Page d'histoire : Création de la Chambre de commerce de Paris 6 ventôse an XI (25 février 1803)

Pierre Vignon, premier vice-président élu de
la chambre de commerce de Paris de 1803 à 1807;
coll. de la chambre de commerce et d'industrie de Paris
© CCIP

Arrêté portant création d'une chambre
de commerce à Paris,
département des archives de la CCIP
© CCIP

Bonaparte, avant même l’Empire, commença à dessiner les contours d’un système administratif moderne. La Révolution avait balayé les organismes qui traditionnellement conseillaient le pouvoir et les chambres de commerce ne faisaient pas exception. Le Premier consul tenait toutefois à pouvoir recueillir les avis des négociants et commerçants et, dès 1802, il entreprit de rétablir les chambres avec comme mot d’ordre : faire appel aux compétences, c’est-à-dire aux négociants et commerçants placés à leur tête.

Sous l’Ancien Régime, la ville de Paris n’était pas dotée d’une chambre de commerce et Bonaparte, dans un premier temps, n’a pas perçu la nécessité d’en créer une. C’est son ministre de l’Intérieur, Chaptal, qui lui en fit valoir le besoin, à un moment où Paris occupait déjà le premier rang des activités commerciales du pays.

Bonaparte créa donc à Paris, le 6 ventôse an XI, une chambre de commerce qui devint rapidement un interlocuteur institutionnel obligé. Elle inaugura sa tradition de mission consultative par un rapport remarqué et diffusé par les autorités sur le projet de code de commerce. Peu de temps après sa création, la chambre leva des fonds pour armer un navire afin de contribuer à l’effort de guerre. En 1803, la question de l’aménagement d’un grand port de commerce à Paris est analysée ; en 1804, c’est le contrôle de la comptabilité de la manutention aux entrepôts de la douane centrale qui lui revient de droit, avant d’en obtenir la direction en 1851.

En 1869, la chambre reprit l’École supérieure de commerce de Paris, fondée par la ville 50 ans auparavant, selon les idées et sous l’impulsion de quelques-uns de ses membres. D’autres écoles apparaîtront ensuite, notamment : HEC en 1881 ; le Centre de perfectionnement dans l’administration des affaires en 1931 ; l’EAP en 1973, dont les élèves suivent une scolarité en France, puis en Grande-Bretagne, et enfin en Allemagne ou en Espagne, et Négocia, en 1992, qui forme à la vente et aux négociations internationales. Aujourd’hui, l’institution gère douze établissements, tous installés dans le but de répondre aux besoins des entreprises. Ce sont en tout 13 000 élèves et 40 000 stagiaires en formation continue qui bénéficient de l’enseignement de 5 000 professeurs.

Le cadre législatif de 1898, complété par une loi électorale de 1908, a conféré aux chambres leur statut actuel d'établissement public dont les dirigeants sont élus par leurs pairs au suffrage universel. En outre, elles ont la particularité d'exercer leurs prérogatives aussi bien sur le plan local que national. Depuis la réorganisation administrative de la région parisienne, la CCIP comporte quatre délégations départementales : Paris, les Hauts-de-Seine, le Val-de-Marne et la Seine-Saint-Denis permettant d’établir un contact de proximité avec ses ressortissants, d’apporter quotidiennement, grâce à ses nombreux conseillers, une aide aux dirigeants, créateurs et repreneurs d’entreprises.

Depuis, la chambre de commerce et d’industrie de Paris – appellation complétée en 1960 – continue de développer ses activités, en créant des infrastructures capables de recevoir un nombre important de congressistes internationaux. En 1974, la chambre est ainsi à l’initiative de l’ouverture du Palais des congrès de Paris. Cinq ans plus tard, c’est le parc d’expositions Paris Nord-Villepinte qui est inauguré. Aujourd’hui, avec ces deux équipements phares, Paris est devenue la capitale mondiale des congrès et salons, provoquant des retombées économiques qui bénéficient aux entreprises de la région.

Ces activités opérationnelles ne se sont pas pour autant substituées à la mission consultative de la chambre : ses 64 élus continuent de présenter des propositions dans les domaines économiques et financiers, fiscaux, juridiques et sociaux. La chambre est en ce sens un intermédiaire entre l’État et les quelque 300 000 entreprises dont elle défend les intérêts et anticipe les enjeux à venir.

Le bicentenaire de la chambre de commerce et d’industrie de Paris est placé sous le signe de l’énergie d’entreprendre qu’elle ne cesse de favoriser depuis sa création, comme les travaux historiques qu’elle a lancés pour l’occasion le montreront de bien des façons. 2003 lui permettra de témoigner de l’utilité de son rôle, de sa capacité constante à innover et de son souci dominant depuis l’origine de préparer l’avenir.

Michel Franck
président de la chambre de commerce et d’industrie de Paris

Source: Commemorations Collection 2003

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