Page d'histoire : Ouverture de la première école vétérinaire du monde Lyon, 10 janvier 1762

Claude Bourgelat (1712-1779)
Lithographie d’Auguste Lemoine, s.d. Direction des Archives départementales du Val-de-Marne
© Direction des Archives départementales du Val-de-Marne

Au moment de célébrer son 250e anniversaire, l’École vétérinaire de Lyon, paradoxalement, n’existe plus : depuis le 1er janvier 2010, le « berceau de l’enseignement vétérinaire » est occupé par VetAgroSup ! À cette date en effet, un nouvel établissement, implanté à Marcy-l’Étoile et à Lempdes, est né de la fusion de l’École vétérinaire de Lyon avec l’École nationale d’ingénieurs des travaux agricoles de Clermont-Ferrand et l’École nationale des services vétérinaires. Son projet, qui porte sur quatre enjeux mondiaux (l’alimentation, le développement durable, le partage des connaissances et les échanges internationaux), permet de mesurer le chemin parcouru depuis l’ouverture le 10 janvier 1762 de la toute petite et première école vétérinaire au monde. Installée au faubourg de la Guillotière, celle-ci ne reçoit que 38 élèves. On lui donnera longtemps le nom d’« Académie » car elle est la fille de l’Académie royale d’équitation dirigée par un homme d’action, intelligent et ambitieux.

Claude Bourgelat, né à Lyon en 1712, reçoit d’abord une formation d’avocat, puis obtient en 1740 le brevet d’écuyer qui lui permet de diriger l’Académie du Roi. D’écuyer, il devient hippologue et publie des ouvrages qui le font connaître à l’étranger. Il est correspondant de l’Académie royale des sciences et collabore à l’Encyclopédie. En 1761, grâce à la protection de Bertin, ancien intendant de la généralité de Lyon, il obtient, par un arrêt du Conseil d’État du Roi du 4 août, l’autorisation d’ouvrir à Lyon « une école pour le traitement des bestiaux », qui recevra, en 1764, le titre d’École royale. En effet, le succès ne s’est pas fait attendre : de 1762 à 1764, s’est déclenchée dans toute la France une épizootie de peste bovine ou de stomatite pseudoaphteuse contre laquelle Bourgelat envoie aussitôt ses meilleurs élèves en mission dans les campagnes ; les soins les plus élémentaires ayant suffi à juguler l’infection ou bien l’intervention des Lyonnais ayant eu lieu en fin d’épizootie, en tout cas, la chance sourit à Bourgelat ! Mais celui-ci quitte sa création pour ouvrir, en 1766, l’école d’Alfort qu’il dirigera conjointement avec celle de Lyon jusqu’à sa mort le 3 janvier 1779.

Grâce à ses élèves étrangers, l’École de Lyon commence rapidement à essaimer. Brugnone, élève en 1764, crée l’école de Turin en 1769. Abildgaard fonde l’école de Copenhague en 1773, le Suédois Hernquist, celle de Skara en 1775. Vienne suit en 1777. À la veille de la Seconde Guerre mondiale, une centaine d’écoles vétérinaires fonctionneront à travers le monde. À Lyon, la maison mère rencontre malheureusement à ses débuts des difficultés dont elle est sauvée grâce à l’énergie des Brédin, père et fils, directeurs de 1780 à 1835. Installée depuis 1795 dans le couvent des Deux-Amants à Vaise, l’école, qui s’étend peu à peu sur le couvent voisin des Cordeliers, est l’objet, après 1843, d’une rénovation générale dirigée par l’architecte parisien Chabrol. Durant cette période, la médecine vétérinaire brille d’un éclat tout particulier à Lyon. Nous ne citerons que les trois grands savants que sont Auguste Chauveau (18271917), Saturnin Arloing (1846-1911) et Pierre-Victor Galtier (1846-1908).

En 1962, lors des cérémonies du bicentenaire de l’École de Lyon, les orateurs souhaitent tous son installation dans des locaux plus vastes : elle déménage en octobre 1977 à Marcy-l’Étoile. Dans ses nouveaux bâtiments et sous son nouveau nom de VetAgroSup, l’École vétérinaire de Lyon fait toujours preuve aujourd’hui de l’esprit novateur qui a été celui de son vénéré fondateur.

Yvonne Poulle-Drieux
secrétaire-adjoint de la Société Française d’Histoire de la Médecine et des Sciences Vétérinaires
conservateur en chef honoraire du patrimoine

Source: Commemorations Collection 2012

Liens