Page d'histoire : Jacques Ignace Hittorff Cologne (Allemagne), 20 août 1792 – Paris, 25 mars 1867

Jacques Ignace Hittorff est un archéologue  incontesté et un architecte inclassable du XIXe siècle. Pourtant, sa réputation n’atteindra pas celle des Labrouste, Duban, Baltard, Garnier, Viollet-le-DucCorneille aurait pu dire de lui : « Mais que sert le mérite où manque la fortune ? » . Inspiré par les antiques, il s’est affranchi de la tradition et a utilisé ses recherches archéologiques pour bâtir des édifices exprimant sa passion pour la polychromie. Natif de Cologne, il rejoint Paris après l’annexion de la Rhénanie et s’inscrit en 1811 à l’École impériale et spéciale des beaux-arts où il est rapidement remarqué. Embauché par l’architecte François Joseph Bélanger sur le chantier de la Halle au blé, il participe à la réalisation de sa coupole, premier ouvrage métallique à Paris qui influencera sa production. Le congrès de Vienne prive Hittorff de sa nationalité française et de la possibilité de concourir au prix de Rome, mais il bénéficie d’une solide formation classique et manifeste une inclination pour l’architecture hellénique. François Joseph Bélanger le fait nommer inspecteur des fêtes et cérémonies royales. Il visite l’Italie et découvre le rôle de la couleur dans les constructions antiques. À son retour en 1824, il dresse le décor des funérailles de Louis XVIII puis prépare le sacre de Charles X à Reims. Il publie en 1827 ses travaux sur l’Italie et inaugure avec l’architecte Lecointre le théâtre de l’Ambigu-Comique en 1828. Sa carrière prend un réel envol avec l’agencement de la place Louis-XVI sur laquelle il dresse l’obélisque de Louxor. Il alterne alors chantiers prestigieux et publications sur la polychromie et l’art grec. Il est membre fondateur de la Société des beaux-arts. Hittorff établit en 1833 un projet pour la construction de l’église Saint-Vincent- de-Paul, dans laquelle il expérimente ses théories décoratives et emploie l’acier pour la structure du bâtiment. Il aménage en 1834 les Champs-Élysées et construit la place de l’Étoile, malgré de vives polémiques avec le baron Haussmann. Il retrouve, à la demande de ses pairs, la nationalité française, et entre à l’Académie des beaux-arts. Il travaille en 1850 à la mairie du Ve arrondissement, construit un immeuble avenue Gabriel et inaugure le Cirque d’Hiver. Il publie en 1851 La Restitution du temple d’Empédocle, ou l’Architecture polychrome chez les Grecs. Architecte du bois de Boulogne, il crée l’avenue de l’Impératrice. Traversant les régimes, il gagne les faveurs de l’empereur, souvent aux dépens du puissant préfet Haussmann. En 1853, il réalise avec Armand le lotissement de la rue de Rivoli, aujourd’hui le Louvre des antiquaires. Hittorff réalise enfin l’un des plus beaux bâtiments parisiens, la gare du Nord, qui allie la monumentalité à la technique innovante de l’acier. Sa maîtrise de la structure, de la lumière, de la composition de la façade lui confère indéniablement le statut d’architecte moderne. L’originalité d’Hittorff réside dans la maîtrise de son art et dans son aptitude, comme Viollet-le-Duc, à intégrer les techniques nouvelles dans ses constructions. Il ne copie et n’imite pas, il adapte les modèles antiques aux exigences de son siècle et ses travaux sur la polychromie ont fait de lui le maître indiscuté de la couleur.

Antoine Daudré-Vignier
architecte DPLG

Source: Commemorations Collection 2017

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