Inventaire d'archives : Fonds de la fédération française des éclaireuses (section neutre) et du groupe Paris-Vivienne neutre (1923-1995)

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INTRODUCTION
Au début du siècle, parmi les oeuvres crées en faveur de la jeunesse, les Unions Chrétiennes de Jeunes Filles organisèrent des sorties de plein air pour leurs adhérentes et peu à peu s'intéressèrent à la naissance du Scoutisme en France pour les garçons protestants. (Eclaireurs Unionnistes, automne 1910).
En 1911, de jeunes parentes de ces Eclaireurs, membres d'une union Chrétienne parisienne, tentèrent des expériences selon les méthodes et principes scouts, au profit d'adolescentes. C'est en 1912 que se constituait une Commission des Eclaireuses au sein du Comité U.C.J.F. et les sections dotées d'un embryon de Loi, faisaient de petites sorties en plein air, des feux de cuisine, du secourisme de la botanique. Leur uniforme était plutôt disparate mais avec le chapeau Eclaireur ...à jugulaire.
Durant la Grande Guerre, il y avait 5 Sections d'Eclaireuses Unionnistes dans Paris, 8 autres en Province. Le recrutement était essentiellement populaire ce qui suscitait une certaine forme d'action sociale parmi ces jeunes, en outre des rudiments scouts à leur enseigner. Un cours de cheftaines était créé en 1916, dans Paris, par la Commission E.U.
Parmi les fortes personnalités qui marquèrent l'essor du Scoutisme féminin, fi&uraient Mesdemoiselles Georgette SIEGRIST et Antoinette BUTTE, cette derniere assurant le lien entre les Sections et faisant de la propagande parmi les dirigeantes de Foyers ou Résidences Sociales.
Après 1918, en raison du nombre d'hommes décimés au combat, des jeunes filles s'orientaient vers une action civique et sociale dont certaines se vouèrent aux Eclaireuses. En Août, durant un camp réunissant une vingtaine de cheftaines, étaient tracées les grandes lignes de travail de la Commission Nationale, pour l'année à venir.
Parmi les créations précédentes, il y avait eu la Section Naples de tendance plutôt neutre, d'esprit très indépendant, en nombre important et qui fusionna ultérieurement avec la Fédération.
Le premier mince Manuel de l'Eclaireuse parut en 1920, oeuvre de Mademoiselle BUTTE qui rédigea aussi les statuts et fit exécuter en émail vert, le Trèfle à trois feuilles choisi comme insigne au premier camp de cheftaines.
Les E.U. élisent une Commissaire Régionale de la Seine et tiennent leur premier congrès à Lyon. Les statuts sont adoptés et il est décidé d'une Association « Le Mouvement des Eclaireuses Unionnistes ».
Mademoiselle SIEGRIST est élue Commissaire Nationale ; un vote favorable est émis pour la création du journal « L'Alouette » et l'ouverture d'un petit magasin à Lyon (transféré peu après à Paris).
Ainsi se structurait un mouvement d'obédience protestante. Des sections se voulaient ouvertes à toutes, mais en préservant leur essentielle mission évangélique ; d'autres tendaient vers un certain pluralisme dans le recrutement, en respect des convictions individuelles.
Au. Congrès d'Epinal, Juillet 1921, les tendances s'affrontent puis, dans un magnifique élan est votée la création de la FEDERATION FRANCAISE DES ECLAIREUSES qui comprendra donc des unités protestantes, et des unités Neutres (interconfessionnelles). Quelques années plus tard seront affiliées des Sections Israélites.
Les mouvements d'Action Catholique ne voulant participer à cette fondation, favorisèrent en 1923, la création du Mouvement des Guides de France.
La FFE, association déclarée Octobre 1923, progresse avec des facilités d'accès grâce aux unités Neutres, dans les Ecoles, Lycées. Sont crées des Envolées de PETITES AILES (7-11 ans) et des Equipes d'AINEES.
Les pionnières d'encadrement assuraient la continuité de l'esprit d'entente dont Madame Marguerite WALTHER, Commissaire Régionale de la Seine, puis Nationale jusqu'en 1940 qui avait puissamment contribué à vouloir l'incor- poration d'éléments interconfessionnels. Un annuaire de 1928 fait état de 92 Sections d'Eclaireuses, 23 Envolées et 9 Equipes diE. Ainées.
La même année est fondée l'Association Mondiale des Guides, et Eclaireuses siégeant à Londres, suite à des prises de contacts inter-pays durant les années précédentes.
Les années suivantes furent marquées par la création des « Eclaireuses Malades » - Branche EXTENSION -avec entrée dans les Ecoles d'aveugles, hôpitaux, préventoria, sanatoria (dont un travail qui irait s'approfondissant d'année en année auprès des « allongées » de Berck) ; la célébration du Xème anniversaire FFE à la Sorbonne en 1932 ; la participation à la campagne de Probité ; la collaboration avec toutes les fédérations scoutes françaises à l'occasion de la visite à Paris du « Chief scout » et de Lady BADEN POWELL (1936) et pour l'organisation du Pavillon Scout à l'Exposition Internationale de 1937.
A l'époque, des émissions scoutes étaient diffusées par la radio, et les Mouvements masculins, féminins plus étroitement unis par leurs cadres de haut niveau au sein d'un nouvel organisme « LE SCOUTISME FRANCAIS ».
Il y avait en 1938 quelques 9 000 adhérentes à la FFE de par la France.
Durant la guerre, le scoutisme étant interdit en Zone d'occupation, disparurent des unités dont celles des Petites Ailes, en raison de leur jeune âge.
Des Sections Unionnistes se camouflaient sous l'égide de l'Alliance Protestante de la Jeunesse, et les Neutres à couvert par la Croix Rouge de la Jeunesse. Des Eclaireuses Ainées maintenaient également leur clan- destine sous un autre patronage. L'une des Commissaires Nationales adjointes était dans Paris pour assurer la liaison entre les FFE et pourvoir à la formation de cheftaines par des cours organisés en secret. activité
L'idée de service prévalait : participation à des services d'entr'aide pour les enfants - particulièrement les enfants juifs -, les réfugiés... et partici- pation à la Résistance. (Ainsi l'une des monitrices du cours de cheftaines dut cesser précipitamment cette activité et s'enfuir, parce que recherchée par la Gestapo.)
En Zone libre où se déployait aussi faits de Résistance et services d'entr'aide, le recrutement était nombreux favorisé par l'apport de réfugiées alsaciennes et israélites.
A partir de 1945, le siège social FFE de Vichy reprenait ses anciens locaux parisiens et regroupait Neutres, protestantes, israélites sous la direction d'une Commissaire Générale, assistée de Commissaires Nationales, par branches d'activité. L'effectif qui allait plafonnant vers 30 000 adhérentes imposait de nouvelles structures territoriales et administratives avec Commissaires Provinciales, Régionales etc, d'autant que la FFE était implantée en Afrique du Nord, et dans divers territoires d'Outre-Mer.
La liaison entre tous les Mouvements avait repris au sein du Scoutisme Français dirigé par un Secrétaire Général protestant, un Secrétaire Général adjoint catholique (Scout de France) et une autre adjointe (FFE), sous le patro- nage du Général Lafont.
L'activité éclate dans la FFE et les autres fédérations. En 1945, ce sont les représentantes de tous les scoutismes qui défilent sur les Champs Elysées devant Lord et Lady Baden Powell.
Une Commissaire est déléguée pour coopérer avec les Eclaireurs de France (neutres) et d'autres associations à la création des Francs et Franches Camarades.
Représentation aussi à la Conférence Mondiale des Guides et Eclaireuses réunissant à Evian les délégués de 23 pays.
En 1948, l'idée de mixité faisant son chemin, les Eclaireurs de France proposent une fusion avec la branche Neutre FFE, laquelle pose ses conditions...
La même année, la Fédération, moyennant contribution de tous ses membres achète un hôtel particulier 6 rue Ampère pour y transférer son siège social jusque-là resté 10 rue de Richelieu.
Il y a un camp franco-musulman et traversée de la Kabylie, dirigé par G. Jourdain, future Madame Lamon.
L'année suivante se manifeste beaucoup d'attrait pour les questions internationales, civiques, politiques et se place un grand camp National Eclai- reuses Ainées en Algérie.
En 1950, les EDF demandent une fusion complète avec les Neutres FFE, proposition qui est repoussée à 75 % au Congrès de Moulins. Ils rompent alors les accords précédents et créent des unités mixtes et féminines.
Madame Jourdain-Lamon élue Commissaire Générale en 1950, donne une vive impulsion à la FFE : Conférences Mondiales, Congrès, et création du foyer "la Nef" avec les Guides de France, 10 rue de Richelieu. Grand ras- semblement à Berck d'Européennes pour créer un Foyer de Loisirs et de Culture pour les malades.
En 1953, représentation à la Commission de la Jeunesse de l'Unesco- à la Commission du Conseil Supérieur de l'Education nationale -à la Commis- sion de surveillance de la Presse Enfantine -au Comité pour la dignité de la Presse Féminine -à l'Union des camps de montagne -aux Auberges de la Jeunesse.
Un camp franco-musulman se tient au Mzab et un camp-Ecole à Alexandrie / Egypte.
En 1954, 2 000 Eclaireuses campent par unités, avec leurs cheftaines dans le domaine des Courmettes (acquis avant 1939 par la FFE et revendu ultérieurement).
Les petites Ailes au cours d'un grand rassemblement en 1955 font une expédition dans les airs pour survoler Paris. Un nouveau « carnet P.A » est édité.
Il y a des expériences réussies de réunions, sorties et camps, à Lyon entre aveugles et voyantes.
Des chalets montagnards et terrains sont achetés : les Prés à PUY ST VINCENT.
L'année suivante, les études portent sur la Presse, la radio, la télévision, le cinéma, le théâtre ainsi que sur la formation professionnelle, les Syndicats, la Cité, la famille.
Des essais de camps bilingues avec les Anglaises sont fructueux et reprennent les années suivantes.
En 1957, c'est la XVI conférence mondiale des Guides et Eclaireuses au Brésil d'où Madame Lamon avec une autre Commissaire visite les unités FFE de Rio, Santiago du Chili, Cayenne et Pointe à Pitre. e
A propos de la Constitution qui va être votée en 1958, le sujet affleure dans la FFE.
Un camp Neutre, aux Prés, regroupe des représentantes de 5 nationalités -1959 -.
En 1961, le centre d'intérêt est fixé sur l'Europe.
En 1962, l'intérêt est porté aux différentes philosophies : Teilhard de Chardin / Existentialisme / Marxisme / Personnalisme. Et d'autres part, un numéro entier du journal cheftainal « le Trèfle » est consacré à l'éducation artistique.
L'accroissement des jeunes filles prenant une activité professionnelle ou poursuivant des études ardues, entraînait la pénurie de cheftaines. D'où la création de clans Libres, petits groupes ayant leurs activités propres, sous surveillance naturellement. Les Neutres FFE, amputées de cheftaines et Ec1aireuses qui s'étaient ralliées au système mixt~ des Ec1aireurs de France, commençaient à connaître de graves difficultés.
En raison de cet attrait pour la mixité -normal en ces années- s'effritait la notion de pluralité qui avait fait la grandeur de la Fédération des Ec1aireuses durant 40 ans : tandis que les Unionnistes reprenaient leur autonomie aux côtés des Ec1aireurs de leur confession, que les unités israélites rejoignaient les Ec1aireurs Israélites de France, conservant toutefois une certaine indépendance, les Neutres de la FFE disparaissaient. Tout était consommé entre 1963 et 1964.
Il ne s'agit pas, dans le don qui a été fait aux Archives Nationales, des archives de la Fédération Française des Eclaireuses, mais de documents concernant principalement son groupe Neulre, ce, jusqu'en 1938, avec certains autres postérieurs à 1950.
Ces éléments proviennent de Madame Ginette JOURDAIN-LAMON, Eclaireuse dès 1922, cheftaine puis Commissaire générale 1950-1962, et Madame Odette DAMARD-LEJEUNE / LAJUGIE de LA RENAUDIE, Eclaireuse, chef du clan, Institutrice Paris-Luxembourg (lycée Fenelon) 1926-1929, ensuite cheftaine, puis Conseillère du groupe Paris-Vivienne. 1929-1938.
Cette dernière a réalisé le regroupement et le classement des documents ainsi que les notices de présentation qui les accompagnent matériellement. Les archives Paris-Vivienne, sauvegardées par elle, avec un ensemble chronologique de photographies et quelques documents ajoutés par d'anciennes Eclaireuses : Madame LE TOUZE, Mesdemoiselles POSER et ROUQUIER constituent une somme appréciable de renseignements sur le vécu au jour le jour de ces unités neutres de la Fédération Française des Eclaireuses.
O. LEJERGIE DE LA RENAUDIE G. LAMON

Cote :

48AS/1-48AS/8

Publication :

Archives Nationales
1982

Informations sur le producteur :

Fédération française des éclaireuses (1921-1964)

Localisation physique :

Pierrefitte

Identifiant de l'inventaire d'archives :

FRAN_IR_004498

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