Inventaire d'archives : Télégrammes officiels de la station télégraphique de Vichy durant la Seconde Guerre mondiale.
Contenu :
Historique du fonds :
A la suite de la signature de l'armistice le 22 juin 1940, le gouvernement Philippe Pétain s'installe dès le 1er juillet 1940 en zone libre, dans la ville thermale de Vichy. Du 10 juillet 1940 au 20 août 1944, les administrations principales des ministères exercent ainsi leurs fonctions de collaboration économique, policière et militaire dans les divers hôtels de Vichy (hôtel du Parc, Plaza, des Célestins, de Genève, d'Auvergne, du Helder, Patruno, Grand Casino, etc.).
Pour leur bon fonctionnement, elles doivent communiquer essentiellement avec les préfectures et les colonies mais aussi avec quelques autres pays autorisés par les autorités allemandes. Malgré les nombreuses destructions de câbles durant la guerre, le télégraphe et le téléphone sont les principaux médias de cette politique de maintien de l'ordre. Un deuxième poste central des télégraphes est créé à Vichy, assurant les mêmes fonctions que celui du 103, rue de Grenelle à Paris (1). C'est alors le centre de transit obligatoire de tous les télégrammes officiels (c'est-à-dire des administrations ministérielles et préfectorales). Alors que tous les chefs-lieux de département de la zone occupée, à l'exception d'Arras, sont reliés à Paris qui centralise le transit (2) dès le 1er mars 1941 (3), Vichy centralise le trafic télégraphique des six régions PTT de la zone libre : Lyon, Clermont, Limoges, Toulouse, Montpellier et Marseille (4). Les liaisons télégraphiques officielles entre Paris et Vichy sont quant à elles établies en octobre 1940 (5).
- (1) : Archives nationales, AB/XLVI/14., dossier de fonds, « liaison avec le ministère des PTT », sous-dossier « Archives du poste central des télégraphes », 1975.
- (2) : Archives nationales, 72/AJ/2235, « Compte-rendu du 2eme trimestre 1942 », en zone occupée, quelques grandes villes sont néanmoins en partie reliées entre elles sans passer par le central télégraphique de Paris : Nancy, Rennes, Tours et Bordeaux.
- (3) : Archives nationales, 72/AJ/2235, « Dossier « Délégation pour les Transmissions », service de l’armistice, délégation française à Paris, « Compte-rendu du 31 mars 1941 ».
- (4) : Archives nationales, 72/1J/2222, dossier « Organisation du ministère des PTT, 1939-1945 ».
- (5) : Archives nationales, 72/AJ/2235, « Compte-rendu du 4eme trimestre 1940 ».
Présentation du fonds :
Le fonds F/90/14450-F/90/14519 est constitué des télégrammes officiels passés par le poste central des télégraphes de Vichy entre le 2 août 1939 et décembre 1946. Parmi ces 70 cartons, la grande majorité des télégrammes couvre la période allant d'avril 1942 à août 1944.Le fonds contient également quelques télégrammes des années 1931 et 1932. La production de ces télégrammes s'accélère encore après février 1943, date de la publication d'un code d'usage de la télégraphie officielle et de la mise en place d'un réseau gouvernemental spécialisé qui relie le chef de l’État, les ministères, les préfectures de la zone libre et le central de l'administration télégraphique des PTT à Vichy (1).
Il s'agit uniquement de télégrammes d'« arrivée », à l'exception de quelques-uns transitant par Vichy vers une autre destination. On peut supposer que les télégrammes au « départ » de Vichy sont aujourd’hui conservés dans les archives préfectorales. On distingue deux couleurs parmi ces télégrammes : des jaunes, majoritaires, et des bleus. Il n'a pas été possible de déterminer la raison de cette distinction (2).
Les questions abordées dans ces télégrammes officiels sont essentiellement celles du ravitaillement et du maintien de l'ordre. On trouvera de nombreuses mentions de cambriolages, d'attentats, de grèves, d'avis de recherche d'individus, d'ordres donnés aux préfets, etc. On trouve également de manière parcimonieuse des messages diplomatiques adressés au maréchal Pétain ou à ses ministres (3).
Un nombre important de ces télégrammes est chiffré. Le service télégraphique des PTT ne chiffre lui-même que les télégrammes concernant sa propre administration. Les télégrammes des autres ministères partent et arrivent chiffrés (4). Les télégrammes chiffrés proviennent essentiellement du ministère de l'intérieur, des Affaires étrangères et des services diplomatiques (dont Rabat, Casablanca, Washington). Les tables de chiffrement ne sont pas conservées par l'administration des PTT mais par les ministères concernés. On trouvera par exemple dans les fonds du Bureau du Chiffre du ministère de l'intérieur (Archives nationales: 19790067/1-19790067/36) l'enregistrement systématique de tous les télégrammes à chiffrer à l'arrivée et au départ. Ces messages sont collés en clair sur des feuillets par ordre chronologique.
Les autorités officielles ne pouvaient expédier de télégrammes chiffrés qu’à condition de déposer au préalable le code correspondant à la Telegrammprüfstelle (5), central télégraphique de Paris, 103, rue de Grenelle (6).
- (1) : L'usage de ce central télégraphique interministériel est détaillé dans le fonds des PTT de la Seconde Guerre mondiale aux Archives nationales : 72/AJ/2222. On y trouvera également un exemplaire du code de la télégraphie officielle datant de février 1943. Ce code complète le règlement des télécommunications de la zone occupée, entré en vigueur le 1er mars 1941, qui interdit le trafic télégraphique entre zone occupée et non occupée sans autorisation des autorités allemandes.
- (2) : Les archives abordant la question des versements des télégrammes aux Archives nationales témoignent de cette question laissée en suspens. Archives nationales, AB/XLVI/14., dossier de fonds, « liaison avec le ministère des PTT », sous-dossier « Archives du poste central des télégraphes », 1975 : Les archivistes et les employés des PTT constatent : « Les télégrammes partis de Vichy durant la période de guerre [sont] répartis, tous ministères confondus, entre une collection bleue et une collection rouge. Le critère de répartition des dépêches entre les deux collections n'a pas pu être défini, qu'il s'agisse du destinataire, de l'expéditeur ou de la rapidité d'envoi et de distribution du télégramme. La collection bleue est la seule qui contient également des télégrammes reçus. »
- (3) : Archives nationales, 72/AJ/2235, Dossier « Délégation pour les Transmissions », service de l’armistice, délégation française à Paris, « Compte-rendu du 4 septembre 1941 » : les seuls pays autorisés à télégraphier avec le régime de Vichy sont l'Italie, la Suède, la Suisse, le Portugal, le Japon, la Roumanie, l'Iran, la Hongrie, la Bulgarie, la Finlande, la Colombie et la République d'Argentine.
- (4) : Archives nationales, AB/XLVI/14., dossier de fonds, « liaison avec le ministère des PTT », sous-dossier « Archives du poste central des télégraphes », 1975.
- (5) : Archives nationales, 72/AJ/2235, Dossier « Délégation pour les Transmissions », service de l’armistice, délégation française à Paris, « Compte-rendu du 10 juillet 1941 ».
- (6) : Le service télégraphique officiel de Vichy est très contrôlé par les Allemands à la suite de l'invasion de la zone sud le 11 novembre 1942. Archives nationales, 72/AJ/2226 : « Après l'arrivée des Allemands, ceux-ci installent au télégraphe et au téléphone un service de surveillance armé. Le contrôle militaire français est chassé ». Quant au trafic télégraphique privé, il est le plus souvent suspendu durant l'Occupation à l'exception de quelques organismes privés dont l'activité intéresse l'économie française.
Cote :
F/90/14450-F/90/14519
Publication :
Archives nationales
2013
Pierrefitte-sur-Seine
Informations sur l'acquisition :
Versement du ministère des Postes et Télégraphes
Historique de conservation :
Le classement de cet ensemble a été fait de manière chronologique. La plupart des liasses de télégrammes se suivent jour par jour. On constate néanmoins des périodes d'absence de télégrammes qui correspondent généralement à des instabilités politiques (1).
Les télégrammes dont le sujet ou la provenance ont été jugés intéressants sont mentionnés dans l'inventaire du fonds (voir : à noter). On a signalé les télégrammes de courtoisie (voeux d'anniversaire par exemple) parce qu'ils reflètent l'état des relations diplomatiques de la France. Ce repérage exclut tous les télégrammes chiffrés qui doivent constituer néanmoins la partie la plus intéressante du fonds.
Il constitue le dernier fonds de télégrammes conservé aux Archives nationales. En effet, à partir de 1935, il a été décidé que les dépêches des départements seraient versées aux Archives départementales (2). Le versement des télégrammes officiels arrivés à Vichy constitue donc une exception, liée au contexte historique et politique particulier.
- (1) : On constate par exemple une coupure le 11 novembre 1942 lors de l'invasion de la zone sud. Le trafic est d'autant plus perturbé à partir du mois de juin 1944, après le débarquement sur les plages de Normandie. Les autorités allemandes ne fournissent pas de justification à l'administration des PTT lors des coupures dans le trafic télégraphique.
- (2) : Archives nationales, AB/XLVI/14., dossier de fonds, « liaison avec le ministère des PTT », sous-dossier « Archives du poste central des télégraphes », 1975. La conservation des télégrammes départementaux fut rarement systématique pour cette période pour des raisons de formes et de contenus des télégrammes. Hélène Prax notifie ainsi dans son rapport : « Le classement chronologique et la forte proportion de documents chiffrés rendent le fonds quasiment inexploitable. En supposant même qu'il soit possible de les déchiffrer, ces télégrammes ne laissent paraître qu'une part infime de l'événement et beaucoup se retrouvent, sans aucun doute, dans les fonds d'archives des ministères expéditeurs. »
Description :
Critères de sélection :
Aucune élimination.
Mise en forme :
Chronologique
Conditions d'accès :
librement communicable.
Conditions d'utilisation :
selon règlement de la salle de lecture
Description physique :
Importance matérielle :
70 cartons; 17,13 mètres linéaires.
Ressources complémentaires :
Références bibliographiques :
La bibliographie n’a pas vocation à être exhaustive.
- Catherine Bertho-Lavenir, , Paris, A. Collin, 1996, 351 p. Histoire des Médias, de Diderot à Internet
- J. Gouat, "A propos de l'histoire de la Poste de Vichy", , N° 90-91, Janvier-Décembre 1977. Bulletin de la Société d'Histoire et d'Archéologie de Vichy et ses Environs
- J. Gouat, , Vichy, 1978, 78 p. La Poste à Vichy
- , Paris, Editions Droit social, 1942, 317 p, pp 87 à 92. Guide Périodique de l'Administration Française
- " La Poste à Vichy", , Numéro spécial Noël, 1995. Bulletin Allier Généalogie
- Maurice Catoire, , Paris, Berger-Levrault, 1955, 102 p. La direction des services de l'armistice à Vichy
- André Paul, Paris, Ministère des Postes et des télécommunications, 1968, 5 volumes, 902 p. Histoire des PTT pendant la Deuxième Guerre mondiale : 1939-1945,
Localisation physique :
Pierrefitte-sur-Seine
Organisme responsable de l'accès intellectuel :
Archives nationales de France
Identifiant de l'inventaire d'archives :
FRAN_IR_050181