Inventaire d'archives : Correspondance Claude Léger (1875-1934)

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Ensemble de correspondance de Claude Léger, tenue durant les premières années de la première Guerre Mondiale avec sa femme Victorine, résidant à Puteaux avec leur fille Léone.

Claude Léger est né le 29 juillet 1875 à Clomot (Côte-d'Or). Il se marie le 30 janvier 1904 à Victorine Primard à Puteaux où le couple réside, 72 bis rue de Paris. Caoutchoutier, il travaille dans les établissements Rabut (D2M8/129). Ils ont une petite fille, Léone, née le 5 février 1909 (4E 441).

Mobilisé en août 1914, Claude Léger est incorporé dans le 57ème régiment d'infanterie territoriale à Auxonne (Côte-d'Or). Ces régiments d'infanterie territoriale, relativement méconnus, ont eu un rôle important lors de ce conflit ne se limitant pas à des gardes passives ou à la défense de villes, ils ont pris part aux combats notamment, comme le révèle cette correspondance, en venant en appui aux troupes avec la réalisation de travaux de sape des tranchées ennemies (139J 41).

L'importance que revêt le courrier au coeur de l'existence du conscrit transparaît dans de nombreux documents (voir plus particulièrement 139J 3, 5 et 101) et constitue un thème récurrent de la littérature des tranchées, notamment dans le chapitre "Vaguemestre" du "Feu" d'Henri Barbusse. Aussi Victorine écrit tous les jours à son mari. Les colis et mandats permettent d'améliorer l'ordinaire du soldat (139J 77 et 93) aussi Claude Léger n'hésite pas à demander des vêtements pour compléter son paquetage (139J 59).

L'état de santé du soldat est la première information demandée et donnée, notamment pour Claude Léger qui a contracté la typhoïde en 1900 et qui en garde des séquelles (139J 14 et 16). Les longues marches des fantassins sont épuisantes pour des hommes plus âgés et alors même que les médecins militaires (« les majors ») ne font pas preuve d'une grande commisération, ce qui leur vaut d'ailleurs d'être qualifiés de « lions » (139J 16).
La souffrance est également morale pour ces territoriaux souvent en charge de famille et qui en sont brutalement séparés. L'approche des fêtes, qu'elles soient de Noël ou de Pâques ravive cette douleur lancinante (139J 16 et 25) : « Ma chère Victorine tu embrasseras bien notre chère petite mignonne car ce qui vât [sic] me faire du mal cette année c'est de penser que je ne pourer [sic] lui faire aucun cadeau pour son Noel que je suis content de lui avoir acheter sa voiture l'année dernière moi qui étais heureux de lui faire ce petit cadeau et cette année rien même pas pouvoir l'embrasser chette [sic] chère petite mignonne que j'aime tant j'en ai les larmes aux yeux en te mettant ces quelques lignes tu peux me croire c'est dur dit [sic]penser et cette pensée resterat [sic] longtemp car c'est la plus grande peine que je n'ai jamais eut sur cette terre... » (139J 16).
Cette absence se fait durement ressentir et notamment pour sa femme qui s'épanche dès son départ en août 1914 (139J 75 et 77). La tendresse qui unit cette famille transparaît dans chacun des courriers (voir notamment l'anecdote de l'envoi d'un trèfle à 4 feuilles 139J 66).

Les combats sont présents dans la correspondance, avec le propre témoignage, à l'arrière, de Claude Léger (voir l'allusion aux bombardements par les zeppelins allemands le 9 avril 1915, 139J 27) ou par l'intermédiaire des nouvelles reçues des camarades (139J 137 et 138). Les envois de petites pièces militaires aux proches constituent les seuls motifs de fierté ou de joie relative (139J 52 et 60).

A partir du 18 mai 1915, Claude Léger se retrouve sur le front dans les Vosges puisque le 3ème bataillon auquel il appartient arrive à Baccarat pour rejoindre les autres unités du 39ème régiment territorial. Il y découvre le feu (139J 34-35) et le travail de sape dans les tranchées (139J 41 et 43). Il participe aux violents combats sur la colline de la Fontenelle dans les Vosges entre le 23 juin et le 25 juillet 1915 (139J 53).

La correspondance s'interrompt en septembre 1915 ; on présume que les examens professionnels que Claude Léger entreprend de passer à cette époque ont été couronnés de succès et qu'ils lui ont permis d'être affecté en tant qu'ouvrier fraiseur dans une usine d'armement (139J 44 et 62).

Cette correspondance est marquée dans l'ensemble par une liberté de ton et d'expression, notamment quand Claude Léger fait état des luttes sociales à travers les attentes de mutation à l'arrière (139J 47 et 48). Elle constitue un témoignage de cette catégorie méconnue de combattants, les « territoriaux », appelés à tort dès l'époque les « pépères ».
Nous n'avons certainement là qu'un aperçu de cette correspondance puisque l'ensemble forme 186 pièces de correspondance alors que Victorine déclare avoir écrit tous les jours (139J 101), voire deux fois par jour.

Journal de campagne de Claude Léger
Auxonne, 57 régiment territorial, 13ème compagnie, 31/08/1914 --> Auxonne - 57 régiment territorial, 15ème compagnie, section d'escouade, 20/09/1914 --> Autun--> Auxonne à partir du 20/12/1914 -->Le Creusot (Saône-et-Loire) 24/12/1914 --> Fort de Saint-Cyr (Yvelines) 29/12/1914 - 59 régiment territorial - 9ème compagnie.-->Dijon (Côte-d'Or) (de passage) 18/05/1915--> Epinal (Vosges) 18/05/1915-->Péxonne (Vosges), auxiliaire dans le Génie.

Publication :

Archives départementales des Hauts-de-Seine
05/09/2019 à 16:53

Informations sur l'acquisition :

Modalités d'entrée : Don du 4 décembre 2013 de Mme BRIEND.

Description physique :

2 boîtes, papier et cartes de correspondance.

Observations :

FONDS D'ARCHIVES PRIVEES - ARCHIVES PERSONNELLES, FAMILIALES ET DE RECHERCHE

Identifiant de l'inventaire d'archives :

FRAD092_correspondance_claude_leger

Où consulter le document :

Archives départementales des Hauts-de-Seine

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