Page d'histoire : Roger-Henri Expert Arcachon, 18 avril 1882 - Cérons, 13 avril 1955

Roger-Henri Expert devant le médaillon Pro Gallia Pro Arte
réalisé par son ami Carlo Sarrabezolles vers 1939
Paris, Institut français d’architecture

Le plus « british » des architectes français de sa génération. Sa prestance et son élégance étaient proverbiales. Sportif, mince, portant la moustache, souvent habillé d’un costume de flanelle grise avec une cravate blanche ornée d’une perle, canne à pommeau d’ivoire. Une irrésistible allure d’officier anglais, héritage possible de ses origines gasconnes. À Bordeaux, il fréquente l’École municipale des Beaux-Arts, puis, en 1906, poursuit ses études à l’École des Beaux-Arts de Paris d’où il sort diplômé architecte en l912. Il reviendra à l’École après la guerre de l4-18, cette fois pour y enseigner jusqu’en 1953.

En 1921, il est reçu au concours des Bâtiments civils et palais nationaux et reçoit la charge de la manufacture des Gobelins et du palais du Louvre, puis comme architecte en chef, celle de l’Observatoire et du Panthéon. Son camarade d’école André Granet, gendre d’Eiffel, lui offre, en l913, l’occasion de dessiner plusieurs immeubles de la rue Desaix (il signe avec humour sa participation en faisant surgir d’une façade sa tête sculptée en pierre et celle de son amie Suzy Daidé), puis, en 1925, de collaborer aux plans de l’Atrium-Casino et de l’hôtel Splendid à Dax.

En l926, il dessine cinq villas au Moulleau sur le bassin d’Arcachon. Librement inspirées de la tradition classique, respirant la fraîcheur, elles auront bientôt une descendance monumentale dans l’ambassade de France à Belgrade dont il donne les dessins en 1928. Les critiques verront dans ces œuvres des années vingt la main d’un attique moderne. En l931, il réalise, toujours avec Granet, les inoubliables féeries lumineuses de l’Exposition coloniale, inventant des voûtes d’eau lumineuse, des ponts de palmes, des appareils d’éclairage en forme de bouclier ou de lotus, les fontaines des Najas, du Cactus, de la Grande fleur. En 1937, il est l’auteur des bassins et fontaines du Trocadéro. À Paris, il construit les ateliers extérieurs de l’École des Beaux-Arts rue Jacques Callot (1931), l’élégant Service du nivellement général de la France rue Gay-Lussac (1934), l’école de la rue Kuss (1931-34) avec sa succession de terrasses qui évoque les ponts d’un transatlantique. Mais c’est sur le Normandie qu’il assouvit sa passion pour l’architecture navale en aménageant le pont-promenade, le grand salon, le jardin d’hiver, la salle de spectacle, le grill-room et le sundeck. En 1939, il réalise avec Pierre Patout, le pavillon de la France à l’Exposition universelle de New York.

Expert a toujours associé des artistes à ses réalisations (« la bande à Expert »). S’il fait souvent appel à son ami Carlo Sarrabezolles (hôtel de ville de Reims, légation de France à Belgrade, Normandie, Trocadéro…), il invite aussi volontiers les grands artisans de l’époque et des artistes souvent originaires, comme lui, du bordelais.

Maurice Culot
architecte

Source: Commemorations Collection 2005

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