Article : France-Bayern

Une publication des Archives nationales, 2006, 480 pages

 

Aucun territoire allemand du Saint Empire romain germanique ne fut un allié aussi indéfectible et déclaré du royaume de France que la Bavière. La nature particulière de ce lien eut d'abord des raisons politiques, puisque la Bavière vit toujours dans la France un contrepoids puissant à son ambitieux voisin autrichien. C'est cet équilibre que vinrent rompre l'aventure napoléonienne.

Cette alliance, que le pragmatisme des Etats avait commencer à nouer, fut affermie par les échanges spirituels, culturels et économiques, échanges qui finirent par se substituer peu à peu à ceux d'ordre politique au cours des XIXe et XXe siècles. Ces allers retours permanents entre la France et la Bavière, le présent ouvrage et l'exposition à laquelle il sert de catalogue ont eu l'ambition de les raconter en onze chapitres, non pas à une, mais à deux voix, confrontant deux historiographies, l'allemande et la française.

Durant les premiers siècles du Moyen Âge, s'esquissent les premiers contacts, essentiellement religieux, entre la Bavière et le royaume de France : des saints d'origine française (Emmeran, Corbinien, Léonard, etc.) font l'objet de cultes particuliers de l'autre côté du Rhin, tandis que des ordres monastisques comme les Cisterciens de Morimond essaiment en Bavière. Après la écovation de l'édit de Nantes par Louis XIV (1685), des huguenots fuient le royaume puir se réfuger en Franconie où ils joueront un rôle considérable dans le développement du commerce et de l'artisanat.

Du Moyen Âge datent aussi les premiers rapporchements dynastiques : nombreux furent les mariages entre souverains français et bavarois qui jalonnèrent tout l'Ancien Régime, expliquant les alliances et les guerres du XVIe au XVIIIe siècle. La plus célèbre de ces unions demeure celle d'Isabeau de Bavière avec le roi fou Charles VI. Paradoxalement, la Révolution française s'inscrit dans la continuité de ces échanges. C'est ainsi que Rouget de Lisle dédia sa Marseillaise au maréchal Lückner, bavarois de naissance et militaire français d'adoption.

Avec Napoléon, l'heure est au changement. En 1806, l'Empereur érige la Bavière en royaume, arrondit son territoire et la dote de ses frontières actuelles. En échange, le tribut des Bavarois dans les expéditions militaires françaises sera lourd et sanglant, notamment lors de la campagne de Russie. Après 1815, les relations franco-bavaroises ont pour toile de fond l'antagonisme franco-allemand : 1870-1870, 1914-1918, 1939-1945. Mais au conflit armé répondent des échanges culturels étroits. La période de l'après-guerre sonne l'heure de la réconciliation. En 1962, l'ancien prisonnier de guerre en Bavière, Charles de Gaulle, alors président de la République, est accueilli triomphalement dans les rues de Munich.

 

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