Document d'archives : Aménagement de l'espace urbain

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« Il n’y a dans Auxerre que deux places publiques, dont l’une est devant l’église cathédrale, et l’autre est appelée place des fontaines. Les rues de cette ville sont propres et bien pavées. Il y a un assez bon nombre de belles maisons et quantité d’églises fort belles et bien ornées ». Ce tableau dressé par l’abbé Expilly en 1763 montre bien l’action du corps de ville sur l’espace urbain. Le corps de ville intervient dans deux domaines qui font l’objet d’un soin particulier. La rue, tout d’abord, dont on régularise le tracé par le biais de l’alignement ou que l’on entretient à travers le pavage et le nettoyage des boues. De même, des équipements urbains sont mis en place, pour l’approvisionnement en eau, pour l’agrément avec l’aménagement de promenades et, enfin, pour la salubrité, avec la fermeture des cimetières intra-muros. I. — Plan du quartier du couvent des Cordeliers L’intervention sur l’espace urbain nécessite la connaissance de celui-ci. Parmi les plans d’Auxerre dressés sous l’Ancien Régime, on signalera tout particulièrement le plan d’Oudin (1713), et le plan de Rondé et Lacasne (1750), tous deux conservés à la Bibliothèque municipale d’Auxerre. Dans les archives de la communauté d’habitants figure seulement un plan schématique du quartier du couvent des Cordeliers, exécuté en 1758. II. — Voirie A. Alignements L’alignement permet de fixer la limite entre le domaine domaine privé et le domaine public. La politique d’alignement tend à régulariser le tracé des voies, y compris en les élargissant aux dépens des propriétés privées. Un registre de procès-verbaux d’alignement passés entre novembre 1768 et septembre 1769 a été conservé. Il est probable que ce registre soit le seul rescapé d’une série qui devait en comprendre plusieurs. Un contrat et une note relatifs à des alignements ont été conservés par ailleurs. B. Pavage des rues Le pavage des rues n’est pas considéré en Bourgogne comme une compétence de police. Tous les corps de ville, même avec des prérogatives restreintes, peuvent engager des travaux de pavage, hormis sur les itinéraires de traversées de villes pour lesquels les États sont compétents. Le pavage est également un élément de prestige pour les riverains. La régularité des chantiers, ainsi que les montants élevés des dépenses de pavage pour la communauté ont certainement joué en faveur de la conservation des contrats et procès-verbaux d’adjudication liant la ville aux entrepreneurs. La série documentaire couvre la période 1628 à 1731 sans grandes lacunes. C. Nettoyage des rues Le souci de salubrité incite le corps de ville à réglementer le nettoyage des rues. Il s’agit là d’un domaine de police où la ville peut édicter les règles qu’elle entend voir appliquer par les riverains. Le corps de ville délègue à des particuliers le nettoyage des rues et l’évacuation des boues : à l’exception d’un contrat passé entre le corps de ville et le voiturier Jean Collot en 1685, cette opération fait l’objet d’adjudications au XVIIIe siècle. La série des procès-verbaux d’adjudication couvre la période 1728-1789. III. — Équipements communs A. Équipements pour l’approvisionnement en eau Le débit des puits et sources situés dans l’enceinte ou dans les environs immédiats de la ville s’est souvent révélé insuffisant pour assurer l’approvisionnement des habitants en eau. Cette partie se consacre aux documents relatifs aux projets, à la construction et à l’entretien des ouvrages pour l’approvisionnement en eau de la ville. 1. Concession aux habitants d’Auxerre du droit de prendre les eaux de la fontaine de Vallan L’amenée des eaux potables de Vallan est l’opération la plus ancienne conduite par la ville pour s’assurer un approvisionnement régulier en eau potable. Les habitants d’Auxerre obtiennent en 1495 le droit de conduire les eaux de Vallan à Auxerre par accord avec Antoine de Bourneil, commandeur du Saulce, de Sacy et de Villemoison. 2. Engagement de fontainiers et consultation d’experts Cette partie regroupe les pièces relatives à l’engagement de professionnels pour assurer des aménagements hydrauliques. Des fontainiers sont engagés par le corps de ville pour assurer l’entretien régulier des fontaines et de leurs canalisations. Mais devant une pénurie d’eau latente au XVIIIe siècle, la ville fait appel à des spécialistes. En 1731, l’incendie du quartier du Grand-Caire, dont les maisons sont couvertes de paille, met en évidence l’insuffisance de l’approvisionnement en eau en période de grande sécheresse. À la suite de cet événement dramatique, Servais Sualem Rennequin, ingénieur ordinaire du roi, est appelé à inspecter la source de la fontaine Sainte-Geneviève et ses canalisations. En 1733, Pierre Couplet des Tortreaux, professeur royal de mathématiques, est chargé d’étudier un plan de réparation des fontaines. Le déplacement à Auxerre et l’indemnisation de Pierre Couplet des Tortreaux donnent lieu à de nombreux échanges entre celui-ci, le corps de ville et l’intendant Pierre-Arnaud de Labriffe. 3. Aménagement de conduites d’eau et de fontaines Les pièces concernant les opérations d’aménagements hydrauliques ponctuels sont essentiellement des documents qui constatent l’opportunité d’une action (copies de conclusions du corps de ville, procès-verbaux, correspondance avec l’intendant de Bourgogne), ou qui engagent la communauté dans des travaux (contrats, procès-verbaux d’adjudication, quittances). Les aménagements ont été présentés en commençant par les opérations menées sur les Grandes fontaines, les fontaines et les conduites d’eau situées à l’intérieur de l’enceinte, puis en abordant les travaux de conduites d’eaux extérieures à la ville : les travaux pour la conduite des eaux de Vallan et la conduite des eaux de Sainte-Geneviève. On signalera tout particulièrement les pièces relatives à l’aménagement d’une conduite d’eau entre la source de Vallan et la ville par Jean-François Leclerc d’Indinville entre 1646 et 1649, un devis et un reçu concernant les travaux effectués par Claude-Antoine Couplet pour la formation et la conduite d’une source venant de Sainte-Geneviève (1707), et une correspondance suivie entre Pierre-Arnaud de Labriffe, intendant de Bourgogne, et le corps de ville au sujet de la remise en état des conduites d’eau des fontaines de Sainte-Geneviève alimentant les Capucins (1717-1731). 4. Aménagements de puits Cette partie rassemble quasi-exclusivement les pièces concernant une affaire qui illustre les difficultés d’approvisionnement en eau de la ville. Pierre-Edme-Alexandre Villetard obtient en 1734 la permission d’enclôre une place où se trouve le puits Ragot, à condition de financer la construction d’un puits sur la place des Véens. Le nouveau puits n’offre pas un débit satisfaisant ; il finit par être comblé en 1741. B. Aménagement de la promenade entre la porte Saint-Siméon et la porte d’Égleny L’aménagement des promenades n’est abordé que par une seule pièce isolée, une ordonnance de l’intendant de Bourgogne sur requête du corps de ville, datée de 1742. Pour documenter la chronologie des travaux d’aménagement des promenades, le chercheur se reportera de préférence aux pièces justificatives de dépenses qui lui offriront de plus amples informations. C. Fermeture des cimetières intra-muros Au milieu des années 1780, la fermeture des cimetières des paroisses Notre-Dame-la-d’Hors, Saint-Eusèbe, Saint-Loup, Saint-Pèlerin, Saint-Pierre-en-Château et Saint-Pierre-en-Vallée, tous situés à l’intérieur de l’enceinte de la ville, traduit un souci sanitaire croissant. Parmi les pièces de la procédure aboutissant à l’interdiction des cimetières par l’évêque d’Auxerre en décembre 1784, on signalera tout particulièrement les plans des cimetières levés entre 1784 et 1785. Malgré les contestations de fabriciens opposés à la fermeture de leurs cimetières, le corps de ville décide de faire procéder à l’arpentage d’un terrain situé dans l’enclos des Capucins afin d’y établir le nouveau cimetière. __________ 1. Jean-Joseph Expilly, Dictionnaire géographique, historique et politique des Gaules et de la France, t. 1, Avignon, 1763, p. 410. 2. Christine Lamarre, Petites villes et fait urbain en France au XVIIIe siècle : le cas bourguignon, Dijon, Éd. Universitaires de Dijon, 1993, p. 526. 3. Voir à ce sujet la partie « Nettoyage des rues et enlèvement des boues » dans le chapitre de cet instrument de recherche consacré à la police. 4. Feudiste 117 n° 1 : accord entre Antoine de Bourneil et les habitants d’Auxerre (3 juillet 1495). 5. Olivier-Jacques Chardon, Histoire de la ville d'Auxerre jusqu’aux États généraux de 1789, t. 2, Auxerre, Impr. Gallot-Fournier, 1835, p. 437 ; Feudiste 119 n° 12 : procès-verbal d’inspection par Servais Sualem Rennequin (17 octobre 1731). 6. Voir le chapitre de cet instrument de recherche consacré à la « Gestion des finances de la ville ». 7. DD 46. 8. DD 48 : mémoires, requêtes, pièces de procédure, correspondance (1785-1788). 9. DD 47 : copie d’une conclusion du corps de ville (24 mars 1786).

Cote :

DD 33 à 48, Feudiste 97 n° 17, 112 n° 12, 112 n° 22, 117 n° 1 à 117 n° 10, 118 n° 1 à 118 n° 2, 118 n° 5 à 118 n° 20, 119 n° 1 à 119 n° 2, 119 n° 4 à 119 n° 6, 119 n° 11 à 119 n° 14, 121 n° 1 à 121 n° 10, 131 n° 9, 154 n° 6 à 154 n° 9, 154 n° 11 à 154 n° 1

Description :

Critères de sélection :
conservation

Où consulter le document :

Communauté de l'Auxerrois et Ville d'Auxerre - Service des archives

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