Inventaire d'archives : Fonds Georges Henri RIVIÈRE (1926-2002)

Contenu :

SOMMAIRE DU FONDS :
  • 690AP/1-3. Papiers personnels. 1954-1983.
  • 690AP/4-175. Activités professionnelles, universitaire et scientifiques. 1926-2002.
- 690AP/4-14. Carruière ou activités professionnelles au MNATP. 1943-1983.
- 690AP/15-29. Président, conseiller ou membre d'institutions et d'associations culturelles. 1955-1983.
- 690AP/30-101. Appui scientifique à la création de musées et d'écomusées. 1937-2002.
- 690AP/102-117. Activités universitaires. 1966-1982.
- 690AP/118-139. Conférences, colloques, journées d'études, séminaires et expositions. 1962-1982.
- 690AP/140-157. Correspondance. 1952-1983.
- 690AP/158-175. Éditions, publications d'articles, bibliographie et documentation. 1926-1987.
 

Cote :

690AP/1-690AP/175

Publication :

Archives nationales
2014
Pierrefitte-sur-Seine

Informations sur le producteur :

Conseil international des musées. Comité national français
Rivière, Georges-Henri (1897-1985)
Fils de Maurice Alphonse Jules Rivière et de Marguerite Philomène Élise Dacheux, il est né à Paris le 5 juin 1897. Georges Henri Léon Benjamin Rivière obtient sont baccalauréat le 29 juin 1913 à la Faculté des Lettres de Paris, mention latin, langues vivantes et philosophie. G. H. Rivière vivra dans le culte de son oncle, célèbre peintre et graveur Henri Rivière (1864-1951), qui fut secrétaire de rédaction de la revue "Le Chat noir", puis, au coté de Rodolphe Salis, responsable du théâtre "Le Chat Noir" (1887-1897). Henri Rivière avait aussi des amis très savants dont il imprimait les planches de catalogues érudits : Edmond Potier (Antiquités grecques et romaines du Louvre), Pierre d'Espezel (archiviste), Léonce Rosenberg et Raymond Koechlin, président du Conseil des musées nationaux.
Après des cours auprès de professeurs de musique financés par sa grand-mère, G. H. Rivière tient l'harmonium de plusieurs lieux de cultes : l'Église Saint-Ménard, l'église du Saint-Sépulcre (Montdidier). Il entre au conservatoire de Paris de 1915 à 1917. Son gout de l'improvisation vient de son professeur Eugène Gigout, organiste à Saint Augustin de Paris. Rivière compose désormais sur orgue en qualité de maitre de la chapelle en l'église Saint-Louis en Ile à Paris jusqu'à l'été 1917 où à l'âge de 20 ans, la Première Guerre Mondiale le rattrape jusqu'au 17 avril 1919. Démobilisé, il est employé aux écritures chez le constructeur "Pelnard, Considere, Caquot et Cie" où il rencontre celui qui sera à l'origine de sa carrière dans les musées, Georges Salles, petit-fils de Gustave Eiffel. Il prendra également des leçons auprès de Gustave Koechlin de 1920 à 1925 qui fut le mentor du "Groupe des six". Ami de Francis Poulenc et d'Henri Sauguet, Rivière composera son unique œuvre classique, "Petite Cantate" sur des poèmes de Jean Racine pour quatuor vocal, orgue et quintette à corde en juillet 1925. Dans l'après-guerre, G. H. Rivière fréquente les cabarets de jazz parisien à Pigalle en devenant par ailleurs critique d'art aux "Cahiers d'art" et dans "Documents". Habitué du "Boeuf sur le toit" dans les années 20, où se croise toutes les vedettes de la mode, de la peinture et les écrivains, il écrit en 1925 une chanson pour Joséphine Baker. Ainsi, en 1933, une photographie du fonds montre Joséphine Baker dansant avec des instruments africains sortis d'une vitrine du Musée de l'homme sous le regard de G. H. Rivière. En 1924, Rivière suit les cours à l'école du Louvre par une insatiable volonté de savoir et arrête brusquement la musique, passion sur laquelle il reviendra dans les années 60. En 1925, Rivière est aussi intendant de la collection David-Weill, directeur de la banque Lazard, collectionneur et vice-président de grands musées à partir de 1923.
Ainsi, grâce à son réseau mondain, le mécénat de David-Weill, G. H. Rivière organise une exposition d'art précolombien dont il signe le catalogue en 1928 aux Arts décoratifs. C'est à la suite de cette aventure rocambolesque que le vicomte de Noailles l'intègre auprès du savant américaniste Paul Rivet, directeur du musée d’ethnologie. Il lui demande de relancer le musée du Trocadéro. Le nouveau sous-directeur du laboratoire d'Anthropologie du Muséum National d'Histoire naturelle s’acquitte avec succès de son aménagement selon René Gimpel dans son journal en 1929. Son talent d'organisateur de fêtes lui permet de relancer le musée d'ethnologie par des expositions de prestige tournées vers le sensationnel : Ile de Pâques par exemple. Commissaire adjoint du Pavillon français de la Word's Fair de New York en 1939, Rivière invente le nom de "musée de l'homme" qui nait de la reconstruction du Musée d'ethnologie au Palais de Chaillot suite à la l'Exposition Coloniale de 1937. Parallèlement, son rôle fut de coordonner les expéditions scientifiques où les chercheurs se lanceront sur des enquêtes de terrain. Parmi elles, celle de Claude Levi-Strauss qui rappelle comment ce mondain "avait un flair infaillible pour dénicher les auteurs ... et attirer sur eux la curiosité publique". Rivière utilisa son réseau de marchands ouvrant à Levi-Strauss les portes de la galerie Wildenstein qui y expose ses objets de la récente expédition au Matto-Grosso (Brésil) en 1936.
Collectionneur d'objets folkloriques, G. H. Rivière se rend compte que la France ne dispose pas de musées sur le folklore dont il élabore un projet dès avril 1931. À l'occasion de l'exposition universelle de 1937, le Front populaire va témoigner d'un grand intérêt pour la démocratisation culturelle. Grâce aux engagements et à la dynamique de Georges Henri Rivière, les prémisses du musée des Arts et Traditions Populaires (MNATP) voient le jour à partir des collections de la section française du musée d'ethnographie du Trocadéro. Des équipes d'enquêteurs sont constituées pour aller battre la campagne et collecter les objets.
G. H. Rivière marque sa différence avec le Musée de l'Homme : alors que ce dernier est rattaché institutionnellement au Muséum national d'histoire naturelle, le Musée dépendra de la section des beaux-arts du ministère de l'Éducation nationale, embryon du ministère de la Culture, créé avec André Malraux. Celui-ci s'installe dans le sous-sol du Musée des monuments français, mais les collections s'agrandissant, G. H. Rivière après la guerre, imagine un musée scientifique en plein air dans divers endroits de Paris. Après de nombreuses difficultés, le musée se voit attribuer un emplacement dans le Jardin d'acclimatation au Bois de Boulogne. G. H. Rivière travaille avec l'architecte Jean Dubuisson, qui élabore un bâtiment alors très moderne qui doit abriter les collections et les équipes de recherche. Il fonde ainsi le nouveau Musée national des Arts et Traditions populaires (MNATP), dont il est désormais nommé conservateur en chef de 1959 à 1967. En 1979, il raconte comment Malraux le mit sans appel à la retraite en 1967 après avoir découvert la création du laboratoire associé du CNRS.
Le fonds complète chronologiquement les documents publics sur son activité de conservateur du MNATP versés au Département Éducation, Culture et Affaires sociales (DECAS) des Archives nationales. Expert de l'UNESCO depuis 1948, Rivière supervise parallèlement le centre de documentation de l'UNESCO-ICOM. Les vingt dernière années de sa carrière, Rivière multiplie les activités de recherches, les participations associatives, de fréquentes collaborations à la création d’Écomusée tout en enseignant le fruit de son travail en muséologie.
Ainsi, ses papiers reflètent surtout sa carrière scientifique à la fois postérieure au MNATP, et néanmoins foncièrement liée à sa réputation dans le monde des musées nationaux et internationaux. Ainsi, "le magicien des vitrines" (Nina Gorgus, 2003) a joué un rôle important dans le développement des musées d'ethnographie, puisqu'il occupe successivement le poste de Directeur général associé en 1947, puis directeur de l’ICOM de 1948 à 1965 au sein du Conseil international des musées (ICOM). Cette organisation internationale non gouvernementale, associant les musées et professionnels de musées, le nomme ensuite, à sa retraite du MNATP, conseiller permanent jusqu'à sa mort en 1985 où il aura l'occasion de rédiger un traité de muséologie en 1971. Ce titre honorifique apparait désormais sur l'essentiel de sa correspondance officielle. Rivière y aura une influence certaine et assistera régulièrement aux séances.
Cependant, son expertise reconnu en muséologie conduit ce boulimique du travail à collaborer à l'organisation de nombreux musées. On note par exemple sa participation à l'élaboration des projets du parc de la Villette et de l'Institut du Monde Arabe. De 1960 à 1982, Rivière effectue souvent des missions nationales ou internationales, sur demande des institutions ou collectivités, pour élaborer avec eux des projets de parcs en plein air ou écomusées.
Ces papiers nous révèlent aussi les collaborations scientifiques dans des comités, des conseils d'administration ou des conseils scientifiques. G. H. Rivière est membre de la Commission nationale des Monuments historiques, section des Objets mobiliers depuis 1950, puis membre du Comité national du Centre national de Recherche scientifique CNRS de la section 30 (anthropologie, préhistoire et ethnologie) de 1957 à 1965.
Il s'implique en tant que président d'honneur de la Confédération nationale des Groupes folkloriques français, membre depuis 1956 du Conseil d'administration du Musée National de la Légion d'honneur dont il est chevalier depuis 1980, membre d'honneur de l'Association française des Collections publiques de France depuis 1966, membre du conseil artistique de Réunion des musées nationaux en 1974, membre du conseil supérieur de la recherche Archéologique, section Antiquités Historiques de 1965 au 12 mars 1969. En 1976, il est désigné président d'honneur des Amis du musée des Arts et Traditions populaires. Membre du cercle d'études architecturales, Rivière est élu membre associé de l'Académie d'Architecture, où il se consacre toujours à la datation de bâtiments parisiens à l'âge de 85 ans.
De 1973 à 1980, G. H. Rivière occupe également le poste de président de la Cinémathèque française, dont il ne fera que constater le déficit. Lauréat de la Fondation de France le 2 mars 1976, le muséologue est enfin honoré comme le créateur de parcs en plein et air et des écomusées en France. Enfin, G. H. Rivière est chargé de transmettre son savoir en donnant des cours en muséologie générale contemporaine à l'Université de Paris I Sorbonne de 1970 à 1983, date à laquelle il cesse toute activité.
"Le traité de muséologie", rédigé pour l'ICOM, et les notes de nombreux cours, dont les papiers Rivière donnent parfaitement la substance, seront les prémices de l'élaboration de l'ouvrage "La muséologie selon G. H. Rivière", publiée à titre posthume par l'association des Amis de Georges Henri Rivière en 1989.
Eric LANDGRAF (avril 2013).

Informations sur l'acquisition :

Don, 2012.
Historique de conservation :
Donnés au Musée national des Art et Traditions populaires (MNATP) le 11 mars 1991, les papiers privés de G. H. Rivière ont été transférés aux Archives nationales en décembre 2012 (à Pierrefitte-sur-Seine), après la fermeture, puis le déménagement des collections de l'ancien musée au Musée des civilisations de l'Europe et de la Méditérranée (MUCEM) à Marseille.
 

Conditions d'accès :

Communication libre, selon les modalités en vigueur aux Archives nationales.

Conditions d'utilisation :

Reproduction autorisée, selon les modalités en vigueur aux Archives nationales.

Description physique :

Importance matérielle :
175 cartons (690AP/1-690AP/175) ; 19 mètres linéaires.

Ressources complémentaires :

Les Archives nationales conservent de nombreux versements provenant du Musée national des Arts et Traditions populaires (MNATP), notamment :
  • 20120297. Gestion et valorisation des collections du Musée national des Arts et Traditions populaires. 1881-2002.
  • 20120397. Valorisation des collections du Musée national des Arts et Traditions populaires : expositions et prêts des œuvres aux expositions (1968-2005). 1938-2008.
  • 20130098. Relations avec des organismes extérieurs au Musée national des Arts et Traditions populaires. 1894-2009.
  • 20130147. Archives des ressources documentaires et activités scientifiques du Musée des Arts et Traditions populaires. 1908-2011.
  • 20130148. Préfiguration, aménagement et fonctionnement du musée implanté au Palais de Chaillot. 1930-1987.
  • 20130338. Photographies du Musée des Arts et Traditions populaires. Sans date.
  • 20130451. Gestion des archives historiques et de la documentation, de la bibliothèque et de la documentation photographique. 1937-2011.
  • 20130521. Enquêtes réalisées par le Musée national des Arts et Traditions populaires. 1836-2011.
  • 20140106. Dossiers du service des collections du Musée national des Arts et Traditions populaires (MNATP). 1877-2012.
  • 214AS/1-23. Archives du Conseil international des muséees. Comité national français (ICOM France). 1963-2010.
Pierrefitte-sur-Seine

Références bibliographiques :

  • Baghli (Sid Ahmed), Boylan (Patrick) & Herreman (Yani),, ICOM, Paris 1998.History of ICOM (1946-1996)
  • Breerette (Geneviève) & Edelmann (Frédéric), « Une rencontre avec Georges Henri Rivière, le musicien muséographe qui inventa les écomusées », dans :, 8/9 juillet 1979, p. 16.Le Monde
  • Chiva (Isac), « Georges Henri Rivière un demi-siècle d’ethnologie de la France », dans : , carnets du Patrimoine ethnologique, n° 5, octobre 1985, pp. 76-83.Terrain
  • Fields (Armond),, Éd. Hubschmid & Bouret, Paris 1985.Henri Rivière
  • Gorgus (Nina),, Éd. de la MSH, Paris 2003.Le magicien des vitrines. Le muséologue Georges Henri Rivière
  • Haggerty (Michael), « Georges Henri Rivière : "un mariage d'amour" », dans :, n°325, janvier 1984, pp. 48-51 et 85.Jazz
  • Leiris (Michel), « Portrait de Rivière »dans :, n°96, octobre/décembre 1985, p. 137.,L'homme
  • Leroux-Dhuys (Jean-François), « Georges Henri Rivière, un homme dans le siècle », in, Éd. Dunod, Paris 1989.La muséologie selon Georges Henri Rivière
  • Levaillant (Françoise), « La muséologie selon Georges Henri Rivière, bibliographie critique », dans :, 1990, vol. 90, n°1, p. 108.Revue d'Art
  • Levi-Strauss (Claude), « Allocution à la cérémonie en hommage à G. H. Rivière du 26 novembre 1985 »dans :, tome XVI, n°2, avril/juin 1986.,Ethnologie française
  • Salles (Georges),, Éd. des musées nationaux, Paris 1953.Donations de D. David-Weill aux musées français
  • Weis (Hélène), « Les archives de Georges Henri Rivière, au musée des ATP », dans :, tome XXI, 1993.Ethnologie française

Localisation physique :

Pierrefitte-sur-Seine

Organisme responsable de l'accès intellectuel :

Archives nationales (France)

Identifiant de l'inventaire d'archives :

FRAN_IR_050065

Archives nationales

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