Page d'histoire : Henri de La Tour d'Auvergne, vicomte de Turenne Sedan, 11 septembre 1611 - Salzbach (Allemagne), 27 juillet 1675

Détail de L’Entrée du roi à Dunkerque (Turenne est à gauche, le roi à droite)
Tenture de l’Histoire du roi d’après Charles Le Brun, 1668
Paris, collections du Mobilier national et des Manufactures nationales des Gobelins, de -Beauvais et de la Savonnerie
© Mobilier national / Photo Lawrence Perquis
 

Fils du duc de Bouillon et petit-fils de Guillaume le Taciturne par sa mère, Henri de La Tour d’Auvergne, vicomte de Turenne, est élevé à Sedan, dans la religion réformée. À quinze ans, il part en Hollande, auprès de son oncle Frédéric-Henri de Nassau, et obtient une compagnie qu’il conduit avec bravoure lors du siège de Bois-le-Duc.

Pour préserver la souveraineté du duché de Bouillon et de la principauté de Sedan que convoite Richelieu, Turenne entre au service de la France en 1630, alors que la guerre de Trente ans ravage l’Europe.

Il débute en Italie, au siège de Casale, où il se lie avec Mazarin. En 1634, il sert en Lorraine où il monte à l’assaut de la citadelle de La Motte sous un feu meurtrier, ce qui lui vaut de devenir maréchal de camp.

L’année suivante, il est sur le Rhin avec le cardinal de La Valette. L’expédition tourne mal. Lors de la retraite, Turenne vide ses chariots pour y mettre les éclopés. Voyant un soldat tomber d’épuisement, il lui prête son cheval. Sans attraits physiques, médiocre cavalier, Turenne possède un robuste tempérament qui l’incline à partager les épreuves de ses soldats.

En 1638, il retourne en Alsace auprès de Bernard de Saxe-Weimar, surprend les Impériaux à Ensisheim puis enlève Breisach, clé du passage du Rhin. En 1640, il revient en Italie et, bien que blessé, aide le duc d’Harcourt à enlever Turin. Puis il combat à Fribourg, au siège de Mayence (1644) et à Nördlingen (1645), aux côtés de Condé.

En 1648, après la paix de Westphalie, la France sombre dans la guerre civile. Turenne se joint d’abord aux Frondeurs. Mais conduire des Espagnols contre des troupes françaises heurte sa conscience. Il se rallie à Mazarin qui lui offre le commandement des armées royales et le titre de « prince étranger », juste derrière les princes du sang.

En 1652, à Bléneau, il bat Condé et gagne le pardon de Louis XIV. Vaincu à Valenciennes en 1656, Turenne se rachète en 1658 par la victoire des Dunes qui met fin à la Fronde. Il devient « maréchal général des camps et armées du roi ». Durant la guerre de Dévolution (1661-1668), il prend Tournai et Charleroi à l’Espagne.

Après le décès de son épouse, Charlotte de Caumont de La Force, Turenne se convertit au catholicisme en 1668, sous l’influence de Bossuet et la pression du roi.

En 1673, pendant la guerre de Hollande, les Impériaux de Montecuccoli l’obligent à repasser le Rhin. Il prend sa revanche à Sinsheim, en Alsace, en juin 1674. Il ordonne alors la mise à sac du Palatinat puis bouscule à nouveau les Impériaux à Entzheim avant d’enlever Belfort et Mulhouse.

Les Impériaux campent à Turckheim, au pied des Vosges. Au mépris des usages militaires du temps, Turenne attaque par la montagne, en plein hiver. Le 5 janvier 1675, il se rue dans la vallée et surprend l'ennemi qui se replie au-delà du Rhin. Il vient de remporter sa plus spectaculaire victoire.

À l’été suivant, il se retrouve face à Montecuccoli et le défie devant Salzbach. Avant le combat, il apostrophe sa jument Carcasse : « Tu trembles, Carcasse, mais tu tremblerais bien davantage si tu savais où je vais te mener ». Il est tué par un boulet de canon au début de la bataille.

Turenne fut enterré dans la basilique royale de Saint-Denis puis déplacé pendant la Révolution. Mais, en 1800, Napoléon Bonaparte – un de ses admirateurs – le fit transférer aux Invalides.

Henri Sacchi
historien, spécialiste de la guerre de Trente ans
romancier

Source: Commemorations Collection 2011

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