Inventaire d'archives : Fonds Odilon Barrot (1400-1935).

Contenu :

"Le grand édifice de l'histoire nationale ne se construit pas seulement à l'aide de pierres monumentales ; de petites pierres agglomérées avec soin ; peuvent fournir de solides assises".
Marquis de VOGÜE
Il s'agit dans cet inventaire infiniment moins de lettres d'O. BARROT que de lettres reçues par lui ; encore que celles-ci portent souvent de sa main le sens de la réponse à faire, et parfois le brouillon complet.
Ces lettres, quelques milliers, avaient jadis, en partie du moins, été classées par les secrétaires d'O. BARROT. Elles portent encore, certaines, des numéros, mais impossibles à utiliser dans un reclassement général, qui s'imposait.
En effet, par suite de déménagements successifs, elles se trouvaient à peu près en vrac dans une dépendance de la maison de campagne d'O. BARROT à Bougival.
Monsieur le Comte d'ARGENCE, héritier du domaine et des archives a bien voulu nous confier ces documents pour l'établissement de la biographie de son grand oncle ; O. BARROT. Il était assez naturel que nous les lui rendions classés.
Après ce qu'ont écrit et réalisé MM. Charles SAMARAN et Henri COURTEAULT à propos du "Chartrier des La TREMOILLE" (B.N. 8° Lj I6-27, "Pour le classement des archives de famille "Charles SAMARAN - "Le Chartrier des La TREMOILLE" Avant propos par Henri COURTEAULT - Arch. Nat. 1930), il est sans doute superflu d'insister sur l'intérêt réel des archives de famille et d'un tel travail même limité.
Il ne veut être qu'une de ces "petites pierres", dont parlait le Marquis de VOGUE. Nous l'avons simplement enrichi de la publication d'inédits, dans la plupart des cas autographes, qui ont paru interessants au point de vue psychologique, politique ou historique.
Nous insisterons davantage sur la méthode suivie :
La correspondance d'O. BARROT a été classée d'après les sujets traités, ce qui a paru plus logique ; mais en tenant compte dans la mesure du possible de l'ordre chronologique.
Une table alphabétique doit permettre de retrouver toutes les lettres d'un même correspondant, ainsi dispersées dans différentes liasses - Les astériques indiquent les citations entières ou partielles ; les chiffres soulignés renvoient aux brèves notices biographiques. Celles-ci décemment ne convenaient pas aux correspondants célèbres et étaient impossibles pour les inconnus.
Tout classement est une construction de l'esprit et a sa part d'arbitraire, surtout lorsqu'il s'agit de lettres, où les questions les plus diverses peuvent être successivement abordées ; aussi le cas échéant une analyse succinte mentionne t-elle les différents sujets.
Les côtes sont classiques : la lettre majuscule donne les grandes divisions par matières comme autant de têtes de Chapitres - Le chiffre "accoté" indique la liasse - le N° l'ordre de la lettre dans cette dernière :
Sous la lettre A, nous avons groupé la correspondance ayant avant tout un intérêt privé :
Lettres de famille - de condoléances - d'affaires personnelles.
Lettres d'amis intimes - Signalons celles d'Octave de BREVILLE, joyeux gentilhomme Normand devenu un ponctuel sous-préfet et celles d'O. BARROT, lui-même, à une mystérieuse inconnue, d'où tout détail personnel a été soigneusement retranché ; mais où les jugements politiques abondent sur la période du 20 janvier 1848 au 10 novembre 1851, si fertile en évènements - Ces lettres sans nom de correspondants ont été recopiées sur les minutes, sans doute, par un Secrétaire, réunies en 13 cahiers et revues par O. BARROT - Elles ont été écrites 1) à une femme (cf. Lettre du 5 mars 1848 : "vous vous montrez un peu plus rassurée sur notre position...", 2) à une Anglaise (cf. Lettre du 27 février 1848 : "... on a fait courir le brait que Londres était en révolution, j'espère pour vous que cette nouvelle est controuvée et que gouvernement sera plus sage que le notre et saura ouvrir des soupapes, pour que la machine ne fasse pas explosion...", 3) Elles sont enfin adressées à l'auteur des "Quelques notes d'explications sur le système actuellement en vigueur en Angleterre pour le soulagement et l'entretien des pauvres", cf. Lettres du 26 et 31 août 1851 qui mentionnent ce document signé "D. KATEPAIENS" - Leur valeur ? - O. BARROT les avoue, mais nous ne possédons pas les originaux ; elles ont été tronquées et recopiées... après les évènements - Pour nous, nous leur donnerions la même valeur que les "Mémoires posthumes" d'O. BARROT. votre
Lettres enfin d'amis et de connaissances politiques et mondaines, étrangères et françaises.
Sous la lettre B. nous avons classé les affaires judiciaires Liasses relativement pauvres - C'est que les dossiers sont restés au cabinet de l'avocat en cours de cassation cédé à Adolphe CREMIEUX. Le demeurant ne peut donner qu'une faible idée du prestige éminent d'O. BARROT avocat et jurisconsulte, affirmé dès 1818 par la révision du procès de Wilfrid REGNAULT et l'affaire des Tentures, consacré par la levée de l'Etat de siège en 1832, la défense de Mademoiselle de MORRELL contre Emile de la RONCIÈRE et des centaines de consultations les plus diverses.
La lettre C, aux nombreuses liasses par contre, groupe toute la correspondance politique de 1815 à 1872 ; rare encore sous la Restauration, e le s'amplifie d'année en année sous la Monarchie de juillet et de la seconde République, avec l'accroissement du rôle d'O. BARROT, devenu chef de parti, puis premier ministre et enfin s'amenuise sous l'Empire et le début de la IIIème République : demi retraite forcée par l'âge et les circonstances. Dans cette correspondance une large place est prise par les questions électorales, candidatures, élections, projet de réforme, dont le couronnement est la campagne des Banquets - on ne s'en étonnera pas - mais après le chef de parti elle nous permet aussi de juger le préfet de la Seine, jeune administrateur encore inexpérimenté, le tacticien parlementaire prudent et toujours loyal, le premier ministre, homme d'Etat assagi...
Nous n'insisterons pas sur la lettre D, grosses liasses des sollicitations, requêtes et demandes, à l'intérêt historique pratiquement nul, sinon pour rappeler que le "mal des places" n'est pas né d'hier. Notons à simple titre de curiosité le nombre insolite de demandes de justices de paix : Il est vrai qu'O. BARROT fut garde des Sceaux.
Sous la lettre E, on trouvera les projets, les réformes proposées, les inventions, où voisinent les élucubrations les plus saugrenues, comme le projet de défense de l'Algérie par un sieur Charles GUYOT et les remarques les plus judicieuses - Notons l'intérêt porté aux chemins de fer par O. BARROT et dès l'abord, alors que d'autres hommes politiques restaient sceptiques sur l'avenir de cette récente invention.
Sous la lettre F, nous avons classé la correspondance, rare à vrai dire, qui concerne les articles, notices et ouvrages d'O. BARROT.
Enfin la lettre G a recueilli quelques trois cents lettres difficiles ou impossibles à faire entrer dans une classification méthodique : elles sont anonymes, illisibles ou plus généralement sans objet précis.
Nous n'avons pas cru devoir reléguer en appendice la publication des inédits. Insérés dans l'inventaire, ils le rendent moins aride, et surtout paraissent ainsi prendre toute leur valeur dans le contexte même - Cette méthode a permis parfois de se borner à de simples citations qui, isolées, auraient perdu de leur sens.
Telle quelle, cette correspondance nous livre toujours l'écho et quelquefois l'origine et l'explication des évènements politiques, grands ou petits, de plus d'un demi siècle.
C'est l'intérêt et la justification de cet inventaire.
Nous ne saurions terminer sans remercier M. BOUILLET de BRANCHE, archiviste départemental de la Haute-Loire, qui nous a initié au classement des Archives avec une amabilité rare et Monsieur le Professeur DUNAN, qui a bien voulu accepter le patronage de ce travail et nous guider dans sa rédaction.
Charles Alméras.
Langogne, Noël 1946.

Cote :

271AP/1-271AP/51

Publication :

Archives nationales
1946-2004

Informations sur le producteur :

Barrot, Odilon (1791-1873)

Localisation physique :

Pierrefitte

Identifiant de l'inventaire d'archives :

FRAN_IR_000709

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