Page d'histoire : Guillaume Couture Rouen (Seine-Maritime), 14 janvier 1618 – Québec (Canada), 4 avril 1701

Carte de l’Amérique septentrionale contenant le pays du Canada ou Nouvelle France, la Louisiane, la Floride, gravure de Jean-Baptiste Louis Franquelin, 1688.

Depuis le 15 mai 2017 est ouvert, dans la ville québécoise de Lévis, un parc Guillaume-Couture qui rappelle la contribution de ce coureur des bois à la présence française en Amérique du Nord. Une délégation de ses nombreux descendants, installés au Canada et aux États-Unis, s’y réunira, en 2018, pour célébrer le 400e anniversaire de sa naissance. Guillaume Couture fut baptisé le 14 janvier 1618 dans l’église Saint Godard de Rouen, au cœur d’une paroisse dans laquelle son père était maître menuisier. Il travailla d’abord dans l’atelier paternel. Puis, probablement convaincu par des jésuites rouennais de s’engager à leurs côtés comme serviteur laïc, il partit pour Québec, au plus tard en 1637. Durant l’été 1641, il rejoignit des missionnaires de la Compagnie de Jésus en Huronie, revint à Québec au printemps suivant et repartit presque aussitôt, mais, le 2 août 1642, à l’entrée du lac Saint Pierre, il fut capturé par des Agniers, une nation de la confédération iroquoise, qui le torturèrent, puis l’adoptèrent afin de remplacer un des leurs tué au combat. Devenu un Français « ensauvagé », il acquit une très bonne maîtrise de la langue iroquoise, ce qui lui permit de contribuer à la paix entre les Français et les Agniers conclue à Trois Rivières en 1645.

En 1647, le gouverneur Montmagny lui concéda une terre sur la rive droite du Saint Laurent, juste en face de Québec, à l’emplacement de Lévis. C’était un endroit exposé aux attaques amérindiennes, mais la double identité française et iroquoise de Guillaume Couture lui permit d’être le premier à s’y installer. Il se maria en 1649 avec Anne Aymart, une Poitevine originaire de Niort, et tous deux fondèrent une nombreuse famille.

De temps en temps, il lui arriva de délaisser sa vie de pionnier défricheur pour reprendre son existence de coureur des bois. Ainsi, en 1661 et 1663, il participa à des expéditions qui tentèrent de découvrir un accès à la baie d’Hudson. Ce fut à l’occasion de la deuxième qu’il put atteindre le lac Mistassini et la rivière Rupert. Puis, en 1666, il retourna en Iroquoisie, à la demande du gouverneur Courcelles, pour protester contre les meurtres de deux officiers français par des Agniers.

Les archives montrent qu’il avait un caractère peu commode, mais qu’il était malgré tout un notable de la colonie. Il occupa les fonctions de greffier, notaire, juge sénéchal et membre du conseil souverain. Il fut aussi capitaine de milice. En 1690, il participa à la défense de Québec contre les Anglais. Veuf depuis 1700, Guillaume Couture décéda à l’hôtel Dieu de Québec le 4 avril 1701. On ne connaît pas avec certitude le lieu de son inhumation, mais son souvenir perdure dans toute l’Amérique du Nord.

Éric Thierry
historien et enseignant

Source: Commemorations Collection 2018

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