Page d'histoire : Etablissement des fondations de la cathédrale de Strasbourg 1015

Cathédrale de Strasbourg, crypte. Vue de l’ouest, sous le transept de la cathédrale de Strasbourg, de la crypte du XIIe siècle dont deux pilastres subsistent du XIe siècle.
© Fondation de l’OEuvre Notre-Dame

Mur gouttereau de la cathédrale wernérienne de Strasbourg dans le sous-sol de la chapelle Saint-Laurent, entre deux fondations de contreforts du XIIe siècle.
© DRAC Alsace – SRA

A l’édifice décrit en vers par Ermold le Noir au milieu du IXe siècle, incendié en 1002 par les troupes du duc de Souabe (Hermann) et jusqu’à présent non reconnu en fouille, succéda la cathédrale de Werner de Habsbourg, évêque de Strasbourg, dont la première pierre fut posée en 1015. Celle-ci, plusieurs fois réparée à la suite d’incendies (en 1136, 1140, 1150, 1176), connut une reconstruction à partir des années 1180.

Ce sont les travaux de consolidation du pilier de la tour nord en 1907-1914 par J. Knauth et Ch. Pierre qui révélèrent les vestiges de la construction wernérienne : à l’ouest, dans le massif de façade, la puissance inégale des fondations semble confirmer un couronnement à deux tours qui encadraient le porche central, divisé en trois nefs de deux travées, les deux espaces latéraux étant situés dans le prolongement des bas-côtés.

La cathédrale à chevet plat, ménageant ainsi l’important axe de circulation de l’époque antique qu’était le cardo maximus, présentait une longueur de près de 103 mètres. Elle comportait des parties voûtées (crypte, chapelles, porche) : quelques témoins fugaces de l’édifice primitif, parfois en remploi, sont visibles dans la salle orientale de la crypte dont les larges pilastres ont conservé partiellement leur taille décorative des années 1015.

Les fondations parementées en moellons des grandes arcades nord de la nef ont été observées et photographiées dès 1907 par Johann Knauth ; dans un sondage réalisé par Hans Zumstein dans le transept, en 1967, le sol ottonien a été rencontré à 66 centimètres de profondeur par rapport au dallage actuel.

Si les fondations du mur extérieur du bas-côté nord avaient été reconnues en 1835 par l’architecte Fries, les substructions et élévations du mur gouttereau nord ont été révélées sous l’actuelle chapelle Saint-Laurent entre 1967 et 1972 par Robert Will : le parement du mur wernérien présente, du côté nord, un ressaut d’une quinzaine de centimètres de large à 2,50 mètres au-dessous du dallage actuel ; les assises d’une hauteur de 10 à 15 centimètres de l’élévation sont régulières et continues tandis que la fondation, d’une hauteur de 2,45 mètres et d’une épaisseur de 1,73 mètres, présente des assises de hauteur variable avec des moellons parfois disposés en oblique.

À l’origine, la chapelle Saint-Laurent était dénommée chapelle Saint-Martin, ancienne chapelle paroissiale dont on peut célébrer le cinq centième anniversaire puisque sa construction fut entreprise en 1515 (pour s’achever en 1521).

Ainsi aujourd’hui encore, l’ensemble du bas côté nord de la cathédrale de Strasbourg repose-t-il sur ses fondations wernériennes de mille ans.

 

Marie-Dominique Waton
ingénieur d’études, DRAC-SRA d’Alsace
UMR 7044, archéologie et histoire ancienne : Méditerranée-Europe

Source: Commemorations Collection 2015

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