Page d'histoire : Claude de L’Aubespine Orléans (Loiret), 1er mai 1510 – Paris, 11 novembre 1567

Claude de L’Aubespine est l’archétype de ces grands serviteurs de l’État qui ont permis d’en assurer la continuité dans une période fort troublée. Les responsabilités qui lui ont été données tour à tour par François Ier, Henri II, François II et Charles IX témoignent de sa  compétence et de la grande confiance placée en lui.

Issu d’une famille établie au XIVe siècle en pays chartrain, Claude II de L’Aubespine naît à Orléans. Baron de Châteauneuf-sur-Cher, vicomte de La Forest-Taumier et maire de Tours en 1557-1558, c’est au plus haut sommet de l’État que ses talents vont surtout s’exercer. L’année 1537, au cours de laquelle il devient secrétaire du roi, marque le début d’une brillante carrière. Son mariage en janvier 1542 avec la fille de l’un des commis les plus influents de François Ier lui permet d’accéder l’année suivante au secrétariat d’État et des Finances. Il bénéficie ensuite du règlement du 1er avril 1547 qui fixe à quatre le nombre de secrétaires, en confiant à chacun la maîtrise de la correspondance des affaires d’État pour un espace géographique donné. L’Aubespine se voit personnellement confier la zone incluant l’Allemagne, la Suisse, la Champagne, la Bourgogne, la Bresse et la Savoie. Désormais installé au coeur de l’État, veillant sur les deniers publics à une époque où les dernières guerres d’Italie et le début des troubles religieux requièrent des moyens croissants, Claude de L’Aubespine va faire preuve d’une grande compétence. Sa loyauté monarchique, sa modération, son sens de l’État en font un conseiller et un confident très écouté de Catherine de Médicis. Travailleur acharné, il se dit « harassé comme un chien » lors des pourparlers qui mènent au premier édit de pacification en 1563. Intègre et modéré, il est tout naturellement désigné pour remplir de délicates missions diplomatiques. Ainsi est-il plénipotentiaire français lors des négociations des traités de Crépy-en-Laonnois (18 septembre 1544) et d’Ardres (17 juillet 1546), tout comme lors de la conférence de Marcq (mai 1555) qui mène à la signature de la trêve de Vaucelles avec Charles Quint (février 1556). Plus encore, son rôle lors des négociations qui aboutissent aux traités du Cateau-Cambrésis (2 et 3 avril 1559) – qui mettent un terme aux affrontements de plusieurs décennies avec l’Angleterre, l’Espagne et le Saint Empire romain germanique – retient l’attention. Ses qualités sont également exploitées au plan national, lorsqu’il est par exemple choisi pour négocier la reddition de Bourges en 1562, participer aux négociations de paix en 1563 et à l’entrevue de Bayonne en 1565. Jusqu’au bout, Catherine de Médicis viendra écouter ses précieux conseils, comme en ce jour du 10 novembre 1567, la veille de sa mort, où elle vint le voir sur son lit d’agonie.

Grégory Champeaud
professeur docteur en histoire moderne

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Source: Commemorations Collection 2017

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