Document d'archives : 293. — Désordres des Bénéfices.— Vidimus d'un extraict du Parlement, tiré, le 7 janvier 1393, des ordonnances du roy Charles VI,...

Titre :

293. — Désordres des Bénéfices.— Vidimus d'un extraict du Parlement, tiré, le 7 janvier 1393, des ordonnances du roy Charles VI, faites à Paris en l'hostel St-Paul le 6 octobre 1385, sur les désordres des Bénéfices, que le Roy apprit par la bouche de son Procureur général, en présence des Princes de son sang et Gens de son Conseil, que quoyque les bénéfices du Royaume eussent esté fondés par ceux qui ont fait bastir les églises, pour faire le service divin et pour entretenir les prestres y servans, pour réparer les ruines qui surviendroient, pour y nourrir les pauvres et les retirer en certaines maisons des dits bénéfices, pour les décorer de calices, ornemens, reliques et joyaux, et que l'intention des fondateurs ait esté qu'ils peussent donner l'entretien à des pauvres clercs estudians en théologie et autres sciences, afin qu'au bout de leurs cours ils en fussent pourveus ;— néar- moins, depuis certain tenps, les nouveaux Cardinaux, au nombre de 36 ou environ, usurpoient tellement tous les bénéfices du Royaume , qu'il n'y en avoit pas assés pour eux ny pour leurs maisons, à cause qu'en d'autres royaumes ils en ont fort peu,— et mesme aussy plusieurs autres, qui demeurent hors du Royaume, impétrent les abayes, priorés conventuels, les hospitaux et mesme les offices cloistraux des dites abayes et les dignités des églises catédrales et collégiales, — et tout ce qu'il en peuvent tirer, eux Cardinaux et autres l'emportent hors du Royaume, laissant les églises, abayes, monastères en si grande pauvreté que ceux qui y doivent faire l'office, ne sçavent de quoy vivre et les abandonnent, et les édifices tombent en ruine, en telle sorte qu'on n'y voioit plus que ronces et espines, — et pour faire voir qu'ils n'ont pas pluralité de bénéfices, ils font pourveoir des personnes affidées aux priorés et autres moindres bénéfices, sous une pension annuelle, qui monte quelquefois à la valeur des revenus du dit bénéfice, ce qui occasionne le pourveu d'abandonner le service, ce qui est cause que les Universités sont désertes ; — et ce qui est encore plus esloigné de raison, quoy que de droit et d'ancienne coustume il soit permis aux Évesques de tester et d'ordonner des exécuteurs testamentaires, qui (lors que le cas arrivoit), ou leurs héritiers, estoient contraints par les Officiers du Roy de réparer les maisons épiscopales, afin qu'elles fussent en bon ordre à l'advènement d'un successeur, toutefois les Collecteurs ou sous-collecteurs du Pape dans les provinces où le cas arrive, de l'autorité du mesme Souverain Pontife, emportent tous les meubles, mesmes ceux que le défunct avoit acquis par son industrie et qui doivent apartenir à ses héritiers, sans faire aucune réparation à la maison ny paier les créanciers, ce qui portoit un grand préjudice au Royaume, d'autant que les héritiers des Évesques se treuvant avoir quelque chose pourroient servir honestement Sa Majesté dans ses guerres ; — et ces Collecteurs ne se contentent pas encore des biens des Évesques décédés, mais de plus gouspillent et ne laissent rien aux abaies, après la mort des Abbés, quoyque les Abbés n'aient rien de propre, et les successeurs Abbés, qui doivent encore paier le service au Pape, se treuvans desnués de toutes commodités, ne treuvoient rien pour la nourriture des Moines, qui abandonnoient le service divin, et les Abbés estoient contraints, pour les empescher de mendier, de vendre les calices, ornemens et joiaux des dits monastères ; — et, ce qui est encore pis, après la mort d'un Abbé et tandis que l'abaie est en vacance, les susdits Collecteurs et leurs commis disent que la temporalité et les fruicts apartiennent à Sa Sainteté et la mettent sous sa sauvegarde, et encore s'attribuent les fruicts de la première année de tous les bénéfices vacans soit par résignation ou par permutation, sans faire aucune réparation,— et là où il arrive que les Prélats prennent les revenus du premier an et la Fabrique ceux du second, les Collecteurs prennent les fruicts du premier an pour Sa Saincteté, le second an les fruits de la vacance de prélature, et le troisième les fruits de la fabrique, et ainsi, pendant trois ans, ceux qui portent les charges de l'Église se trouvent le plus souvent contraints de mendier et gueuser et deviennent vagabonds, au grand dommage de leur caractère et du Royaume, qui demeure espuisé de finances. — Le Roy,désirant obvier à tous ces désordres, ordonna que le Prévôt de Paris et les Sénéchaux et Baillifs dans leurs provinces, mettroient à sa main tous les fruits et la temporalité des bénéfices tenus par les Cardinaux ou autres, demeurans hors le Royaume, et feroient réparer les ruines des Églises des revenus qui en proviendroient, et pourvoieroient aux Religieux, selon leur nombre, de vivres et nécessités compétentes; se prenans garde que leurs commis facent la moindre despense qu'ils pourront, parce que Sa Majesté entend qu'ils rendent compte de toute leur administration et rendent le résidu de ce qu'ils auront perçeu; lesquels Commissaires seront choisis du consentement des Religieux ou frères des dits monastères, hospitaux ou des Abbés, etc. — N° xj.

Cote :

Louvet 293

Inventaire d'archives :

Louvet

Personnes :

PHILIPPE VI

Thèmes :

OFFICIER, SALAIRE

Type de document :

CHARTE, VIDIMUS

Où consulter le document :

Commune de Montpellier - Archives municipales

Commune de Montpellier - Archives municipales
    • 293. — Désordres des Bénéfices.— Vidimus d'un extraict du Parlement, tiré, le 7 janvier 1393, des ordonnances du roy Charles VI, faites à Paris en l'hostel St-Paul le 6 octobre 1385, sur les désordres des Bénéfices, que le Roy...

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