Inventaire d'archives : Lempereur (Jean-Marie), syndicaliste à la Confédération française des travailleurs chrétiens (CFTC) puis à la Confédération...
Titre :
Lempereur (Jean-Marie), syndicaliste à la Confédération française des travailleurs chrétiens (CFTC) puis à la Confédération française démocratique du travail (CFDT) puis à Solidaires, unitaires, démocratiques (SUD).
Contenu :
Ce fonds couvre deux périodes distinctes, la première de 1961 à 1965 au cours de laquelle Jean-Marie Lempereur est successivement secrétaire CFTC puis CFDT du syndicat des employés techniciens et agents de maîtrise (ETAM) des mines du Groupe de Douai (Charbonnages de France - Houillères du bassin du Nord et du Pas de Calais HBNPC), et une seconde période de 1999 à 2002 où Jean-Marie Lempereur préside la section CFDT des retraités des mines du Douaisis puis participe en 2000 à la fondation du syndicat SUD des mineurs retraités Nord-Pas-de-Calais dont il devient le secrétaire.
Les documents donnés par le syndicaliste pour la première période (1961-1965) permettent d’établir la position singulière du syndicat des ETAM, favorable à la déconfessionnalisation de la CFTC, et par conséquent en rupture avec la position exprimée par la Fédération nationale des mineurs.
Les documents concernant la période de 1999 à 2002 illustrent une activité militante essentiellement axée sur la défense du régime de retraite par répartition et plus particulièrement la revalorisation des pensions minières.
Les documents du syndicat Sud retraités mineurs Nord-Pas-de-Calais concernent la correspondance (1999 et suivante) et un dossier sur la scission CFTC-CFDT en 1964.
Cote :
2004 37 1 à 8
Publication :
Archives nationales du monde du travail
2015
Informations sur le producteur :
Lempereur (Jean-Marie), syndicaliste successivement à la Confédération française des travailleurs chrétiens (CFTC), à la Confédération française démocratique du travail (CFDT) puis à Solidaires, unitaires, démocratiques (SUD)
Jean-Marie Lempereur est né le 15 avril 1925 à Aniche. Issu d’une famille ouvrière (son grand-père est mineur au puits Fénelon de la compagnie d’Aniche, son père ouvrier verrier pour la compagnie belge BSN), il commence à travailler en 1942 au service paye de la compagnie d’Aniche. En 1945, la rencontre avec des militants de la Confédération française des travailleurs chrétiens (CFTC) l’incite à s’engager dans le combat syndical comme délégué du personnel.
Il rend compte dans son ouvrage des éléments qui expliquent cet engagement précoce : l’accident de travail de son grand- père en 1892 qui le rend inapte et pour lequel il ne touche aucune indemnisation, les longues périodes de chômage forcé de son père qui obligent la famille à vivre d’expédients, la grève de 1941 durant laquelle il prend conscience de la très forte solidarité entre les employés « du jour » et les mineurs de « fond ».
Son adhésion à la CFTC s’explique en partie pour des raisons opportunistes, (« dans les bureaux, il y avait surtout des adhérents de la CFTC, très peu de la CGT, un peu de FO » : Lempereur Jean-Marie, Mémoire des ouvriers des ténèbres, éd. Syllepse, p 22), mais également du fait de ses convictions religieuses héritées de son environnement familial, un père chrétien adhérent à la CGT puis à la CGT-FO et une mère « très conservatrice » (Id, p 23).
Il exerce alors de plus en plus de responsabilités : membre puis secrétaire du comité d’entreprise, membre du conseil du syndicat de Douai, membre des commissions paritaires, membre des instances de la Fédération nationale des mineurs.
Le 14 mai 1954 est créé le syndicat des ETAM des mines du groupe de Douai adhérent à la CFTC. Jean-Marie Lempereur y est désigné secrétaire. Il compte 825 adhérents en 1962. La grève de 1963, qui dure 36 jours, lui laisse le souvenir d’une remarquable unité. Cependant, malgré l’obtention d’une hausse des salaires et d’une quatrième semaine de congés payés, il note que le problème de fond, la fermeture des mines, n’est pas réglé.
La CFTC appelant à la reprise du travail, il se souvient avoir aidé des camarades à la tenue de réunions houleuses où il fallait convaincre les mineurs de cesser la grève (Id, p 108).
À partir de 1960, s’engage une discussion au sein de la CFTC concernant la révision des statuts dans laquelle Jean-Marie Lempereur s’implique de façon militante. En 1963, le syndicat des ETAM des mines du groupe de Douai participe comme 699 syndicats à la consultation nationale organisée par la confédération sur l’évolution doctrinale de celle-ci. Le bureau du syndicat des ETAM approuve à 6 voix contre 4 le changement de sigle du syndicat et la réécriture de l’article 1 des statuts. Jean-Marie Lempereur est personnellement favorable à l’évolution du titre : « la question du C n’est pas indispensable » (voir cote 2004 037 01).
En septembre 1964, dans la perspective de la préparation du congrès extraordinaire, Jean-Marie Lempereur organise à Douai une réunion publique « débat », en présence d’Eugène Descamps, réunion dont les modalités d’organisation ne sont pas approuvées par la Fédération nationale des mineurs. En effet, depuis 1963, celle-ci ne cache pas son opposition à l’évolution de la CFTC et participe en la personne de son président, Joseph Sauty, à la création de l’AGESSIC (Association des groupes d’études économiques, sociales et syndicales d’inspiration chrétienne), le 12 octobre 1963. L’association publie un bulletin Rénovation à partir de janvier 1964.
Le 1er octobre 1964, Jean-Marie Lempereur est démissionné de ses fonctions de secrétaire du syndicat des ETAM des mines du groupe de Douai, tout comme le trésorier et le président.
Les 6 et 7 novembre 1964, se tient à Issy-les-Moulineaux le congrès confédéral extraordinaire de la CFTC qui adopte le nouveau sigle CFDT voté à la majorité (70 % des congressistes) tandis qu’une minorité dont la Fédération nationale des mineurs se prononce en faveur de la « CFTC maintenue ». Suite à la scission, Jean-Marie Lempereur participe aux côtés d’autres camarades à la reconstruction de la Fédération nationale des mineurs et de l’Union régionale des mineurs CFDT Nord-Pas-de-Calais. Il anime ensuite la section des retraités des mines du Douaisis, dont il est le président.
En 2000, Jean-Marie Lempereur, déçu par les positions de la CFDT qu’il juge être de plus en plus un syndicat qui « s’adapte à la gestion gouvernementale à courte vue » et par l’organisation interne du syndicat des mines de Douai, décide de quitter la CFDT et de rejoindre SUD. Il participe, à la fondation d’un syndicat SUD des mineurs retraités Nord Pas-de-Calais dont les statuts sont déposés le 11 octobre 2000 et dont il devient le secrétaire.
De 2000 à 2002, cette section est particulièrement active dans la défense de la revalorisation des pensions des mineurs.
Informations sur l'acquisition :
Historique de conservation :
Ce fonds est entré au Centre des archives du monde du travail en 2004 par voie de don (lettre de don datée du 19 novembre 2004) de Jean-Marie Lempereur, syndicaliste et auteur d’un ouvrage, Mémoire des ouvriers des ténèbres.
Description :
Critères de sélection :
À l’issue des opérations de classement, il a été procédé à l’élimination d’environ 0,08 ml de documents en multiples exemplaires ou ne présentant pas d’intérêt historique (factures, documentation publicitaire, enveloppes). Les éliminations et le reconditionnement du fonds ont permis de réduire son importance matérielle de 0,40 ml à 0,18 ml.
Mise en forme :
Le fonds a été subdivisé en quatre parties correspondant aux différentes périodes successives d’activités du syndicaliste : le militant CFTC, le militant CFDT, le militant SUD et enfin la correspondance personnelle et la documentation rassemblées tout au long de la période.
Conditions d'accès :
Archives privées.
Fonds « librement communicable ». Attention : seules les informations concernant le producteur du fonds sont immédiatement consultables et reproductibles, toutes les autres (en particulier celles concernant des tierces personnes ou la puissance publique) sont soumises aux délais légaux prévus par le Code du patrimoine par analogie avec les archives publiques.
Publiable sur internet
Conditions d'utilisation :
La réutilisation des documents extraits du fonds est gratuite et libre, sous réserve des dispositions relatives aux droits de propriété intellectuelle et au respect de la vie privée (voir les modalités d’application sur le site internet des ANMT).
Description physique :
8 unités documentaires.
Importance matérielle :
0,18
Ressources complémentaires :
Références bibliographiques :
La cote des ouvrages présents aux ANMT se trouve entre crochets :
- BRANCIARD (Michel), Histoire de la CFDT, Paris, La Découverte, 1990 [H 96].
- DESCAMPS (Eugène), Militer : une vie pour un engagement collectif, Fayard, 1971 (2002_009_388).
- DESCAMPS (Eugène), La CFDT, Paris, Seuil, 1971.
- LEMPEREUR (Jean- Marie), Mémoire des ouvriers des ténèbres, Paris, Syllepse, 1996 [H 2244].
- MOURIAUX (René), Le syndicalisme en France depuis 1945, Paris, La Découverte, 2013.
- Union syndicale Solidaires, coll. Acteurs de la société dirigée par Claude Perrotin, Ed. Prospero, 2012.
- VIGNAUX (Paul), De la CFTC à la CFDT, syndicalisme et socialisme, reconstruction (1946- 1972), Paris, Ed. Ouvrières, 1980.
Identifiant de l'inventaire d'archives :
FRANMT_IR_2004_37