Page d'histoire : Achèvement du Centre national de l'industrie et des techniques La Défense, 18 mars 1958

En prévision d’une exposition universelle prévue en 1958, les architectes Robert Camelot (1903-1992), Bernard-Henri Zehrfüss (1911-1996) et Jean de Mailly (1911-1975) sont chargés d’établir une esquisse de plan masse de la Défense. Cette étude qui préfigure le plan d’aménagement du futur quartier d’affaires aurait pu n’être qu’un nouveau projet mort-né si la réalisation et le succès populaire du Centre national de l’industrie et des techniques (CNIT) ne lui avaient donné une impulsion décisive.

Les données du programme du CNIT étaient simples : dégager le maximum de surface d’exposition pour les machines lourdes à placer directement au sol et pour le matériel plus léger exposé dans les étages. Assistés de l’ingénieur Bernard Laffaille (1900-55), Camelot, Zehrfüss et de Mailly arrêtent rapidement la solution d’un triangle curviligne, couvert par un paraboloïde hyperbolique conçu en métal. Le projet sommeille pendant deux ans car la solution technique inédite effraie les constructeurs métalliques.

Pier Luigi Nervi (1891-1979) et Jean Prouvé (1901-84) complètent l’équipe dans la recherche d’une solution plus simple : celle d’un tripode couvert d’une voûte d’arête à trois branches. Finalement, c’est Nicolas Esquillan (1902-89) ingénieur conseil du groupe de constructeurs en béton BBC qui imagine la solution définitive d’une voûte à double coque décomposée en fuseaux qui respecte le parti initial du plan triangulaire libre de tout support intermédiaire.

Les architectes obtiennent un contraste saisissant entre la masse apparente de la voûte et la légèreté des façades de verre élevées par Prouvé. L’effet sera malheureusement tronqué par les contraintes de surface qui obligent à étendre les galeries latérales en saillie à l’extérieur. Les travaux se dérouleront sans encombre en un temps record de 14 mois.

Fruit d’une collaboration exemplaire entre architectes, ingénieurs et constructeurs, prouesse technique, chantier bien géré, le CNIT représente une étape décisive dans l’industrialisation et la modernisation du bâtiment en France et le développement du quartier de la Défense.

Gilles Ragot
professeur à l’École nationale supérieure d’architecture et du paysage de Bordeaux

Source: Commemorations Collection 2008

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