Page d'histoire : Jean-Baptiste Massillon Hyères (Var), 24 juin 1663 - Clermont-Ferrand, 28 septembre 1742

Jean-Baptiste Massillon,évêque de Clermont(1663-1742)
Huile sur toile, École française, 1719
Paris, palais de l'Institut
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La place aménagée sur le parvis de l’église Saint-Sulpice de Paris abrite une fontaine monumentale. Cet édifice représente selon les points cardinaux, les quatre grandes figures épiscopales du règne de Louis XIV : Jacques-Bénigne Bossuet, Esprit Fléchier, François de la Mothe-Fénelon et Jean-Baptiste Massillon.

Ce dernier est né en 1663 à Hyères, en Provence. En 1669, il entre au collège des Pères de l’Oratoire. En 1678, il poursuit ses études dans l’établissement marseillais de l’ordre. Reçu comme novice, il devient professeur à l’Oratoire de Pézenas, puis il reçoit l’ordination sacerdotale en 1691. Par la suite, il se rend à Paris où il devient formateur au séminaire Saint-Magloire.

Les premiers discours de Massillon, qui vont le ranger parmi les plus fameux orateurs de la France classique, sont ses six sermons de l’Avent prononcés en 1699 devant Louis XIV. Ayant gagné l’admiration du roi, Massillon commence ses prédications à Versailles en 1704. Le souverain a pour lui ces mots : « Je veux, mon père, vous entendre tous les deux ans ». Mais, sans doute sous l’influence du confesseur jésuite de ce dernier, le père François de La Chaise, Massillon tombe en disgrâce. Des rumeurs de sympathies supposées pour le courant janséniste circulent à la Cour. Pour autant, ses qualités de prédicateur sont toujours appréciées. Aussi, Massillon est-il amené à prononcer d’autres oraisons funèbres, dont il se fait l’un des grands spécialistes. Puis, en 1715, vient le moment de glorifier Louis XIV lui-même dans ce texte célèbre notamment pour ces premiers mots : « Dieu seul est grand mes frères ». En 1717, Jean-Baptiste Massillon est nommé à l’évêché de Clermont. En 1718, il est élu à l’Académie française.

Fidèle à sa haute conception de l’état sacerdotal, le nouvel évêque rassemble chaque année ses prêtres lors de synodes, au cours desquels il assure lui-même des conférences. Les thèmes évoqués révèlent sa vision du pasteur des âmes : « De l’avarice des prêtres », « Du soin que les curés doivent avoir de leurs malades »… Confronté à la question janséniste, le prélat entend conduire une politique mesurée. En 1727, l’évêque de Senez, Jean Soanen (1647-1740), est exilé à l’abbaye de La Chaise-Dieu. Cet homme est l’un des principaux acteurs d’un courant spirituel qui divise le monde catholique. Le cœur de la querelle porte sur la définition de la Grâce accordée par Dieu. Massillon ne va avoir de cesse de respecter l’homme, tout en s’opposant à lui publiquement afin de combattre des convictions qu’il ne partage pas.

Homme de lettres, il se constitue une belle bibliothèque. Pour accueillir ses quelques 2 500 volumes, il transforme totalement une pièce de l’évêché. Cette galerie compte neuf mètres de long sur quatre de large. Son contenu révèle la qualité de son propriétaire. Pour l’essentiel, il s’agit d’ouvrages religieux : Écriture sainte, œuvres des Pères de l’Église, théologie… Au total, le portrait de Jean-Baptiste Massillon est celui d’un prédicateur à la morale sévère. Il est également celui d’un pasteur des âmes qui a su prendre soin des affaires de son diocèse avec une grande exigence.

Stéphane Gomis
professeur des universités Clermont II – Blaise-Pascal

Source: Commemorations Collection 2013

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