Page d'histoire : Signature du traité de Paris 10 février 1763

Vue des Magazins de la Compagnie des Indes à Pondichéry, de l'Amirauté et de la Maison du
Gouverneur

Estampe, XVIIIe siècle - Lorient, musée de la Compagnie des Indes
© Y. Boëlle - Musée de la Compagnie des Indes - Ville de Lorient
 

Le traité de Paris signé le 10 février 1763 met un terme à la guerre de Sept Ans qui a commencé dès 1754 sur le continent américain et en août 1756 en Europe. Faisant suite à un renversement spectaculaire des alliances, ce conflit voit principalement la France, l’Autriche, la Russie puis, à partir de 1761, l’Espagne affronter la Grande-Bretagne et la Prusse. Il a pour origine la volonté de l’Autriche de récupérer la Silésie perdue lors des conflits précédents et la rivalité franco-britannique en Amérique du Nord.

Alors que le traité de Hubertsbourg, signé le 15 février de la même année entre l’Autriche et la Prusse, confirme la validité des frontières de 1756 entre ces deux pays, le traité de Paris concerne la France, la Grande- Bretagne et l’Espagne, sur quatre continents. En Europe, la France échange Minorque contre Belle-Île. En Amérique du Nord, le Canada est cédé à la Grande-Bretagne, la Louisiane à l’Espagne (par le traité secret de Fontainebleau du 3 novembre 1762), la France ne conservant que Saint-Pierre-et-Miquelon et un droit de pêche sur Terre-Neuve. Dans les Antilles, la France récupère la Martinique, la Guadeloupe, Sainte-Lucie et Marie-Galante alors que toutes les autres îles deviennent anglaises. En Inde, seuls les comptoirs de Chandernagor, Karikal, Mahé, Pondichéry et Yanaon sont restitués à la France. Enfin, en Afrique, la France perd le Sénégal à l’exception de l’île de Gorée.

Le traité est cependant accueilli en France comme une victoire diplomatique et économique, et célébré à Paris le 22 juin 1763, lors d’une grande fête place Louis XV, à l’occasion de la publication du traité. Cette joie populaire tient à une campagne d’opinion bien orchestrée, sous l’influence directe de Voltaire qui, entre 1753 et 1763, s’emploie à démontrer l’inutilité pour la France de conserver les « quelques arpents de neige » canadiens, territoire de faible population qu’il juge improductif et déficitaire. À l’inverse, la récupération des riches et rentables îles à sucre des Antilles apparaît comme une victoire.

La réalité est bien plus contrastée tant la France sort sérieusement affaiblie de cette guerre. Militairement, la France a concédé plusieurs défaites sur terre et sa marine est profondément diminuée. Elle est en outre, comme tous les autres pays européens, fortement endettée. Enfin, et c’est le plus grave, le traité de Paris signe la fin du premier empire colonial français et, à plus long terme, le début du déclin de la domination militaire française sur l’Europe.

Laurent Veyssière
conservateur général du Patrimoine
chef de la Délégation des patrimoines culturels direction de la Mémoire, du Patrimoine et des Archives, ministère de la défense

Source: Commemorations Collection 2013

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