Page d'histoire : Fondation de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres 1663

Séance de rentrée solennelle sous la Coupole, le 25 novembre 2011, sous la présidence de M. André Vauchez entouré de MM. Jean-Pierre Mahé (à sa gauche, nouveau président de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres) et de Michel Zink, (à sa droite, secrétaire perpétuel de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres)
© Brigitte Eymann/Académie des Inscriptions et Belles-Lettres
 

En février 1663, Colbert, alors surintendant des Bâtiments du roi, fit appel à un certain nombre de membres de l’Académie française particulièrement érudits pour qu’ils l’entourent de leurs conseils en ce qui concerne les inscriptions latines apposées sur les monuments royaux et sur les légendes des médailles célébrant les principaux  événements du règne de Louis XIV. Leur compétence s’étendait également aux sujets, le plus souvent mythologiques, des tapisseries et des opéras représentés à Versailles, ainsi qu’à l’histoire des villes et des régions conquises par le « roi-soleil ». En 1683, Louvois installa au Louvre cette « compagnie » dont les travaux servaient la gloire du monarque, et son successeur, le comte de Pontchartrain, plaça à sa tête Jean-Paul Bignon, bibliothécaire du roi, qui était à la fois un savant et un homme de cour. Avec ce dernier s’amorça un tournant décisif vers les études historiques. En 1701, elle reçut le nom d’Académie des Inscriptions et Médailles et devint une institution d’État dotée de la personnalité juridique, dont le président était nommé chaque année par le roi. Son statut l’autorisait à se consacrer à la connaissance de l’antiquité grecque et latine, ainsi qu’à l’étude des découvertes et des ouvrages d’érudition qui lui étaient consacrés. Pour répondre à cette extension du champ de ses travaux, le nombre de ses membres fut porté à quarante, dont certains devaient résider à Paris, tandis que d’autres étaient recrutés en province et à l’étranger. En 1716, elle prit le nom – qu’elle a encore aujourd’hui – d’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, ce dernier terme désignant ce qu’on appelle aujourd’hui les humanités. De fait, à côté de grands érudits dans le domaine de la diplomatique et de l’édition des textes latins du Moyen Âge comme les mauristes Mabillon ou Montfaucon, l’Académie compta au XVIIIe siècle des spécialistes de l’épigraphie et de la paléographie  latine  et  grecque,  comme  le  comte  de  Caylus,  des orientalistes comme Jean-Jacques Barthélémy et Silvestre de Sacy, et s’ouvrit même avec Anquetil-Duperron, aux cultures de l’Inde. Comme le précisa en 1786 un nouveau règlement, toutes ces disciplines devaient concourir à l’établissement des « Antiquités » de l’histoire de la France, en se fondant sur l’étude des langues, des littératures ainsi que des monuments qui commençaient alors à faire l’objet de fouilles archéologiques, mais aussi, la découverte des autres grandes civilisations. Supprimée par la Convention en 1793, l’Académie fut reconstituée en 1795 et  réformée en 1803 par Napoléon Bonaparte qui l’installa dans l’ancien Collège des Quatre-Nations, institué par Mazarin en 1661. Elle y a encore aujourd’hui son siège dans le cadre de l’Institut de France. Fidèle à ses traditions, l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres constitue une société de savants réunis par un idéal de recherche, qui compte 55 membres élus à vie, 20 associés étrangers et 70 correspondants tant français qu’étrangers.

 

André Vauchez
ancien directeur de l’École française de Rome membre de l’Institut

 

Voir Célébrations nationales 1995, p. 101 ; 2001 et 2005

Source: Commemorations Collection 2013

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