Inventaire d'archives : Chambres civiques de la cour de justice du département de la Seine (1944-1951)
Contenu :
Au nombre des tribunaux d'exception de la Libération figurent les chambres civiques, chargées de juger les faits de collaboration mineurs. L'ordonnance du 26 août 1944, qui avait institué l'indignité nationale, stipulait que celle-ci serait prononcée par des sections spéciales établies auprès des cours de justice appelées à réprimer les faits de collaboration. Ces sections prendront le nom de chambres civiques par l'ordonnance du 30 septembre 1944.
L’article 1er de l’ordonnance du 26 décembre 1944 portant modification et codification des textes relatif à l’indignité nationale désigne comme coupable de ce crime . Cette définition offre un champ extrêmement large au juriste. Différents délits entrent dans ce domaine de compétence :« tout Français dont le comportement traduit une quelconque aide à l’ennemi préjudiciant ainsi la nation »
- avoir fait partie des gouvernements nommés après le 16 juin 1940 ;
- avoir assumé un poste de direction dans les services de propagande de ces gouvernements ou dans les services du Commissariat général aux questions juives ;
- avoir adhéré aux organismes de collaboration (Milice française, partis politiques et groupements divers) ;
- avoir publié des écrits en faveur de la collaboration.
Les chambres civiques ne peuvent punir que par la dégradation nationale sur une échelle graduée assez finement (à vie ou pour une période déterminée d’un minimum de 5 ans). La dégradation nationale entraîne la privation de droits civiques comme les droits de vote et d'éligibilité ou l’interdiction d'appartenance à la fonction publique. En 1947, l’Assemblée nationale étend les sanctions au domaine économique, avec la privation des dommages de guerre ou les majorations d’impôts.
Cette sentence s’accompagne dans la grande majorité des cas de la confiscation de tout ou partie des biens et de l’interdiction de résider dans un certain nombre de localités en France, en Algérie, ou autres colonies et protectorats, à commencer par les territoires où les faits condamnés ont été commis.
Conformément à la réglementation de la Commission nationale de l’informatique et des libertés, les données à caractère personnel ou sensibles relatives en particulier à l’état-civil des personnes ou encore aux condamnations dont ils ont fait l’objet ne peuvent être diffusées en ligne. Les dossiers de procédure sont donc identifiés uniquement par leur numéro dans le répertoire numérique accessible sur internet. Le lecteur peut accéder en salle des inventaires physique des Archives nationales aux descriptions mentionnant le nom et le prénom des personnes jugées par les chambres civiques du département de la Seine. Le présent instrument de recherche a permis de recenser pour ces chambres civiques environ 9 000 noms d'inculpés. Certains d'entre eux reviennent sous plusieurs numéros de dossiers. Les dossiers multiples sont signalés dans la partie « description » de la notice.
Le fonds comprend aujourd'hui trois ensembles de documents : les dossiers des affaires jugées, des registres et des fichiers.
Z/5/1 à Z/5/311 Dossiers des affaires jugées :
Les archives des chambres civiques de la cour de justice, section départementale de la Seine, sont constituées par les dossiers des affaires jugées de 1944 à 1951, classés par numéro d'enregistrement du Parquet. Les accusés sont souvent des adhérents au Parti franciste, au Parti populaire français, au Rassemblement national populaire et les documents de leurs procès aideront à établir la typologie des membres de ces partis collaborationnistes, mais également à préciser le cas échéant, grâce aux témoignages à décharge, l'aide apportée à la Résistance, aux juifs et aux réfractaires, et enfin à étudier l'échelle des peines prononcées par les magistrats et les jurés.
Un dossier type est composé de pièces de forme (mandat d'amener, ordre d'écrou), de pièces d'information (auditions de témoins, réquisitoires, rapports de police, scellés) et de pièces de renseignements ou renseignements généraux (extraits du casier judiciaire).
Z/5/447 à Z/5/492 Registres :
Les registres s’organisent tous, avec quelques nuances, de la même façon. Sont précisés le numéro de chambre, la date d’audience, le numéro d’arrêt et le numéro de dossier. Suivent le nom et prénom de l’inculpé, la date d’écrou et enfin la sentence. Le lecteur a à sa disposition deux types de registres :
- les registres des arrêts du 2 janvier 1945 au 23 janvier 1951 (Z/5/448 à Z/5/480) et des arrêts de suspension des droits de vote, d’élection et d'éligibilité de février-avril 1945 (Z/5/487 à Z/5/491).
- les registres d’enregistrement des audiences des chambres civiques classées par ordre chronologique et par chambre du 2 janvier 1945 au 28 novembre 1950 (Z/5/481 à Z/5/485) et d’enregistrement des dossiers de procédure (Z/5/486).
Z/5/493 à Z/5/500 Fichiers :
Les fichiers se présentent sous forme de petites fiches contenant le numéro de dossier attribué par la chambre civique mis en parallèle avec le numéro de dossier de la cour de justice. Concernant l’inculpé en particulier, sont précisés les noms et prénoms ainsi que les dates des différentes étapes de la procédure. Deux types de fichiers sont conservés : le premier concerne les affaires jugées par les chambres civiques (Z/5/493 à Z/5/499) et le second les recours en grâces des personnes jugées par les chambres civiques (Z/5/500) : En raison de l'opération de reclassement du fonds en cours, les cotes Z/5/312 à Z/5/446 sont vacantes et certaines cotes ont été modifiées. Le lecteur peut se reporter au tableau de concordance en annexe.
Cet instrument de recherche est appelé à s'enrichir dans les années à venir par la description des scellés relatifs à des affaires jugées par les chambres civiques de la cour de justice du département de la Seine, actuellement conservés dans le fonds de la cour de justice, en cours de classement dans le cadre du Projet scientifique, culturel et éducatif des Archives nationales. Ces scellés seront ultérieurement cotés dans la série Z/5.
Cote :
Z/5/1-Z/5/500
Publication :
Archives Nationales
2016
Pierrefitte-sur-Seine
Informations sur le producteur :
Les chambres civiques sont instituées sur le modèle des cours de justice. De compétence départementale, elles sont composées de cinq membres : un magistrat présidant les audiences et quatre jurés choisis dans la liste établie par le Comité départemental de libération. Un commissaire du gouvernement porte l’accusation et l’inculpé peut être défendu par un avocat.
Elles exerceront leurs prérogatives du 2 janvier 1946 au 23 janvier 1951. Le nombre de chambres pour le département de la Seine varie durant cette courte période, pour aller en diminuant. On compte sept chambres civiques de la Cour de justice de la Seine en novembre 1945, six entre janvier 1946 et janvier 1947, trois en juin 1947, deux en juillet 1948 et enfin une seule jusqu’en 1951. Cette dernière année marque la fin de l’activité des chambres civiques avec la première loi d’amnistie.
Informations sur l'acquisition :
Versements
Historique de conservation :
Le fonds des archives des chambres civiques de la cour de justice du département de la Seine a été versé le 27 avril 1960 par le greffe de la cour d’appel de Paris aux Archives nationales. Conservé de 1960 à 2012 dans le quadrilatère des Archives nationales dans le Marais, la série Z/5 a été déménagée en 2013 sur le nouveau site de Pierrefitte-sur-Seine.
Description :
Mise en forme :
Les dossiers sont classés par ordre numérique.
Conditions d'accès :
Communicables selon les articles L. 213-1 à 213-7 du Code du patrimoine et selon l’arrêté du 24 décembre 2015 portant ouverture d’archives relatives à la Seconde guerre mondiale, sous réserve des restrictions imposées par l’état matériel des documents.
Par ailleurs, conformément à la réglementation de la Commission nationale de l’informatique et des libertés, ne sont publiées dans ce présent instrument de recherche en salle des inventaires virtuelle des Archives nationales que les données pouvant être diffusées sur Internet. Les données à caractère personnel ou sensibles peuvent être consultées sur les postes informatiques de l’un des sites des Archives nationales.
Conditions d'utilisation :
Reproduction selon le règlement en vigueur aux Archives nationales.
Description physique :
Importance matérielle :
49 mètres linéaires (357 articles)
Ressources complémentaires :
- Archives nationales
Cour de justice du département de la Seine (Z/6)
Ce fonds étant en cours de classement, certaines cotes sont susceptibles d’évoluer.
Z/6/1 - Z/6/894 : Dossiers des affaires jugées : pièces de procédure (interrogatoires, assignations à
témoin, citations à inculpé, correspondance, arrêts…) numérotés de 1 à 5985.
Z/6/895 : Listes des dossiers par ordre numérique.
Z/6/896 - Z/6/897 : Listes de jurés.
Z/6/898 - Z/6/2000 : Scellés et pièces annexes se rapportant aux procédures jugées par la cour de justice du département de la Seine ou par ses chambres civiques.
Z/6/2001 - Z/6/2056 : Arrêts rendus entre le 17 octobre 1944 et le 31 janvier 1951.
Z/6 NL/1 - Z/6 NL/841 : Dossiers des affaires classées sans suite.
Z/6 SN/1 - Z/6 SN/173 : Dossiers des enquêtes ouvertes.
Autres parties du fonds en cours de recotation : Dossiers de pourvoi en cassation rejetés, dossiers de recours en grâce, dossiers de demande d’amnistie, dossiers de correspondance administrative, dossiers de demande de restitution de scellés, archives de fonctionnement.
- Archives de Paris
Cour de justice du département de la Seine
Une partie des archives de la cour de justice de la Seine et de ses chambres civiques a été versée par la cour d’appel de Paris aux Archives de Paris après le versement effectué aux Archives nationales.
1320W/103, 1320W/120 - 1320W/129, 1320W/136 - 1320W/141 : Archives de fonctionnement de la cour de justice.
212/76/1 articles 12 - 212/76/1 article 13 : Arrêts nominatifs de suspension des droits de vote pris par les chambres civiques de la cour de justice de la Seine.
Cour d’appel de Paris, service des scellés
1471W/13 - 1471W/14 : Enregistrements des scellés de la cour de justice.
1466W/1 - 1466W/52 : Scellés ou pièces à conviction saisis chez des collaborateurs dans le cadre des procédures ouvertes devant les juridictions d’exception de l’occupation et la cour de justice de la Seine.
1471W/37 - 1471W/75 : Scellés de procédures menées par la cour de justice.
1808W/1 - 1808W/17 et 1808W/19 : Dossiers documentaires du parquet de la cour d’appel de Paris concernant la cour de justice de la Seine.
Références bibliographiques :
Les références proposées offrent une première orientation sur le sujet de l'épuration judiciaire.
Association française pour l’histoire de la justice, , La documentation française, 2008, 287 p.La justice de l’épuration à la fin de la Seconde guerre mondiale
FARCY (Jean-Claude), sous la direction de Philippe Vigier, , Cnrs Éditions, 1992 ; consultable en ligne à l'adresse https://criminocorpus.org/IMG/pdf/Guide_complet.pdf.Guide des archives judiciaires et pénitentiaires (1800-1958)
JAFFRE (Yves-Frédéric), , Les Nouvelles Éditions latines, 1963, 365 p. Les tribunaux d'exception 1940-1962
SIMONIN (Anne), , Paris, Grasset, 2008, 770 p.Le déshonneur dans la République. Une histoire de l’indignité 1791-1958
TUNC (René). Cours de justice et chambres civiques, Revue administrative, 1949, n°9, p.292-294.
VERGEZ-CHAIGON (Bénédicte), , Bibliothèque historique Larousse, 2010, 607 p.Histoire de l’épuration
Localisation physique :
Pierrefitte-sur-Seine
Organisme responsable de l'accès intellectuel :
Archives nationales de France
Identifiant de l'inventaire d'archives :
FRAN_IR_054895