Page d'histoire : Siège et prise de Lille Mai-août 1667

Au début de mai 1667, les paysans « commencèrent à sauver tous leurs meubles dans la ville de Lille ». Le 24, lien vers l'autorité personne Louis XIV sur FranceArchives entrait en Flandre à la tête de l’armée conduite par Turenne. « Et les Français prenaient les villes sans être en guerre », s’insurge le tisserand lillois Chavatte1. Les motifs invoqués pour cette invasion : la dot de la reine Marie-Thérèse restait largement impayée et celle-ci réclamait, après le décès de Philippe IV, quatorze provinces et fiefs des Pays-Bas espagnols en vertu d’un droit brabançon dit « de dévolution ». L’enjeu réel était de repousser la frontière au nord. Bergues, Tournai, Courtrai, Douai sont prises. Le 10 août, l’armée royale est devant Lille.
Vauban et les pionniers ouvrent la tranchée le 18. Avec 3 300 soldats et les milices bourgeoises, le gouverneur Philippe Spinola, comte de Bruay, ne peut résister à 35 000 hommes. Le 26 août, deux demi-lunes sont prises. Le magistrat urbain pousse à la capitulation signée dans la nuit du 27 au 28 ; elle garantit les privilèges de la ville. Le roi et la reine font leur entrée le 28 août. Lille est française de fait : elle l’est de droit après le traité d’Aix-la-Chapelle du 2 mai1668. « Ce fut une paix sans joie parce qu’on demeurait au roi de France », conclut Chavatte, car la ville était coupée de l’espace économique et politique avec lequel elle vivait depuis des siècles.

1« Chronique mémorial des choses mémorables de par moy Pierre Ignace Chavatte », 1657-1693. Le mémorial d’un humble tisserand lillois au Grand Siècle, Alain Lottin (éd.), Bruxelles, Commission royale d’histoire, 2010.

Alain Lottin, président honoraire des universités de Lille-III et d’Artois

Source: Commemorations Collection 2017

Liens