Page d'histoire : Édit portant création de l'École militaire 22 janvier 1751

Médaille de la fondation de l'Ecole militaire par Benjamin Du Vivier, 1769
Collection générale de la Monnaie
© Monnaie de Paris, musée de la monnaie

Edit du Roy portant création d'une Ecole royale militaire.
Donné à Versailles au mois de janvier 1751.
Registré en Parlement.
Paris, Archives nationales
© Service photographique de CHAN

"Par sa destination, l'École militaire est le monument le plus aristocratique de l'architecture militaire : il est noble, sans apparat, il est grandiose mais il est sévère. " (Julien Guadet).

Avec l'actuelle place de la Concorde, cet édifice est l'œuvre la plus connue de Jacques-Ange Gabriel à Paris. Sa construction, faute de moyens, fut très laborieuse. Les travaux ne commencèrent qu'en 1753 ; ils furent arrêtés en 1760, reprirent en 1768 sur un plan totalement nouveau présenté à Choiseul et réalisable par tranches. La première pierre en fut symboliquement posée le 1er juin 1769…

L'événement commémoré est donc bien la création, en France, en 1751 d'une école de cadets, comme il en existait déjà à Saint-Pétersbourg et Berlin. Trois ans après la signature du traité de paix d'Aix-la-Chapelle, Louis XV veut s'assurer la fidélité de la noblesse d'épée qui l'a servi durant la guerre de succession d'Autriche. Il désire attacher à la personne royale les nobles pouvant se prévaloir de quatre quartiers de noblesse alors que la noblesse de robe est chaque jour plus turbulente.

Le projet est novateur : il s'agit de former cinq cents jeunes gentilhommes peu fortunés, choisis en tenant compte des états de service de leurs pères. À quatorze ans, ils sont pris en charge comme boursiers par le roi et reçoivent la formation scientifique nécessaire à tout officier (mathématiques, physique, mécanique, hydraulique, fortification). Ils ne sont admis qu'après avoir été préalablement formés aux humanités dans des collèges. En 1764, l'expulsion des Jésuites permet de désigner le collège de La Flèche comme école préparatoire à l'École militaire. Les enfants y sont reçus dès l'âge de huit ans.

Le comte de Saint-Germain en 1776 compléta le projet. L'idée fondamentale de la fondation demeura toutefois la même : " former les tempéraments en même temps que les esprits et le coeur " selon la phrase de Paris-Duverney pour que les grades dans l'armée ne dépendent plus seulement de la naissance ou de la faveur royale.

L'École militaire a contribué à la formation des cadres de l'armée de la Révolution et de l'Empire. Bonaparte y a été élève en 1774-1775. Elle fut fermée pour des raisons d'économie en 1787 et connut de nombreux avatars au XIXe siècle. Quelques années après la débâcle de Sedan, elle retrouva, en 1878, sa vocation première. L'École supérieure de Guerre récemment créée s'y installa. C'est elle qui permit le renouveau de la pensée militaire française et forma les généraux de la première guerre mondiale. Elle est aujourd'hui le siège d'une véritable université militaire et concentre la presque totalité des enseignements supérieurs des armées.

Henri Volpert

Source: Commemorations Collection 2001

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