Document d'archives : Cultes

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La partie consacrée aux cultes rassemble les documents relatifs aux affaires religieuses traitées par la communauté d'habitants. Les registres paroissiaux, production documentaire issue des paroisses, ne sont pas décrits ici, mais dans un instrument de recherche spécifique. I. — Relations avec le clergé et les communautés religieuses d'Auxerre La communauté d'habitants entretient des relations suivies avec le clergé local. Toutefois, on notera que les documents conservés dans le fonds de la communauté d'habitants n'ont aucun caractère exhaustif pour l'histoire des communautés religieuses auxerroises. Le chercheur intéressé par cette matière devra impérativement consulter les fonds desdites communautés conservés aux Archives départementales de l'Yonne.

Les quelques titres constitutifs concédés aux habitants d'Auxerre par des autorités ecclésiastiques ont été décrits dans la partie afférente ; on trouvera donc dans le présent chapitre des documents relatifs aux relations courantes avec ces autorités. Enfin, les documents concernant les jésuites, traitant essentiellement de la gestion du collège ont été décrits dans la partie relative à l'enseignement. A. Relations avec l'évêque d'Auxerre et les chanoines du chapitre cathédral de Saint-Étienne Peu nombreux sont les documents issus des relations entre les habitants et l'évêque d'Auxerre, d'une part, et les chanoines du chapitre cathédral Saint-Étienne, d'autre part. Les trois pièces conservées sont un accord entre l'évêque et des agents du duc de Bourgogne au sujet de la levée de l'interdit prononcée par l'évêque contre les opposants à la levée de décimes dans le diocèse ; la copie d'un acte concernant l'abolition de la cense seigneuriale perçue par le chapitre sur les habitants de Cravant ; enfin une copie de conclusion du corps de ville rapporte les remerciements du corps de ville à Jean Lebeuf pour l'envoi de son Histoire ecclésiastique et civile de la ville et comté d'Auxerre, en 1743. B. Relations avec les communautés religieuses Les relations des habitants d'Auxerre avec les communautés religieuses sont mieux représentées. Ici, les documents ont été classés en commençant par les communautés religieuses masculines, suivies par les communautés féminines. Les ordres sont ensuite présentés chronologiquement, en fonction de la date de la première pièce présente dans le fonds. 1. Communautés masculines a. Bénédictins de l'abbaye Saint-Germain L'abbaye Saint-Germain naît autour d'un oratoire dédié à saint Maurice, fondé par l'évêque Germain (v. 378-448), puis transformé en basilique funéraire lorsque celui-ci y est enterré. La communauté de clercs qui dessert le sanctuaire devient une communauté monastique régulière, sans doute vers 657-666. L'abbaye Saint-Germain connaît un grand développement et devient notamment un centre intellectuel renommé à l'époque carolingienne.

Les relations des habitants d'Auxerre avec l'abbaye sont donc anciennes ; la description des documents s'organise autour de trois thèmes principaux.

Les transactions passées entre les habitants et les religieux, à la suite à la prise d'Auxerre le 10 mars 1359 par les troupes anglo-navarraises de Robert Knowles forment un premier groupe de documents. Deux actes retracent les différents engagements des habitants d'Auxerre envers les religieux mis à contribution afin d'éviter l'incendie de la ville par les Anglais.

Dans la première moitié du XVIIe siècle, l'aménagement du collège sur des terrains situés à proximité de l'abbaye, par la communauté d'habitants et par les jésuites, entraîne la naissance de contentieux avec les religieux. Par deux accords passés en 1645 entre l'abbaye et le corps de ville, les religieux renoncent à percevoir les droits seigneuriaux qu'ils revendiquaient.

L'enceinte de la ville, construite dans la seconde moitié du XIIe siècle par les comtes Guillaume et Pierre de Courtenay, englobe la clôture de l'abbaye, elle-même fortifiée de murs et de tours à cette époque. L'entretien et l'usage des fortifications, par les habitants comme par les religieux, conduisent à la passation de plusieurs accords. Ainsi, les habitants d'Auxerre obtiennent un droit de passage sur les murs de l'enceinte de l'abbaye en 1470. Entre les années 1660 et les années 1730, l'enceinte de la ville, désormais dépourvue d'intérêt militaire, est réaménagée à plusieurs reprise par les religieux. b. Franciscains i. Cordeliers Les frères mineurs, ou franciscains, sont institués par François d'Assise après 1209. Doté d'une règle en 1221, l'ordre se développe rapidement. Dans le premier quart du XIIIe siècle, en même temps que la communauté d'habitants s'organise, les franciscains s'établissent à Auxerre, d'abord à Sainte-Nitasse sur le chemin de Saint-Bris, en 1225, puis intra-muros grâce à l'intervention de la comtesse Mathilde, avant les années 1250. L'église et le couvent des cordeliers abritent les premières assemblées du corps de ville, avant la construction de l'hôtel de ville. De ces liens entre les religieux et la ville ne subsistent ici que deux pièces, relatives au versement d'une rente de 10 livres par les habitants, contre l'utilisation du mur du couvent pour la construction d'une halle au poisson. ii. Capucins L'ordre des Frères mineurs capucins naît en Italie dans les années 1520, dans le contexte des débats qui traversent alors le mouvement franciscain. L'ordre se diffuse dans l'ensemble de l'Europe ; caractérisés par une stricte observance de la règle franciscaine, les capucins ont en France une grande influence sur la spiritualité du premier tiers du XVIIe siècle.

À Auxerre, les capucins s'établissent durant l'été 1606 sur un terrain situé à l'extérieur de la ville, au faubourg Saint-Amâtre. Avec le soutien des habitants et celui de l'évêque qui est l'acquéreur du terrain, une église est rapidement construite, accompagnée de bâtiments et d'un calvaire devant la porte du couvent. En 1613, l'établissement est complété par la construction d'un dortoir et d'une librairie. Les capucins d'Auxerre bénéficient en 1617 d'un don de 2 000 livres accordé par leur provincial, sur une somme léguée à l'ordre par un capucin d'origine picarde. En remerciement des libéralités consenties par les habitants en leur faveur, les capucins d'Auxerre cèdent 1 800 livres à la ville en 1619. c. Dominicains L'ordre des frères prêcheurs (dominicains, ou jacobins) est fondé en 1215 ; ils sont installés à Auxerre dans la paroisse Saint-Pierre par Amicie, comtesse de Joigny en 1241. Une seule pièce peut être rattachée à cette communauté ; elle concerne le don par la ville aux frères prêcheurs en 1656 d'un dais présenté à Christine de Suède lors de son passage à Auxerre. d. Augustins déchaux Les augustins déchaux (dits aussi ermites de Saint-Augustin, augustins déchaussés, ou Petits-Pères) forment un ordre mendiant issu du démembrement de la congrégation des ermites de Sicile à la fin du XVIe siècle. N'ayant pas de maison de leur ordre entre Paris et Lyon, ils demandent à s'établir à Auxerre en 1661. L'autorisation d'installation leur est accordée par l'évêque d'Auxerre Pierre de Broc, ainsi que par le corps de ville, qui leur défend toutefois de procéder à des quêtes. Ils s'établissent paroisse Saint-Eusèbe, puis paroisse Notre-Dame-la-d'Hors, dans une maison dont ils font l'acquisition en 1665. La première pierre de leur église y est posée en présence du corps de ville représentant le duc de Bourbon, en avril 1718. 2. Communautés féminines a. Bénédictines de l'abbaye Saint-Julien d'Auxerre L'abbaye Saint-Julien, d'abord installée dans la cité, est déplacée hors les murs au début du VIIe siècle par Pallade, évêque d'Auxerre, qui y installe des religieuses. Devant la menace des Huguenots, les habitants décident la destruction du monastère et de l'église en 1591. Les religieuses s'établissent d'abord en ville, puis dans une maison leur appartenant à Charentenay. Malgré les pressions des évêques successifs leur enjoignant de regagner Auxerre, les religieuses ne s'exécutent qu'à la fin des années 1640. En mai 1647, Pierre de Broc pose la première pierre du nouveau monastère que les religieuses viennent occuper en 1649. En septembre 1610, le roi transmet une requête des religieuses enjoignant les habitants de trouver un lieu d'accueil à la communauté ; il s'agit de la seule pièce relative aux bénédictines de Saint-Julien dans le fonds. b. Ursulines La congrégation des ursulines est fondée en Italie en 1535 ; elle s'installe à Paris en 1608. Si les ursulines forment à l'origine des compagnies séculières non cloîtrées, la clôture et la prononciation de vœux solennels leur sont progressivement imposées. La communauté d'Auxerre connaît une évolution similaire à celle de la congrégation. À l'origine, un groupe d'« honnêtes demoiselles » utilise les locaux du « Vieux collège » depuis 1613 avec le soutien de l'évêque, afin d'instruire les jeunes filles. Le 22 juin 1617, le corps de ville autorise les demoiselles à former une communauté monastique sous la règle des ursulines, à condition de respecter la clôture et de continuer à se consacrer à l'instruction des jeunes filles. L'évêque François de Donnadieu donne des constitutions aux ursulines d'Auxerre en 1623 ; elles font construire une église à partir de 1638. c. Carmélites déchaussées et religieuses de Sainte-Catherine (jacobines) Deux conclusions du corps de ville autorisent les carmélites, puis les religieuses de Sainte-Catherine à s'installer à Auxerre, respectivement en 1622 et 1634. Mais ces projets d'installation sont demeurés sans suite. d. Visitandines La congrégation de la Visitation de Sainte-Marie est fondée à Annecy en 1610 par Jeanne de Chantal et François de Sales. Les visitandines ont pour vocation de visiter les pauvres et les malades. C'est Jeanne de Chantal qui propose au corps de ville l'installation des visitandines à Auxerre en 1630, mais cette proposition est repoussée. Le projet est réitéré en 1656, avec le soutien de l'évêque et celui de Melle de Montpensier, alors exilée au château de Saint-Fargeau. Le corps de ville réserve sa réponse et demande la présentation préalable des statuts de la communauté. En décembre 1658, des religieuses venues d'Orléans s'établissent paroisse Saint-Eusèbe où elles installent provisoirement un cloître et une chapelle. Le corps de ville approuve leur installation, à la réserve de traiter des modalités de leur établissement. Cette même réserve est à nouveau invoquée l'année suivante lorsque les religieuses souhaitent prendre possession des maisons qu'elles ont achetées paroisse Notre-Dame-la-d'Hors. La chapelle des visitandines est consacrée en 1715 par Mgr de Caylus. e. Religieuses de la Providence Issue du « Séminaire de la Providence » fondé par une collaboratrice de Vincent de Paul, Marie de Pollalion, en 1630, afin d'instruire et élever les jeunes filles, la congrégation des Filles de la Providence et de l'union chrétienne est créée en 1647. Bien qu'il ne s'agisse pas de leur vocation première, les maisons des religieuses de la Providence auront notamment pour vocation d'accueillir et d'instruire des protestantes dans la religion catholique. À Auxerre, un groupe de filles séculières s'organise en 1658 avec le soutien de l'évêque Nicolas Colbert. Après plusieurs années d'exercice, Nicolas Colbert obtient du roi des lettres patentes régularisant l'établissement des religieuses, approuvé par le corps de ville en 1678. II. — Réformés Le passage de la ville sous la domination des protestants, entre septembre 1567 et mars 1568 constitue un épisode fondateur de la mémoire urbaine catholique locale. Les protestants prennent la ville par surprise les 27-28 septembre et la garnison qui occupe la ville se signale par des brutalités et des pillages, notamment sur la cathédrale et les églises. Signée à Paris le 23 mars 1568, la paix de Longjumeau met un terme à la domination protestante : un gouverneur envoyé par le roi est installé mi-avril. Le 26 avril, dimanche de Quasimodo, profitant de l'absence des protestants partis assister à leur prêche au faubourg Saint-Amâtre, les catholiques ferment les portes de la ville. Par la suite, la ville célébrera l'anniversaire de ce qu'elle considère comme sa délivrance, par des processions publiques. Durant cette période de revanche contre les protestants, les habitants d'Auxerre présentent au roi une requête pour définir les modalités d'application de la paix de Longjumeau dans la ville. Charles IX y répond par des apostilles le 11 mai 1568. III. — Relations avec les fabriques des paroisses d'Auxerre Les archives des fabriques antérieures à la Révolution ayant vocation à être conservées par les Archives départementales, on trouvera surtout ici des pièces reçues par le corps de ville relatives aux affaires de la fabrique de Notre-Dame-la-d'Hors. Il s'agit d'une part d'un paiement effectué par le corps de ville en vue de réparations à l'église de la paroisse, en 1628 ; et d'autre part, de constitutions de rentes passées par les fabriciens entre 1629 et 1660. __________ 1. Feudiste 211 n° 3 (12 août 1457). 2. Feudiste 211 n° 2 (4 mai 1442). 3. Feudiste 112 n° 23 (1er décembre 1743). 4. Noëlle Deflou-Leca, Saint-Germain d'Auxerre et ses dépendances (Ve-XIIIe siècle). Un monastère dans la société du haut Moyen Âge, Saint-Étienne, Publications de l'Université de Saint-Étienne, 2010, 750 p. (Collection « Congrégations, ordres religieux et sociétés », CERCOR). 5. Jean Lebeuf, Mémoires concernant l'histoire civile et ecclésiastique d'Auxerre et de son ancien diocèse, t. 3, Auxerre-Paris, Perriquet et Rouillé/Dumoulin, 1855, p. 232-238 ; Yves Sassier, « Auxerre au Moyen-Âge, 1re partie : histoire générale ; vie politique et institutionnelle », dans Jean-Pierre Rocher, dir., Histoire d'Auxerre des origines à nos jours, Roanne-Le Coteau, Éd. Horvath, 1984, p. 93-120, aux p. 113-114. 6. Feudiste 141 n° 3 (21-25 avril 1359) et Feudiste 141 n° 4 (18 mai 1371). 7. Jean Lebeuf, Mémoires... op. cit., t. 3, p. 98, p. 98 n. 1, et p. 127. 8. Feudiste 141 n° 5 : accord entre l'abbé et les religieux de Saint-Germain, d'une part, et les habitants d'Auxerre, d'autre part (28 janvier 1470). 9. Jean Lebeuf, Mémoires... op. cit., t. 1, p. 401 ; t. 3, p. 179. 10. Feudiste 155 n° 1 (7 décembre 1701), Feudiste 155 n° 5 (24 mai 1717). 11. Olivier-Jacques Chardon, Histoire de la ville d'Auxerre jusqu'aux États généraux de 1789, t. 2, Auxerre, Impr. Gallot-Fournier, 1835, p. 37. 12. Feudiste 154 n° 1 : copie d'une conclusion du corps de ville (21 juillet 1613). 13. Feudiste 154 n° 2 à Feudiste n° 5. 14. Jean Lebeuf, Mémoires... op. cit.,t. 1, p. 412 ; t. 3, p. 174. Voir également Marie-Dominique Chapotin, Études historiques sur la province dominicaine de France : les dominicains d'Auxerre, Paris, Picard, 1892, 418 p. (non consulté). 15. Feudiste 112 n° 4 : copie d'une conclusion du corps de ville (12 septembre 1656). 16. Feudiste 204 n° 8 : copie d'une conclusion du corps de ville (6 octobre 1661). 17. Feudiste 204 n° 9 : copie d'une conclusion du corps de ville (11 janvier 1665). 18. Feudiste 112 n° 19 : copie d'une conclusion du corps de ville (27 avril 1718). 19. Jean Lebeuf, Mémoires... op. cit.,t. 1, p. 145-147. 20. Jean Lebeuf, Mémoires... op. cit., t. 1, p. 375 et n. 21. Olivier-Jacques Chardon, Histoire..., op. cit., t. 2, p. 172. 22. Feudiste 204 n° 1 : lettre close de Louis XIII (11 septembre 1610). 23. Olivier-Jacques Chardon, Histoire de la ville d'Auxerre jusqu'aux États généraux de 1789, t. 2, Auxerre, Impr. Gallot-Fournier, 1835, p. 74. 24. Feudiste 204 n° 2 : copie d'une conclusion du corps de ville (22 juin 1617). 25. Jean Lebeuf, Mémoires... op. cit., t. 2, p. 109. 26. Feudiste 204 n° 5 : copie d'une conclusion du corps de ville (4 mars 1638). 27. Feudiste 204 n° 3 et Feudiste 204 n° 4 : copies de conclusions du corps de ville (14 août 1622 et 23 novembre 1634). 28. Jean Lebeuf, Mémoires... op. cit., t. 2, p. 209. 29. Olivier-Jacques Chardon, Histoire..., op. cit., t. 2, p. 113 ; Jean Lebeuf, Mémoires... op. cit.,t. 2, p. 223. 30. Olivier-Jacques Chardon, Histoire..., op. cit., t. 2, p. 223. 31. Olivier-Jacques Chardon, Histoire..., op. cit., t. 2, p. 231 ; Jean Lebeuf, Mémoires... op. cit.,t. 2, p. 250. 32. Feudiste 204 n° 6 : copie d'une conclusion du corps de ville (2 janvier 1659). 33. Feudiste 204 n° 7 : copie d'une conclusion du corps de ville (22 avril 1660). 34. Jean Lebeuf, Mémoires... op. cit., t. 2, p. 318. 35. Olivier-Jacques Chardon, Histoire..., op. cit., t. 2, p. 231. 36. Feudiste 138 n° 4 : copie d'une conclusion du corps de ville (14 avril 1678). 37. Feudiste 211 n° 23 (11 mai 1568).

Cote :

Feudiste 99 n° 15, 112 n° 3 à 112 n° 4, 112 n° 19, 112 n° 23, 138 n° 4, 141 n° 3 à 141 n° 7, 142 n° 1 à 142 n° 10, 154 n° 1 à 154 n° 5, 155 n° 1, 155 n° 5, 156 n° 1 à 156 n° 4, 204 n° 1 à 204 n° 9, 211 n° 2 à 211 n° 3, 211 n° 23, 211 n° 32

Description :

Critères de sélection :
conservation

Références bibliographiques :

Chapotin (M. D. Sy.), « Les Jacobins d’Auxerre », dans , 1865, p. 57-67.

Où consulter le document :

Communauté de l'Auxerrois et Ville d'Auxerre - Service des archives

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