Page d'histoire : Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord Paris, 2 février 1754 - Paris, 17 mai 1838

« Portrait de Tallerent (sic) jeune »
Portrait anonyme (école française), c. 1774
Château de Valençay
© archives départementales de l’Indre / R. Pecherat

Fils d’une grande famille de l’Ancien Régime, Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord était évêque d’Autun lorsqu’éclata la Révolution. Représentant du clergé aux États généraux, il comprit vite que le mouvement était irréversible et s’y engagea, proposant la nationalisation des biens du clergé et acceptant la constitution civile. Il célébra même la messe de la fête de la Fédération (14 juillet 1790). Trop modéré pour s’entendre avec les jacobins, il quitta la France, l’année suivante, pour n’y revenir qu’en 1796 et devenir ministre des Relations extérieures (juillet 1797). Il dut démissionner pour une affaire de corruption : il aimait l’argent autant que le pouvoir.

C’est pour avoir aidé à la préparation de Brumaire qu’il retrouva son portefeuille. Comme principal collaborateur diplomatique de Bonaparte, il conduisit la France à la paix générale (mars 1802). Son action multiforme avec le Premier consul ne connut alors aucun accroc, sauf au moment du Concordat… dont l’ancien évêque tira tout de même bénéfice, obtenant sa sécularisation, ce qui lui permit de convoler. Talleyrand favorisa et applaudit donc la proclamation de l’Empire. Il fut nommé grand chambellan puis prince de Bénévent.

Les nuages apparurent dans le ciel du « couple » Talleyrand-Napoléon tandis que l’empereur marchait sur Vienne (1805). Le ministre lui proposa de faire la paix avec l’Autriche afin d’instaurer un équilibre européen. Napoléon n’écouta pas son ministre et se lança dans la construction de son système. Les relations entre les deux hommes se tendirent. Talleyrand perdit son portefeuille (1807). Jugeant dès lors impossible d’endiguer l’ambition de son maître, il se rapprocha, moyennant finances, des ennemis du régime, ce qui lui vaut encore parfois l’accusation de traîtrise. Il conseilla la résistance au tsar et prépara l’après-Napoléon. Le moment venu, il aida au retour des Bourbons, représenta la France au congrès de Vienne et fit déclarer Napoléon « hors-la-loi » lors du retour de l’île d’Elbe. Louis XVIII le nomma pour quelques semaines président du Conseil (juillet-septembre 1815).

Membre de la chambre des Pairs, Talleyrand sortit une dernière fois de l’ombre sous Louis-Philippe qui le nomma ambassadeur à Londres. Il mourut à Paris, à l’âge de 84 ans.

Thierry Lentz
directeur de la Fondation Napoléon

Source: Commemorations Collection 2004

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