Page d'histoire : Michel Adanson Aix-en-Provence, 7 avril 1727 - Paris, 3 août 1806

Né à Aix-en-Provence, passionné très jeune par la botanique, Michel Adanson partit au Sénégal, à vingt-deux ans, en 1749, au service de la Compagnie des Indes. Là, il apprit le wolof, observa les sociétés et leurs usages, étudia la faune et la flore et décrivit en particulier le baobab. Rentré en France en 1754, il publia en 1757 une Histoire naturelle du Sénégal, entra en 1759 à l’Académie des sciences dont il était déjà membre correspondant. Son expérience tropicale l’ayant convaincu de l’insuffisance des classifications existantes, il en proposa une nouvelle en 1763 dans les Familles des Plantes. En contact avec Buffon et Bernard de Jussieu, adversaire de Linné, qui néanmoins donna en son honneur au baobab le nom scientifique d’Adansonia digitata, Adanson fut plus admiré que suivi. Son originalité, qui va jusqu’à l’utilisation d’une orthographe radicalement réformée, sa virulence polémique, ainsi qu’une volonté encyclopédique un peu démesurée, expliquent un isolement relatif.

La postérité n’a cessé de le relire. Certains auteurs, ayant relevé ses remarques sur la variabilité des espèces, ont vu en lui un des pionniers du transformisme. En fait, son apport le plus durable à l’idée d’évolution est d’avoir contribué à la division du règne végétal en familles naturelles, une classification dont le XIXe siècle établira le fondement généalogique. Sa méthode pour former les familles a connu une réinterprétation, résolument moderne, dans les années 1960 avec la taxinomie numérique. Mais il ne suffit pas de décrire et de classer les espèces, il faut les nommer. L’actualité d’Adanson est aussi dans son respect pour les noms locaux et les savoirs dont ils sont porteurs.

Observateur attentif, théoricien audacieux, Adanson nous rappelle opportunément que l’histoire naturelle d’un pays ne peut se séparer de l’histoire des hommes et des sociétés qui l’habitent.

Jean-Marc Drouin
directeur-adjoint du centre Alexandre Koyré
professeur au Muséum national d’histoire naturelle

Source: Commemorations Collection 2006

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