Inventaire d'archives : Aumône de la Fusterie d'Avignon

Contenu :

On trouvera dans le fonds
Statuts (1247-1265), conclusions (1610-1768), recteurs et bayles (1400-1666), chapelles de l'Aumône (1526-1787), administration et comptabilité (1331-1774), titres de dons et legs (1284-1754), cens et directes, revenus et capitaux (1463-1749), chapellenies (1346-1581), procédures (1617-1725), inventaires (1419-1777).

Publication :

Archives départementales de Vaucluse
2017
Avignon

Informations sur le producteur :

Éléments historiques
L'Aumône Notre-Dame de la Fusterie est une des plus anciennes œuvres de charité d'Avignon et ses origines remontent au XIIIe siècle à une époque où, alors qu'il s'agissait encore d'un simple luminaire tenu par les gens des métiers du bois, ceux-ci se dotèrent de statuts (1247) et organisèrent leur travail et leur commerce. Au XIIIe siècle, les fustiers - sous ce terme, il faut y voir tous les travailleurs du bois (charpentiers, menuisiers, tonneliers, etc.) - occupent une place importante dans la cité ; ce sont eux qui font venir par le fleuve en radeaux, des Alpes et du Dauphiné les bois qui sont ensuite séchés et débités sur le port ; ils sont nombreux, regroupés près du Rhône dans le quartier des Fusteries et du Limas, sur les paroisses de Saint-Agricol et de la Madeleine. Leurs coutumes ou statuts, rédigés en 1247, seraient une des plus anciennes règlementations concernant le travail du bois en Provence. L'œuvre de l'Aumône, attestée en 1280 et administrée par les fustiers, est non pas une confrérie de dévotion, mais une œuvre charitable, puissante par le métier qui la gère et qui se localise dans la rue de la Petite-Fusterie où traditionnellement se faisaient à la mi-carême les aumônes en argent aux misérables, et à d'autres dates des dons en nourriture. C'est aussi une oeuvre qui réunit dans l'action caritative et une forme de sociabilité, tout un groupe d'habitants d'un quartier de la ville. Enfin, c'est une oeuvre où les préoccupations professionnelles, du moins jusqu'au XVe siècle, ne sont pas absentes. Au XIVe siècle, l'Aumône de la Fusterie a reçu par des legs de nombreux biens de la part de plusieurs bienfaiteurs, issus pour la plupart des charpentiers et artisans dont certains servaient la cour du pape, tel le fustier Guilhem Vial ; parmi ces bienfaiteurs, figurent également des personnes d'autres horizons professionnels, comme Catherine Cabesse, une riche femme d'affaires, fille d'un banquier. Grâce à ces dons et legs, l'Aumône de la Fusterie est devenue à la fin du XIVe siècle à la tête d'un riche patrimoine foncier assis sur des cens sur des maisons en ville et sur des biens ruraux.
À l'origine, les dévotions étaient limitées à une messe chantée annuellement et aux services célébrés pour les bienfaiteurs. Une statue de la Vierge et un luminaire avaient été installés à l'entrée de la rue de la Fusterie. La chapelle de l'Aumône, placée sous le vocable de la Vierge et du Saint-Esprit, fut édifiée en 1392 avec le legs de Guilhem Vial, contre le mur et à l'extérieur de l'église Saint-Agricol ; cette chapelle fut incorporée à cette église un siècle plus tard, en 1481. Plus tard, en 1526, une autre chapelle fut édifiée en face, à l'entrée de la rue de la Petite-Fusterie, sans doute à l'emplacement où se trouvait la statue de la Vierge ; cette chapelle dite "du bout de la rue" se trouvait enclavée dans la maison d'Anglésy ; elle fut démolie en 1787, alors que l'Aumône de la Fusterie avait déjà disparu. L'Aumône possédait également le juspatronat de plusieurs chapellenies établies dans l'église Saint-Agricol, l'église voisine de Saint-Étienne ou de la Madeleine, et à la cathédrale Notre-Dame des Doms ; ces chapellenies avaient été dotées par leurs fondateurs à charge de faire dire des messes.
L'œuvre distribuait des aumônes aux pauvres qui se présentaient aux barrières de la rue de la Fusterie, mais aussi en plusieurs points de la ville et aux prisonniers ; elle s'employait aussi, depuis le XIVe siècle, à doter des pauvres filles à marier. D'autres secours pouvaient être accordés aux malades, aux repenties, etc.
Au XVe siècle, avec le déplacement du port et des artisans du bois qui abandonnèrent les Fusteries pour gagner progressivement le quai de la Ligne, l'Aumône de la Fusterie se réduisit à une simple aumône de quartier, évoluant avec le quartier lui-même : à la place des fustiers, la rue de la Petite-Fusterie fut investie par des bourgeois et des membres de la noblesse. Par voie de conséquence, ce furent eux qui administrèrent à l'époque moderne l'Aumône de la Fusterie ; mais au 17e et au 18e siècle, le nombre des membres, limité aux quelques habitants des nouveaux hôtels particuliers de la rue, les Brancas, Brantes, Tonduty, Desmarets, était minime, à peine une dizaine, et l'activité de l'œuvre s'était fortement réduite, de même que son patrimoine immobilier.
À la faveur de la 3e occupation française d'Avignon, l'Aumône de la Fusterie fut supprimée par un édit du roi de France de mars 1769, publié à Avignon le 17 mai 1769, comme la plupart des anciennes œuvres de charité qui vivotaient ; les biens et les archives furent alors réunis à l'Aumône générale.

Informations sur l'acquisition :

Informations sur les modalités d'entrée
Dépôt par les hospices d'Avignon (1893)
Historique de conservation :
Historique de la conservation
Les archives de l'Aumône de la Fusterie, qui avaient été entièrement classées en 1700, furent réunies aux archives de l'Aumône générale lors de la suppression prononcée en 1769 ; à cette date, le fonds d'archives, qui était conservé au 1er étage d'un petit local de la rue Petite-Fusterie se trouvait encore dans son intégralité, si on en juge par l'inventaire de remission des papiers et des titres. Depuis cette date, on déplore la perte de tous les registres de reconnaissances ou livres terriers (une dizaine), qui furent sans doute éliminés par les recteurs de l'Aumône générale comme ne présentant plus d'actualité, ainsi qu'un grand nombre d'actes ou instruments sur parchemin concernant le patrimoine immobilier (achats, reconnaissances, baux). Le fonds a été ensuite rattaché aux archives des hospices d'Avignon tout en conservant sa spécificité de fonds particulier et sa propre cotation. Le cadre de classement des archives hospitalières lui fut appliqué lors de l'établissement de l'inventaire réalisé sous le Second Empire ; ce classement est vraisemblablement dû à l'archiviste Chauvet, de Monteux, qui s'inspira largement des analyses rédigées par son prédécesseur de l'inventaire de 1700. Malheureusement, sous la gestion de l'hôpital des Indigents (qui succéda à l'Aumône générale), puis de la commission des hospices d'Avignon, des mauvaises conditions de conservation liées, l'humidité et les crues du Rhône entraînèrent la dégradation de documents et la perte de plusieurs autres, même si certains se retrouvent aujourd'hui dans les collections de manuscrits de la bibliothèque municipale d'Avignon, sans pouvoir en préciser ni la date d'entrée ni les raisons.
Par mesure de sauvegarde, le fonds fut déposé en 1893 avec les archives des hospices, aux archives départementales, et placé en série H Dépôt.

Description :

Mise en forme :
Mode de classement
L'inventaire du XIXe siècle a été revu et normalisé sous la forme du présent répertoire méthodique en août-septembre 2017 par Gaétan Lemaître, élève de 3e année de l'École nationale des chartes. Le classement interne et la cotation n'ont pas été modifiés, à l'exception des pièces ci-après désignées. Le travail de reprise a porté essentiellement sur les analyses et sur l'indexation.
Modification de cotes :
- Un cahier fragmentaire retrouvé en B 2 a été réintégré à sa place sous la cote B 41 (l'article était déclaré en déficit).
- L'article B 20 est toujours déclaré en déficit.
- La cote B 25 (papiers relatifs à la succession de Guillaume Redon) est devenue vacante par suite de la réintégration de ce dossier dans le fonds de l'Aumône de l'Épicerie à la cote B 23.
- Le document coté B 41, déclaré manquant en 1999, a été retrouvé et réintégré à sa place.
- L'article coté B 42 bis (provenant des archives de la Ville d'Avignon), qui avait été réintégré dans le fonds en 1995, est devenu B supplément 3 (par normalisation de cote pour éviter des "bis").
- Un cahier (57 ff.) faisant partie de la cote B 44 relatif à un état des capitaux des différentes aumônes dressé en 1769 par l'Aumône générale, a été réintégré dans le fonds de celle-ci à la cote B 29.
- Un acte de pension, coté dans l'article B 47 concernant l'Aumône du marché aux cuirs, a été reclassé dans ce fonds (article E 3).
- Les diverses procédures anciennement contenues sous la cote B 49 ont été redistribuées sous les cotes B 49 et B 50.
- L'achat de pension de 1562 faisant anciennement partie de la cote B supplément 1 (pièce n°3) a été reclassé avec les autres pièces liées à cet acte sous la cote B 43.
- L'acte de 1408 faisant anciennement partie de la cote C 6 (pièce n°2) a été réintégré à sa place dans le fonds de l'Aumône des Notaires à la cote C 2.
- L'acte de 1579 faisant anciennement partie de la cote C 6 (pièce n°3) s'est vu attribuer une nouvelle cote H 1.
- Le registre coté E 15 concernant les comptes de l'Aumône de l'Épicerie et Ferraterie pour les années 1597-1688 a été réintégré à sa place dans le fonds de l'Aumône de l'Épicerie à la cote E 12.

Conditions d'accès :

Modalités d'accès
Fonds classé. Fonds communicable.

Description physique :

Description physique: Document d'archives

Nombre d'éléments
Nombre d'éléments: 131 articles
Métrage linéaire
Métrage linéaire: 4,20

Ressources complémentaires :

Sources complémentaires aux archives départementales de Vaucluse
Fonds des notaires :
3 E 9 (1) / 903-957 : registres de Guillaume Desmarets, notaire travaillant pour l'Aumône de la Fusterie de 1525 à 1587.
3 E 9 (1) / 960-992 : registres de Jean-François Desmarets, fils du précédent, notaire travaillant pour l'Aumône de la Fusterie de 1628 à 1678.
3 E 9 (2) / 85-151 : registres de Louis Ier et Louis II Desmarets, successeurs du précédent, notaires travaillant pour l'Aumône de la Fusterie de 1679 à 1752.
Fonds de l'Aumône générale (H Dépôt Avignon Aumône générale) :
À partir de 1770, les recteurs de l'Aumône générale ont eu à administrer les biens de l'Aumône de la Fusterie au même titre que les autres œuvres supprimées. On trouvera dans ce fonds des documents sur la gestion des biens de l'Aumône de la Fusterie, de 1769 à la Révolution, notamment :
B 29 : acte de rémission des biens et inventaire des papiers de l'Aumône de la Fusterie en faveur de l'Aumône générale à la suite de l'édit du roi de mars 1769 (29 septembre 1769).
Fonds des cours du Palais apostolique d'Avignon :
Série B : procédures.
Sources complémentaires hors archives départementales de Vaucluse
Archives Vaticanes :
Coll. 452 : mention de Bernard Saurin, fustier (XIVe s.)

Références bibliographiques :

Bibliographie
Bannières et rubans. Confrères, maîtres, compagnons : travailler et s'organiser du Moyen Age au XIXe siècle. Catalogue d'exposition. Avignon, 2005.
Hayez (A.M.), "Une aumône avignonnaise de quartier : l'Aumône de la Petite Fusterie (XIVe siècle)", Actes du 121e Congrès national des sociétés historiques et scientifiques, Nice, 1996, Histoire médiévale, Paris, 1999, p.175-184.
Leroy (N.), "Commerce du bois et règlementation. L'exemple des fustiers d'Avignon au XIIIe siècle", Forêts alpines et charpentes de Méditerranée, s. la dir. de Ph. Bernardi, Largentière-La Bessée, 2007, p. 89-91.
Pansier (P.), "Les privilèges de la fusterie aux XIIIe siècle", Annales d'Avignon et du Comtat Venaissin, 1912, p. 137-146.
Pansier (P.), "Les oeuvres charitables d'Avignon en 1433", Annales d'Avignon et du Comtat Venaissin, 1912, p. 219-242.
Le Blévec (D.), La part du pauvre. L'assistance dans les pays du Bas-Rhône du XIIe siècle au milieu du XVe siècle. Rome, 2000. 2 vol. [notamment p. 262-267].

Observations :

Exploitation du document
Archives départementales de Vaucluse :
195 J (fonds Anne-Marie Hayez) : étude et transcription des registres de comptes de l'Aumône pour le XIVe siècle.
Bibliothèque municipale d'Avignon :
ms. 5701 (fonds Docteur Pansier) : notes historiques et transcriptions de documents concernant l'Aumône de la Fusterie (XXe s.)

Localisation physique :

Localisation: Archives départementales de Vaucluse
Bibliothèque municipale d'Avignon

Identifiant de l'inventaire d'archives :

FRAD084_IR0001310

Liens