Page d'histoire : Marie Laurencin Paris, 31 octobre 1883 - Paris, 8 juin 1956

La notoriété de Marie Laurencin est légendaire et ambiguë. Son parcours social et artistique est bien sinueux, depuis la rue de Chabrol où elle naît à Paris en 1883, jusqu’aux frondaisons du Champ-de-Mars, au pied de la tour Eiffel, où elle s’éteint en 1956.

Enfant naturelle élevée par sa mère, modeste couturière, elle s’inscrit à l’académie Humbert aux côtés de Georges Braque, avant de rencontrer Guillaume Apollinaire qui l’impose parmi les peintres cubistes. Exilée en Espagne pendant la Grande Guerre avec son mari le baron Otto von Waëtjen, elle est après son divorce une parisienne lancée durant les années folles, et s’affirme rapidement comme l’une des « femmes-peintres » les plus célèbres de son temps.

L’univers immédiatement reconnaissable de Laurencin s’inspire de rêveries élégantes et tendres. Dans ses nombreuses déclinaisons du féminin : autoportraits, commandes ou effigies de jeunes filles solitaires ou complices, sa palette mêle, en compositions équilibrées et harmonieuses, des tons raffinés d’azur, rose et garance dont la séduction a fait sa signature.

Significativement, Marie Laurencin, solitaire parmi les artistes, ne fréquenta les peintres qu’entre 1907 et 1912, lorsque la muse accompagnait Apollinaire chez Picasso et ses amis du Bateau-Lavoir. Elle leur préféra toujours écrivains et poètes.

Marie Laurencin reste sans conteste comme l’une des femmes ayant su, durant la première moitié du XXe s., affirmer un talent trouvant naturellement sa place à l’égal de ses contemporains masculins. Suzanne Valadon, Sonia Delaunay, Colette, Chanel, et bien d’autres avec elles, ont également assumé en toute indépendance et avec détermination leurs choix de carrière et de vie, loin de tout engagement politique.

Le corpus de son œuvre, entre 1903 et 1956, est riche : près de 1800 peintures, sans compter les œuvres sur papier, gravures, livres illustrés, décors de ballets et de théâtre (Ballets russes, Comédie-Française) qui ont établi sa renommée. Le musée Marie Laurencin qui lui est consacré au Japon depuis 1983 présente une centaine de peintures couvrant l’ensemble de son évolution picturale.

Daniel Marchesseau
conservateur général du Patrimoine
directeur du Musée de la vie romantique
de la ville de Paris

Source: Commemorations Collection 2006

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