Page d'histoire : Rétablissement de la statue d’Henri IV sur le Pont-Neuf 25 août 1818

Installation de la nouvelle statue du roi Henri IV à côté du Pont-Neuf, dessin (crayon, encre de Chine et aquarelle) non signé, 1818, collection de dessins sur Paris réunie par Hippolyte Destailleur, Paris, Bibliothèque nationale de France.

1614, 1792 et enfin 1818, que nous commémorons cette année, trois dates ont marqué l’histoire de la statue équestre d’Henri IV placée sur le Pont-Neuf à Paris. Vers 1604, la reine Marie de Médicis décide d’élever une statue équestre d’Henri IV, faisant appel à Jean de Bologne puis à Pietro Tacca. L’inauguration a lieu le 23 août 1614. Le piédestal sera achevé en 1618, avec ses bas-reliefs et ses quatre captifs enchaînés dus à Pierre Francqueville et Francesco Bordoni. Habilement inséré dans le projet urbanistique du roi, le « cheval de bronze » fait dès lors partie du paysage parisien, emblème attaché à l’histoire et la légende du Béarnais. Vénérée au début de la Révolution, la statue est brisée en 1792 et l’on dépose à l’Assemblée le procès-verbal de l’inauguration de 1614 trouvé à l’intérieur du cheval. Seuls les captifs, placés au Louvre, sont épargnés. Dès la première restauration, l’on songe au rétablissement de la statue, même provisoirement. Le sculpteur Roguier exécute dans l’urgence, sur un projet de Bélanger, une statue en plâtre appliqué sur une carcasse métallique. Deux inscriptions sont placées sur le piédestal : Ludovico reduce, Henricus redivivus* et « Tout périssoit enfin lorsque Bourbon parut, Henriade ». C’est cette statue que peut voir Louis XVIII lors de son entrée dans Paris, le 3 mai 1814. Le 23 avril 1814 le conseil général de la Seine décide de rétablir la statue définitivement et de lancer une souscription. La liste des 7 070 souscripteurs est éclairante : beaucoup de fonctionnaires et de particuliers, peu de nobles, sauf chez les militaires, quelques ecclésiastiques et des francs-maçons. On note une grande disparité entre les départements, la palme revenant aux Basses-Pyrénées où seul « Casadevant (Jean), Béarnais » daigna souscrire. Une médaille est offerte aux souscripteurs. À l’avers figurent les profils d’Henri IV et de Louis XVIII, par Raymond Gayrard, au revers l’inscription : « À nos fidèles sujets pour avoir spontanément et de leurs deniers rétabli la statue de notre VIe aïeul, Henri IV. » Désigné pour la réalisation, le sculpteur François Frédéric Lemot signe, le 3 janvier 1815, un marché d’un montant de 337 870 francs. Partie de l’atelier du Roule le 14 août 1818, l’œuvre arrive sur le Pont-Neuf le 17. Dès le 14 au soir « le peuple, par un mouvement spontané, s’était saisi des cordages où étaient attelés les bœufs ». La dernière étape est assurée par soixante chevaux de marine. Enfin, le 25 août 1818, la statue est dévoilée et inaugurée par Louis XVIII. On a écrit que le ciseleur Mesnel avait placé dans la sculpture une statuette de Napoléon et des pamphlets bonapartistes. Les travaux de restauration de 2005-2007 ont montré qu’il n’en était rien.

*« Par le retour de Louis, c’est Henri qui revit. »

Jacques Perot
archiviste paléographe

Source: Commemorations Collection 2018

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