Page d'histoire : Victor Considerant Salins, 12 octobre 1808 - Paris, 27 décembre 1893

Victor Considerant, estampe, Blérancourt,
musée national de la Coopération franco-américaine
© RMN/Jean-Gilles Berizzi

Né à Salins, fils d’un professeur du collège, Victor Considerant a été initié au fouriérisme à 17 ans, par Clarisse Vigoureux, sa correspondante à Besançon où il préparait l’École polytechnique. Élève à l’École d’application du Génie de Metz, dès 1830 il expose les théories de Fourier dans le Mercure de France et, en 1832, fonde avec Jules Lechevalier, ancien saint-simonien, le premier journal fouriériste Le Phalanstère ou la Réforme industrielle.

Après l’échec de la tentative de colonie sociétaire à Condé-sur-Vesgre (1833), il publie en 1834 Destinée sociale, le meilleur exposé des thèses de Fourier, qui le choisit comme son successeur à la tête de l’École Sociétaire. En 1836, il fonde un nouveau journal, La Phalange, qui deviendra en 1843 La Démocratie Pacifique et connaîtra un grand succès. Après son mariage avec Julie Vigoureux (1838), il se présente à la députation en 1839 à Colmar et à Montbéliard où il a, grâce à Just Muiron, le soutien du préfet du Doubs. Il est battu, mais en 1843 il sera élu conseiller général de la Seine.

Partisan déclaré de la Révolution de 1848, il ne peut cependant faire adopter ses idées : création d’un ministère du progrès, inscription du droit au travail dans la Constitution, vote des femmes. Député de Montargis puis de Paris, en juin 1849 il doit se réfugier en Belgique après l’échec d’une manifestation contre l’appui apporté au pape en lutte avec la République romaine.

En 1854, le fouriériste américain Albert Brisbane le décide à fonder un phalanstère dans le Texas, à Réunion, aujourd’hui faubourg de Dallas. Mais c’est l’échec et Considerant se retire à San Antonio avec sa femme et Clarisse Vigoureux qui y meurt en 1865. Rentré en France en 1869, il refuse de reprendre une quelconque activité politique et termine sa vie comme un vieil étudiant. Il meurt à Paris le 28 décembre 1893.

Considerant peut être regardé comme un des pionniers du socialisme en France et le fondateur, sous la monarchie de Juillet, du premier « parti social » axé sur les principes de justice, de liberté et d’organisation du travail. Partisan déclaré d’une fédération européenne, comme Hugo, il ne verra pas ce projet réalisé de son vivant. Mais grâce à son infatigable travail de militant, à la solidité de ses analyses, à la clarté de son enseignement et de son style, il a fait connaître le socialisme en général et le fouriérisme en particulier dans le monde entier.

 

Jean-Claude Dubos
ancien élève de l’École nationale des Chartes
bibliothécaire (e. r.), médiathèque de Besançon

Source: Commemorations Collection 2008

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