Henri Gouraud

Le général Gouraud accompagné d’officiers d’état-major, photographie agence Meurisse, 1916, Paris, Bibliothèque nationale de France.
Henri Gouraud est d’abord un grand soldat. Nommé en 1894 en Afrique, il fait partie des héros de l’aventure coloniale française. En 1898, il capture Samory, l’empereur du Ouassalou, succès utilisé par le gouvernement pour contrebalancer l’échec de Fachoda. En 1908, il dirige l’expédition de Mauritanie. À partir de 1911, il contribue avec Lyautey à l’établissement du protectorat au Maroc. Au début de la Première Guerre mondiale, Gouraud est au front avec une brigade marocaine. En 1915, il est grièvement blessé aux Dardanelles. En décembre 1916, il remplace Lyautey comme résident général au Maroc. En 1918, commandant la 4e armée, il résiste avec audace à l’offensive de Ludendorff en Champagne et lance une contre-attaque qui aboutit à la libération de Sedan. Le 25 janvier 1919, il reçoit les insignes de grand-croix de la Légion d’honneur dans Strasbourg en liesse. En octobre 1919, il est nommé haut-commissaire de la République française en Syrie, commandant en chef l’armée du Levant. À Beyrouth, il proclame le Grand Liban. À Damas, il établit le mandat français. Gouverneur militaire de Paris de 1923 à 1937, il effectue plusieurs tournées triomphales à l’étranger, notamment aux États-Unis et au Mali, pour le cinquantenaire de la conquête. Au lendemain de la guerre, Gouraud est pour les Français l’incarnation vivante de l’héroïsme des Poilus. Son rayonnement, « tout attraction, tout fluide » (Lyautey), sa silhouette raide, conséquence de ses blessures, sa « barbe rude qui semblait avoir été grillée par le soleil d’Afrique » (Paluel-Marmont), son regard bleu en font l’image d’une France restée droite dans l’épreuve et qui veut garder espoir au lendemain du plus terrible conflit de son histoire. Mais Gouraud n’est pas qu’un soldat. Tout au long de sa carrière, il fait preuve d’une curiosité inlassable pour les pays qu’il visite. Il se passionne pour les hommes et les territoires, rassemblant une collection de plus de dix mille photographies, parmi lesquelles les premières de certaines régions, la Mauritanie notamment. Elle est aujourd’hui une source de première importance pour les historiens de l’Afrique et du Proche-Orient.
Jean-Philippe Dumas
conservateur en chef du patrimoine
ministère des Affaires étrangères
Pour aller plus loin...
- Lire aussi 1956, année charnière dans le Maghreb (Célébrations nationales 2006).
Programme des manifestations
- La direction des Archives diplomatiques organise une exposition sur les photographies de la collection Gouraud
- Julie d'Andurain, spécialiste du monde arabe, a publié en 2016 une monographie sur la carrière d'Henri Gouraud, Photographies d'Afrique et d'Orient, Trésors des archives du Quai d'Orsay (Paris, éd. Pierre de Taillac, 2016, 240 p.) : le 23 février 2017, elle la présente lors d'une conférence organisée par l'association des Amis des Archives diplomatiques.
- Le 19 mai 2017, dans le cadre des Rendez-vous de l'histoire du monde arabe, l'Institut du monde arabe propose la projection d'un Voyage filmé à travers les États du Levant : images du Liban et de la Syrie à l'époque du mandat français, commenté par Henry Laurens, professeur au Collège de France, Agnès Magnien, directrice de l'Institut national de l'audiovisuel (INA) et Julie d'Andurain.