Surnommé « l’homme de l’ombre », Jacques Foccart a été le premier « Monsieur Afrique » de la Ve République en devenant le secrétaire général des Affaires africaines et malgaches des présidents de Gaulle et Pompidou. Il incarnait simultanément la part sombre du gaullisme et le mythe de l’homme sans archive : en somme, le secret absolu de l’exercice du pouvoir au cœur de l’Élysée. Pourtant, dès les années 1980, les Archives nationales ont collecté les archives de son secrétariat général, laboratoire de la politique française en Afrique. Représentant, à lui seul, le volume des fonds de Gaulle et Pompidou réunis, le « fonds Foccart », inscrit dans la série des archives présidentielles, est aujourd’hui coté AG/5(F).

Or, ce fonds d'archives a pour socle une collection de « manuscrits du général de Gaulle » versée aux Archives nationales par Jacques Foccart, alors secrétaire général pour la Communauté et les Affaires africaines et malgaches, sous forme de quatre dossiers [auj. cotés Arch. nat., AG/5(F)/1-AG/5(F)/4], dès le 9 avril 1971. Alors que ces papiers étaient soigneusement reliés en quatre volumes, leur inventaire, réalisé par Mme Jullien le 7 mai 1971, fut adressé par Guy Duboscq, directeur des Archives de France, à Jacques Foccart le 1er septembre 1971. À compter de 1977, dans le cadre de la constitution des archives présidentielles, René Journiac, ancien bras droit de Foccart devenu son successeur auprès de Giscard d’Estaing, verse 300 ml des archives des collaborateurs de Foccart (partie « Élysée » du fonds). En 1980, les Archives nationales obtinrent de Jacques Foccart qu'il versât les 100 ml d’archives emportées en 1974 à son départ de l’Élysée pour poursuivre ses activités politiques (partie « Scribe »). C'est dans ce cadre qu'un cinquième dossier de « manuscrits du général de Gaulle » [auj. coté Arch. nat., AG/5(F)/5] rejoint les Archives nationales le 4 novembre 1980, dont l'inventaire fut dressé par Sylvie Nicolas le 24 septembre 1982. Le classement et l'inventaire définitif du fonds, achevé en 2014 par Jean-Pierre Bat (département de l'Exécutif et du Législatif), a permis enfin de mettre au jour l'existence d'un sixième dossier, constitué avant les versements aux Archives nationales [auj. coté Arch. nat., AG/5(F)/11].

L’une des grandes particularités de ce fonds d’archives présidentielles est de révéler le tissu humain qui anime et que la postérité a qualifié de « réseaux Foccart ». Il apparaît aussi varié que dense, à la croisée des réseaux issus de la Résistance, des amitiés gaullistes, des services de renseignement, des relations interpersonnelles et des , dans une dimension quotidienne longue d’une quinzaine d’années. Les sources officielles y croisent les sources officieuses. Le « fonds Foccart » invite à une plongée dans les archives et les arcanes originelles de la politique de la France en Afrique.missi dominici