière.

Registre d'armement d'un navire négrier parti de Bordeaux, XVIIIe siècle © AM Bordeaux Métropole (1S 1)

Sciences et techniques

Dès le XVIIe siècle, des scientifiques embarquent sur les vaisseaux de guerre ou sur ceux de la compagnie des Indes pour recueillir des données qui pourraient être utiles à l’État, plantes pour le Jardin du Roi, futur Museum d’histoire naturelle, ou études astronomiques  pour l’Académie des Sciences et le Bureau des Longitudes de l’Observatoire de Paris. Sous l’influence des Lumières sont lancées dès le siècle suivant de grandes expéditions scientifiques, qui se poursuivent encore aujourd’hui, pour compléter les connaissances sur les mondes extra-européens, trouver de nouvelles routes maritimes, comme Louis-Antoine de Bougainville ou faire des levés hydrographiques, comme Charles-François Beautemps-Beaupré. La navigation s’améliore, notamment par la croissance des tonnages, l’utilisation d’instruments scientifiques comme le chronomètre de marine et la production de nouvelles cartes marines, dont les premières ont été dressées par l’École de cartographie de Dieppe dès le XVe siècle. En 1720, Louis XV crée le Dépôt des cartes, plans et journaux de la Marine, vers lequel toutes les cartes, plans, journaux de navigation et mémoires nautiques doivent être transférés. Obtenant en 1773 le monopole de la confection des cartes marines en France, il devient en 1886 le Service hydrographique de la Marine, l’actuel Service hydrographique et océanographique de la marine (Shom)

Plan descriptif et figuré des madragues situées sur la côte de la Méditerranée © Archives des Bouches-du-Rhône (1 Fi 138)

Le SHD conserve des documents relatifs aux expéditions scientifiques (Campagnes,1790-1913) et des journaux de bord dans ses fonds privés comme celui de Nicolas Baudin ; des cartes et plans issus du Service hydrographique de la Marine ; les carnets, note et manuscrits numérisés de l’hydrographe Maurice Rollet de l'Isle (1859-1943) relatifs à ses voyages et missions (1859-1943) sont disponibles en ligne, comme une sélection de cartes utilisées par les navigateurs de la Compagnie des Indes ainsi que des cartes d’Amérique et des Antilles, disponibles sur le site web de Mémoire des Hommes.

Les Archives nationales en conservent également, dans la sous-série Marine B4 (Campagnes) et dans le fonds du Service hydrographique de la Marine, notamment des cartes et plans, les observations scientifiques et géographiques, les journaux de bord et voyages et missions hydrographiques ; dans les archives de la tutelle du Ministère de l'Instruction publique sur le Muséum national d'histoire naturelle et dans celles du Museum d’histoire naturelle ; dans leurs fonds privés, comme le fonds du du commandant Charcot.

Aux ANOM, les expéditions scientifiques peuvent être étudiées dans la Correspondance à l’arrivée en provenance des colonies reçue par le ministre de la Marine et dans les séries géographiques du ministère des Colonies, comme par exemple un rapport de Jules Dumont d’Urville daté de 1838 ; des cartes sont disponibles ; sur la base d’images numérisées Ulysse

Les services d’archives territoriaux conservent des cartes, comme les Archives de Dunkerque ; les Archives de la Charente-Maritime les ont numérisées et celles de la Gironde mettent en ligne un portulan portugais daté du XVe siècle ; les Archives de Dieppe ont numérisé le journal de bord manuscrit du voyage aux Indes orientales de Jean et Raoul Parmentier en 1529

Le Museum d’histoire naturelle conserve des récits et journaux de voyage ainsi que des papiers de naturalistes présents lors des expéditions, notamment un mémoire écrit par un compagnon de Louis-Antoine de Bougainville 

L’Observatoire de Paris, la correspondance de Jean Richer, envoyé à Cayenne en 1672 étudier la parallaxe de Mars

FranceArchives propose des pages d’histoire consacrées aux expéditions de Bougainville et de Nicolas Baudin

Gallica, la bibliothèque numérisée de la Bibliothèque national de France, met en ligne les comptes rendus de l’Académie des Sciences, dans lesquels sont relatées les expéditions scientifiques et leurs découvertes.

Mémoires pour servir à l'histoire du voyage du tour du monde fait par les vaisseaux du Roi La Boudeuse et L'Étoile, dans le cours des années 1766, 1767 et 1768 © Museum d'Histoire naturelle (Ms 2214)
Cahier numérisé
État des objets à fournir par les magasins du Havre aux bâtiments destinés à l'expédition autour du monde de Nicolas Baudin, XIXe siècle © AM Le Havre, (6P9)

Le sport

FranceArchives consacre un guide thématique aux sports, et notamment aux sports nautiques.

 Marseille, les régates, XXe siècle © AD des Bouches-du-Rhône (6 Fi 6350)

Liens