Page d'histoire : La bataille de Vouillé 507

Clovis tue Alaric II, miniature du XVe siècle

La bataille de Vouillé constitue l’acte définitif de la formation du royaume des Francs tant au niveau politique, religieux qu’international.

Clovis se considère depuis 484 comme l’héritier de Rome. Maître de la Gaule du nord, il accuse les royaumes burgonde et wisigoth d’être responsables de la chute de l’Empire d’Occident. Avant son baptême dans le catholicisme, il a déjà attaqué vainement à deux reprises le territoire aquitain. Les Gallo-Romains sont en effet partagés entre l’alliance avec les Wisigoths ariens ou l’accueil des Francs romanisants.

Le problème religieux est une source de divisions supplémentaires. D’un côté, à Paris Geneviève avec l’épiscopat martinien de Tours, représente une opinion anti-hérétique très forte, de l’autre, des sénateurs aquitains estiment que l’on peut s’entendre avec Alaric II roi des Wisigoths siégeant à Toulouse. Les  concessions que ce dernier accorde en 506 par le biais du concile d’Agde et de la proclamation d’un « Bréviaire » de droit romain font croire à cette possibilité.

Mais la conjoncture internationale est brusquement changée par un renversement d’alliances. L’empereur romain d’Orient empêche l’allié d’Alaric II, Théodoric, roi des Ostrogoths en Italie, de parvenir au secours des Wisigoths en cas d’attaque, grâce à un débarquement de troupes romaines dans le sud de l’Italie. Clovis choisit ce moment pour attaquer Alaric II. Il rencontre ses troupes à Vouillé, sur la voie romaine à l’ouest de Poitiers. Le roi Alaric II est tué, ses troupes prennent la fuite. Les Francs occupent toute l’Aquitaine jusqu’à Toulouse incluse. Les Wisigoths partent s’installer en Espagne.

À son retour, Clovis reçoit de l’empereur romain Anastase sa nomination comme consul et patrice. C’était le mettre ainsi quasiment au rang de viceempereur romain. Le royaume franc apparaît alors comme le seul héritier en Occident de la tradition politique, religieuse et culturelle romaine. La bataille de Vouillé prouve non seulement que Clovis est un grand stratège mais que désormais un successeur de l’État romain est apparu, au centre de toutes les grandes décisions concernant l’Europe.

Michel Rouche
professeur émérite à l’université de Paris IV-Sorbonne

Source: Commemorations Collection 2007

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