La constitution de ce premier ensemble, conservé avant son dépôt aux Archives nationales chez le comte Michel de Bertier (1892-1979), au Vésinet (Yvelines), est due principalement à l’activité du comte Charles de Bertier (1817-1905), assisté de son neveu Emmanuel de Bertier (1843-1921, père de Michel), dont le but principal est, dans les années 1880, d’établir la généalogie de la famille et de dresser un inventaire des archives utilisées ; cette généalogie (1887) et cet inventaire (S.d.) font l’objet d’une édition hors commerce []. Pour cela, Charles de Bertier extrait, classe et répertorie les pièces pouvant servir d’appui à son travail, alors groupées dans une dizaine de cartons, et les fait relier en recueils intitulés « Titres généalogiques » (TG), numérotés 1 à 75, dont les couvertures sont ornées d’armoiries relevées par ses soins au Cabinet des titres de la Bibliothèque nationale et peintes avec un certain art (). Le choix et le classement de ces archives met en exergue, d’une part, les carrières prestigieuses des chefs de famille, dont les pièces sont recueillies sous les intitulés solennels de « Commissions » et de « Lettres de chancellerie » ; d’autre part, il souligne les mariages avantageux de la famille de Bertier (« Alliances » et « Filiations »), ainsi que les relations avec les personnalités politiques et intellectuelles du XVIIIe siècle (lettres de Voltaire, Florian, d’Ormesson, Miromesnil, Malesherbes, Turgot, Machault, Fleury, d’Aiguillon, Maupeou, etc.). Le travail de Charles de Bertier met ainsi en valeur la mémoire dynastique, le rayonnement social et le service du roi, notamment dans un recueil de « Lettres et ordres du roi adressés à Louis Bénigne François Bertier de Sauvigny » en 1770-1774, relié avec faste, qui en forme une pièce maîtresse. Cet ensemble est complété par quelques cartons d’archives directement produits par les recherches de Charles de Berthier et d’une documentation rassemblée sous l’intitulé de « Pièces historiques » (PH) ().voir sa correspondance en 80AP/53 dossier 2380AP/76-80AP/8580AP/86-80AP/89

À la fin de l’année 1937, l’abbé Guillaume de Bertier de Sauvigny (1912-2004), eudiste et futur historien de la Restauration, envisage, avec le concours des principaux membres de la famille, d’étendre le classement effectué par Charles de Bertier à l’ensemble des papiers conservés au Vésinet et de constituer un fichier unique répertoriant l’ensemble des archives conservées par différents membres de la famille ainsi que dans les services publics d’archives. Par la suite, ce projet trop ambitieux se réduit au classement et à l’inventaire des seules archives du Vésinet. Le travail de classement et d’inventaire conduit par André Chéron, de janvier 1938 à mars 1939, puis de septembre 1941 à janvier 1942, soit près de 700 heures de travail pour un coût de 9654 francs, est le premier à se montrer attentif à donner une vue d’ensemble de ces archives. On y a séparé, selon la distinction traditionnelle, les « liasses » probablement déjà en cartons () et les « registres » conservés dans une armoire (). André Chéron constitue des dossiers et les met en ordre selon un plan de classement dont les rubriques alphanumériques distinguent les archives personnelles (lettres A à V) et « les documents qui, s’appliquant aux terres possédées par plusieurs générations de la famille, ne sauraient se rattacher à l’un ou l’autre des personnages » (lettres X et Y), selon la méthode alors appliquée au classement des archives privées (par exemple Charles Samaran sur le chartrier de Thouars). Les membres de la famille y sont énumérés par génération, par branche et par ordre de naissance. André Chéron inscrit la référence alphanumérique et l’analyse sommaire des archives à la fois sur les documents ou leurs chemises – souvent des demi-feuilles pliées prélevées dans les archives elles-mêmes – et sur environ 1800 fiches cartonnées () classées dans l’ordre méthodique de son plan de classement (et non dans l’ordre numérique des articles d’archives). Il inventorie de cette manière tant les liasses et les registres alors non identifiés que les archives auparavant classées par Charles de Bertier, en rectifiant le cas échéant les erreurs d’identification de son prédécesseur.80AP/1-80AP/7580AP/90-80AP/15880AP/159-80AP/160

Il ajoute encore à son inventaire quelques fiches supplémentaires de renvoi (bleues) pour décrire des archives conservées par quelques autres membres de la famille de Bertier :

• celles du comte Albert de Bertier, conservant principalement les papiers de la branche Louis Bénigne Bertier, mais aussi un certain nombre de pièces du temps des intendants Bertier et des familles alliées ;
• celles de la comtesse Jean de Bertier (218, boulevard Saint-Germain), conservant les papiers de la branche Anne Pierre de Bertier ;
• celles du comte Bénigne de Bertier, hérité des recherches et travaux de son père Christian de Bertier (1864-1939) ;
• celles du marquis de Solages, descendant des Bertier de Sauvigny, propriétaire du château de la Verrerie à Carmaux (Tarn).

En 1950, quelques années après la fin du travail d’André Chéron, les archives sont déposées aux Archives nationales par le comte Henry de Bertier, hormis le chartrier de la seigneurie de L’Isle-sur-Serein donné par l’abbé de Bertier aux archives départementales de l’Yonne (8 J 1-28). Lors de leur entrée aux Archives nationales, les archives de la famille de Bertier de Sauvigny se voient affecter la sous-série 80AP et chaque carton reçoit un numéro d’article (liasses ; recueils ; recherches généalogiques et « pièces historiques » ; registres et inventaires sur fiches). Une photocopie donnée en 1976 est ajoutée dans le carton 80AP/53 et une pièce originale donnée en 1993 est ajoutée dans le carton 80AP/12. Depuis lors, toute consultation de ces 160 articles d’archives nécessitait de recourir successivement à :

• la notice et l’état général sommaire (par Yvonne Lanhers, 7 p. dactyl.) qui donne les grandes divisions du plan de classement ;
• puis le fichier manuscrit qui fournit l’analyse détaillée des dossiers et pièces avec leur référence alphanumérique ;
• puis une table de concordance (par Suzanne d’Huart, 5 p. dactyl.) qui, depuis la référence alphanumérique, indique le numéro de l’article en 80AP.

Pour faciliter la consultation de ces archives, le département des archives privées assure en 2020-2021 la saisie et l’encodage en EAD de l’inventaire sur fiches manuscrites d’André Chéron, afin de publier en ligne cet instrument de recherche. Les cotes du 80AP y sont reportées, mais la référence alphanumérique donnée par André Chéron y est conservée entre crochets, de manière à permettre de suivre les nombreux renvois internes indiqués sur les chemises et sur les documents eux-mêmes. À cette occasion, tous les dossiers sont en outre récolés et reconditionnés (en ayant soin de conserver les chemises anciennes), ce qui permet à la fois d’ajouter à l’inventaire de quelques articles oubliés dans l’inventaire d’André Chéron, de signaler explicitement les pièces inventoriées par ses soins mais non entrés aux Archives nationales, de reclasser à leur place des dossiers anciennement notés en déficit et de garantir de bonnes conditions de conservation à l’ensemble des archives.

Ces trois suppléments font l’objet d’un état sommaire par Claire Sibille en 2001-2003 (13 p. dactyl.), textuellement repris dans le présent instrument de recherche.