Page d'histoire : Michel de Nostre-Dame, dit Nostradamus Saint-Rémy-de-Provence, décembre 1503 - Salon, 2 juillet 1566

Portrait de Nostradamus par son fils César, vers 1614

Né à Saint-Rémy-de-Provence en décembre 1503, Michel de Nostre-Dame, plus connu sous son nom latinisé de Nostradamus, se fixa à Salon en 1547 et y mourut le 2 juillet 1566, non sans avoir beaucoup voyagé, y compris jusqu’à la cour royale à Saint-Germain. Médecin et apothicaire, il parut d’abord chercher la voie de la renommée dans la littérature des recettes dont il publia un recueil (onguents et confitures) mais, dès la même année 1555, il se spécialisa dans les almanachs et les prophéties. Le succès de cette produc-ion divinatoire fut immédiat et foudroyant, dans l’un et l’autre de ses deux volets : jusqu’à la fin de sa vie, Nostradamus a lancé chaque année, sur un marché extrêmement disputé, l’almanach de l’année suivante, selon la formule qui s’était mise en place dès la fin du XVe siècle (calendrier et prévisions astrologiques et météorologiques) et, dans le même temps, il composait ses Centuries, recueil de quatrains prophétiques en français qui ont assuré la réputation de leur auteur tant de son vivant que jusqu’à nos jours.

Sur le plan astrologique, Nostradamus se révèle pourtant un assez médiocre praticien : il maîtrisait mal le calcul des positions des planètes, et se contentait de domifications approximatives, de sorte que ses horoscopes auraient dû manquer de crédibilité ; mais sa réputation rassurait sa clientèle. On conserve une collection de ses lettres professionnelles, organisée et mise en forme par un secrétaire sous sa direction, lettres en latin pour la plupart, qui s’avèrent passionnantes par l’éclairage qu’elles apportent à ce type de relations et à la confiance d’autant plus aveugle que lui faisaient ses correspondants qu’il leur donnait des consultations qu’ils comprenaient difficilement.

Pour la rédaction de ses Centuries, Nostradamus a parfaitement assimilé la règle de base de toute littérature prophétique : rester suffisamment abscons pour que les calamités annoncées puissent se comprendre de plusieurs façons et donner par conséquent toujours raison à leur annonceur. De sorte que l’oeuvre du prophète de Salon a alimenté une bibliographie considérable de commentaires ; et il y a encore des nostradamistes convaincus qui, ayant vu dans tel ou tel quatrain la prédiction d’un événement attesté par l’histoire, prétendent trouver la clef de l’avenir dans ces textes rédigés dans une langue incertaine et équivoque dont les spécialistes ont pourtant facilement démontré que les fautes d’impression, les contrefaçons et les innombrables variantes d’une édition à l’autre ne pouvaient garantir l’authenticité.

La multiplication de ces commentaires s’est faite au détriment de ce que pourrait être une exploitation utile de tout ce fatras prophétique ; car, sur la tradition textuelle à l’âge de l’imprimerie, sur l’histoire de l’impression populaire au XVI e siècle, sur celle de la sociologie, sur les sources littéraires ou techniques de l’inspiration de Nostradamus, ses Centuries peuvent être une mine d’informations si on veut bien les interroger comme il convient.

Emmanuel Poulle
membre de l’Institut
membre du Haut comité des célébrations nationales

Source: Commemorations Collection 2003

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