En complément de l'action de l'UFSE (Union Française pour le Sauvetage de l'Enfance), l'une des toutes premières associations laïques à prendre en charge les enfants maltraités ou abandonnés, le Patronage de l'enfance et de l'adolescence, fondé en 1890 par Henri Rollet, est une institution privée qui recueille des mineurs, de huit à dix-huit ans, livrés au vagabondage ou qui lui sont confiés par le tribunal des enfants. Une «maison de travail» est mise en place au 13, rue de l'Ancienne Comédie, à Paris en vue de concrétiser la vocation du Patronage qui consiste à s'efforcer d'éviter à l'enfant une condamnation à l'emprisonnement en le formant, en l'éduquant et en l'envoyant dans un centre régional (Vosges, Jura, Côte d'Or, Haute-Marne, Creuse, Nièvre, Haute-Garonne, Gers, Lot-et-Garonne, Loir-et-Cher) et en le plaçant ensuite, contre salaire, chez des agriculteurs ou des artisans. Certains enfants contractent un engagement dans la marine ou dans l'armée. En 1898, des dortoirs et un réfectoire sont établis au 149 de la rue de Rennes. A partir de 1912, les bâtiments de la « maison d'éducation surveillée » sont construits au 379 de la rue de Vaugirard, grâce à d'importants apports financiers privés. Environ 2000 enfants y séjournent chaque année avant d'être répartis à travers la France. En 1925, une clinique de neuro-psychiatrie infantile, dirigée par le docteur Georges Heuyer y est établie. Elle est rattachée à l'Assistance publique en 1933. Deux maisons en province ainsi qu'un pavillon « Home de semi-liberté » sont aménagés à partir de 1944. Le Patronage crée, en parallèle, un asile temporaire destiné aux jeunes filles au 24 de la place Dauphine, à Paris.
Une inspection des services administratifs du Ministère de l'Intérieur met fin au développement du Patronage après la guerre. L'association du Patronage est dissoute en 1948 et son actif est attribué au Département de la Seine.

Le fonds présente, d'une part, des documents de gestion, avec un fichier conséquent des donateurs et cotisants, d'autre part, 155 registres, très féconds en renseignements sur le suivi des jeunes confiés au Patronage. Il contient également un recueil d'articles de journaux explorant les avancées de la protection de l'enfance et l'activité de l'association pour les années 1913 à 1933, passionnante source d'information sur l'histoire des sociétés de patronage. Pour exemple, un article du Petit Parisien de 1913 résume ainsi les critères d'admission aux services du Patronage : « L'Association considère comme étant en danger moral les enfants qui cessent de fréquenter l'école et se laissent entraîner par de mauvais exemples ; les enfants que leurs parents ne peuvent surveiller parce qu'ils travaillent hors de chez eux ; ceux que la maladie ou l'infirmité incite à la mendicité ; les garçons, orphelins de père, qui repoussent l'autorité maternelle ; les filles auxquelles manquent les conseils et la direction d'une mère ; les enfants qui s'éloignent de la famille parce que le père ou la mère a convolé en secondes noces ou vit maritalement ; les jeunes gens ou jeunes filles qui ont perdu leurs parents avant d'avoir terminé leur apprentissage ; les enfants que leurs parents ont envoyés de province pour se placer dans une grande ville et qui, perdant leur place, se trouvent sans appui ; les jeunes gens qui, poussés par un goût prononcé pour les voyages, se figurent parfois qu'il suffit de se mettre en route pour atteindre le but désiré et arrivent sans ressources ni recommandations dans la capitale, etc. ».

Note : Jules Simon et Henri Rollet furent les présidents de l'UFSE à compter de sa création en 1888.